Condoléances - décès de mon ami Ammar NEGADI


Cet Aurèssien que seule la mort a vaincu


Aucun mot, aucun acte ne réussira à nous consoler de la perte de notre ami, cet ami qui méprisait les singeries humaines et les honneurs qui les accompagnent, l’unique mot qu’il aimait et qui lui ressemblait : l’authenticité !Oui, Amar est vaincu mais sa lignée et ses valeurs vivent à travers ses quatre enfants et continueront chez leurs descendants.

Oui, l’Algérie va recevoir, sans trompette, ni clairon l’un de ses meilleurs représentants à l’étranger, cette Algérie du 1er Novembre 1954 pour laquelle il n’a cessé de militer jusqu’à son dernier souffle.
Oui, l’Aurès va accueillir la dépouille de son enfant qui a porté, très haut et pendant des décennies, ses valeurs ancestrales fondamentales, valeurs aujourd’hui disparues et qui avaient pour nom : respect de soi et des autres, honneur et solidarité…
Oui, la France perd un habitant qui savait demeurer fidèle aux messages et mémoires de ses Ancêtres et aussi acquérir le patrimoine du Siècle des Lumières donc de sa devise républicaine : « Liberté, égalité et fraternité », cette devise Amar la pratiquait, quotidiennement, dans sa vie privée autant que dans sa vie publique !
Oui, Amar savait qu’un être cultivé ne pouvait pas tomber sous les griffes de n’importe quel gourou, voilà pourquoi il rêvait de créer une bibliothèque dans les Aurès. Hélas, en ces temps d’inculture, de prostitutions et de corruptions son rêve est demeuré une utopie pour lui et une immense perte pour les Aurèsiens !
Oui, Amar fut un militant au sens noble du terme car qu’importe l’idée, le lieu et l’époque dès que l’opportunisme et la trahison se profilaient à l’horizon Amar se dépêchait de fuir afin de conserver son intégrité morale, les parvenus et les courtisans ne lui inspiraient que du mépris. Celles et ceux qui instrumentalisent les idéaux et les COMBATS des humbles pour obtenir avantages matériels ou postes ministériels lui donnaient la nausée au sens propre comme au sens figuré !
Oui, ce digne héritier du serment du 1er Novembre 1954 savait très vite peser et soupeser « le qui veut quoi, pour qui et pourquoi », nul ne pouvait lui faire confondre intérêts privés et intérêt général, nous, ses amis nous pouvons en témoigner !
Oui, Amar ton départ est une immense perte pour tes deux compères et les visiteurs de ce site mais nous tenterons de continuer notre travail commun ainsi tu seras toujours « le troisième homme » du lieu !


Djemaâ DJOGHLAL.


LE CHANT DES PARTISANS (Chant de la Libération )

Ami, entends-tu
Le vol noir des corbeaux
Sur nos plaines?
Ami, entends-tu
Les cris sourds du pays
Qu'on enchaîne?
Ohé! partisans,
Ouvriers et paysans,
C'est l'alarme!
Ce soir l'ennemi
Connaîtra le prix du sang
Et des larmes!

Montez de la mine,
Descendez des collines,
Camarades!
Sortez de la paille
Les fusils, la mitraille,
Les grenades...
Ohé! les tueurs,
A la balle et au couteau,
Tuez vite!
Ohé! saboteur,
Attention à ton fardeau:
Dynamite!

C'est nous qui brisons
Les barreaux des prisons
Pour nos frères,
La haine à nos trousses
Et la faim qui nous pousse,
La misère...
Il y a des pays
Ou les gens au creux de lits
Font des rêves;
Ici, nous, vois-tu,
Nous on marche et nous on tue,
Nous on crève.

Ici chacun sait
Ce qu'il veut, ce qui'il fait
Quand il passe...
Ami, si tu tombes
Un ami sort de l'ombre
A ta place.
Demain du sang noir
Séchera au grand soleil
Sur les routes.
Sifflez, compagnons,
Dans la nuit la Liberté
Nous écoute...



Aurès - Hommage de toute la région à l’un des siens.

Par : Aureschaouia

La cérémonie de recueillement et d’hommage à Amar NEGADI a eu lieu à la maison de la culture de Merouana en ce jour de 16/12/2008.(16/12/2958)
Un nombre important de militants et de sympathisants de la culture amazighe ont afflué de toutes parts. La salle d’exposition de l’édifice culturel de Meraouna était truffée d’images, d’articles de presse, de documents produits par le défunt – tels ses publications de phytothérapie, prénoms amazighs, histoire-géographie de l’ Aurès ainsi que le premier et non moins célèbre calendrier amazigh datant de 1980 (2930).
Il y avait parmi les visiteurs de nombreux jeunes de Merouana, Tkout, Arris, Bouhmama, Khenchela, Kais,... qui semblaient, pour la plupart d'entre eux, découvrir pour la première fois cet illustre auréssien.
Une conférence-hommage au défunt a été organisée dans la grande salle de l'édifice culturel où l'ouverture de la séance fut donnée par AMAR ALIANE – président de l’association de BELEZMA - l’un des amis du défunt appelant à une minute de silence en hommage à Amar NEGADI – dit Salah - .
S’en suit après, les témoignages de ses amis et de ses compagnons. SACI ABDI, EL-HADI BOURAS, MERDACI, Aissa BRAHIMI, Yacine MERCHICHE, Abderrahmane,…. Tous ont rappelé l’homme, ses valeurs, ses travaux. Bref, son authenticité et son intégrité connues et reconnues au-delà des frontières de Tamazgha. D’autres témoignages fusent en direct par téléphone relié à l’amplificateur vocal. Le chanteur chaoui Amirouche, Slimane, Djemaa DJOGHLAL, Salah LAGHROR l’ont fait depuis Paris.
Les poètes tels DJIMI MAZIGH ont donné de la voix des vers chaouis qui rappellent la voie. Des mots qui ont tonné la puissance de notre belle langue amazighe chaouie. AKSEL, en guerrier, lui a emboité le pas.
L’émotion était à son comble, lorsque, DARRIS et Agnès, enfants du défunt prirent la parole pour dire leur fierté d’entendre et de vivre cet hommage rendu par l’Aurès à Amar NEGADI dans son fief Merouana – MASSYLE LAMASBA -.
La journée s’est achevée par la visite du cimetière où une gerbe de fleurs et un grand cadre portant une photo de Amar NEGADI à Taxlent estampillée de la célèbre phrase – on ne perd que les combats qu’on ne mène pas – ont été déposés.
Le rappel du parcours de militant démocratique de Amar NEGADI était un moment fort de cette journée.
Il a donné lieu à des propositions concrètes. Baptiser la maison de jeunes de Merouana au nom de AMAR NEGADI. Projet à suivre....

Vidéos en hommage au militant auréssien Amar NEGADI..

     


Photos de la journée du 16/12/2958





Hommages et articles de presse suite au décès de AMMAR NEGADI


« La vérité amazigh s’imposera et triomphera dans son pays... »

Interview accordée par Ammar NEGADI à Salim Guettouchi
Paris le, vendredi 15 octobre 2004



Ammar Negadi fut l’un des rares membres Chaouis de l’Académie berbère créée en France 1965. Il est peut-être le premier militant de la cause amazigh originaire des Aurès.
Dans cette région qui venait de sortir à peine d’une révolution meurtrie par sept ans de guerres et de souffrances, l’on ne fit, en ces temps-là, que panser ses blessures et renouer peu à peu avec la paix, reléguant ainsi au second plan tous les autres combats, y compris celui pour l’affirmation identitaire.
La prise de conscience du "fait berbère" au lendemain de l’indépendance y étant, pour ainsi dire, piètrement ressentie et il était hors de question de voir naître une contestation dans les Aurès, une région qui représentait (et représente toujours) la chasse gardée du pouvoir.
Aujourd’hui et malgré les pesanteurs exercées par ce pouvoir, la revendication amazigh y connaît une grande avancée avec, en sus, une cinquantaine d’associations activant dans le domaine de la promotion de la culture berbère. Le travail entrepris alors par tant de militants comme Messaoud Nedjahi, Dihia, Cherif Merzougui, Saci Abdi..., commence à porter ses fruits.
Les Aurès doivent donc beaucoup à ces pionniers notamment au "doyen des militants", en l’occurrence Ammar Negadi qui y a beaucoup ½uvré dans la prise de conscience berbère dans les années 70.


La présente interview, que m’avait accordée ce militant originaire de Bélezma (Merouana) en 1995, ne fut pas malheureusement publiée par " Liberté ", faute d’espace. C’est du moins la raison invoquée à l’époque par la rédaction de ce quotidien qui m’a demandé, en ma qualité de correspondant, d’être concis et de contracter cet entretien pour qu’il soit inséré dans ses colonnes. Ce que j’ai refusé bien entendu, puisque j’ai pensé et je pense toujours que les véritables raisons de cette censure étaient dans les propos de mon interviewé, jugés, semble-t-il, trop offensants par la rédaction.


Pourtant, Ammar Negadi, même s’il s’est montré prolixe dans cet entretien, n’a fait que répondre aux questions posées en défendant - ce qui est de son droit - sans complaisance aucune, son point de vue et ses convictions. Ceci dit, certains passages de cet entretien paraîtraient peut-être anachroniques pour les lecteurs, mais il n’en demeure pas moins que l’analyse de Negadi et son approche de la problématique amazigh sont d’une telle justesse qu’ils sont toujours d’actualité.


On pourrait contester au militant qu’il est, certains principes et autres choix comme sa fougue et sa passion à défendre la graphie des Tifinagh, mais il faut reconnaître à l’homme son capital d’expérience et son sens de lucidité dans l’analyse de certains sujets " brûlots", comme celui de l’identité algérienne qu’il repense et redéfinit sur des fondements objectifs de l’histoire, loin de cet illusionnisme sans bornes et ces calculs politiciens.


En effet, l’identité telle que définie dans la constitution algérienne est purement et typiquement politique. L’amalgame que l’on fait entre « Personnalité » et « Identité » est toujours de mise, y compris chez beaucoup de militants convaincus de la cause amazigh. Mais en fait, au lieu d’analyser les propos de celui qu’on appelait Amar Chaoui, laissons-lui plutôt le soin de faire part directement de ses idées en publiant cette interview inédite.


Question : A quel besoin répondait l’Académie berbère (créée en 1969) dont vous êtes l’un des fondateurs ?


Ammar Negadi : Tout d’abord, je tiens à préciser que l’Académie « berbère » ne fut pas fondée en 1969 mais en 1965. Dénommée initialement « Académie berbère », elle fut créée par des artistes, des intellectuels, des journalistes d’origine kabyle, francophones et francophiles dans leur majorité. Grâce à « l’intrusion », plutôt à l’impulsion de Mohand Arab Bessaoud deviendra l’Académie berbère « Agraw Imazighen » en 1967. Et dès les années 1970, elle se dénommera « Agraw Imazighen », appellation qu’elle conservera jusqu’à sa dissolution dans les années 1978. Si, à l’origine, l’Académie fut un rassemblement d’élitistes coupés des réalités du pays, désireux surtout de se « faire valoir » auprès d’une certaine opinion publique française, elle deviendra avec Mohand Arab Bessaoud une association de plus en plus dynamique, davantage « populaire », c’est-à-dire ouverte aux Imazighen de toutes conditions et origines, bien que les Kabyles y aient été majoritaires (cela aussi est le résultat des conditions socio-historiques de l’émigration algérienne). Néanmoins, l’ouverture au peuple ouvrier, employés, étudiants, enseignants, syndicalistes cafetiers,...etc, était réelle.
Ces « agitateurs » finiront par amener Agraw Imazighen à commettre des actes répréhensibles par la loi (racket) qui le feront dissoudre et Mohand Arab Bessaoud expulsé de France en 1978


Contrairement à ce que l’on raconte, je n’en fus pas l’un des fondateurs. Par contre, je puis affirmer être le premier Chaoui à y adhérer dès 1974. Mes premiers « papiers » furent signés Amar des Aurès pour devenir ensuite Amar Chaoui, pseudonyme qui me restera collé jusqu’à ce jour dans le mouvement amazigh en France. M.A Bessaoud m’avait chaleureusement accueilli et, profitant de l’opportunité, me fera élire secrétaire général au Comité d’Agraw Imazighen de Paris-Région parisienne. C’est à cette époque que j’ai propagé tous les écrits d’Agraw Imazighen dans toutes les daïra des Aurès (grâce aux contacts que j’avais établis dès 1973). Le but n’étant pas d’entretenir une correspondance régulière ni de « diriger » les gens par correspondance ! L’objectif étant de propager et d’essaimer au maximum les Tifinagh, les rudiments culturels et les idées qui sous-tendent le combat amazigh.

Propagation que j’ai poursuivie lorsque j’ai créé l’association Union du Peuple Amazigh en 1978. Plus d’un an plus tard, en 1975, je quitte Agraw Imazighen. Dès lors, bien qu’éloigné de l’association, je demeurais en étroite relation avec d’anciens camarades et suivais de la sorte les activités d’Agraw Imazighen. Mon éloignement d’Agraw Imazighen me fut dicté par les « infiltrations » de tous genres, où chacun menait rumeurs et surenchères.

Ces « agitateurs » finiront par amener Agraw Imazighen à commettre des actes répréhensibles par la loi (racket) qui le feront dissoudre et Mohand Arab Bessaoud expulsé de France en 1978. En réalité MA Bessaoud sera victime d’une machination ourdie par les amicalistes FLN. Quant à votre question : « à quel besoin répondait l’Académie », je dirais que sans remonter à Massinissa..., il y eut de tout temps des mouvements plus ou moins forts, plus ou moins politisés, pour revendiquer l’Amazighité en Afrique du Nord et particulièrement en Algérie.

Pour ce qui de l’Algérie contemporaine, il faut distinguer deux temps forts dans la revendication amazigh : L’une fut exprimée malhabilement certes et fut violemment combattue par le mouvement nationaliste algérien. Cet épisode est connu dans l’histoire sous le nom de la « Crise berbériste » des années 1947/1949.


L’autre est la création de l’Académie berbère et surtout de sa prise en main par M.A.Bessaoud. Cet ancien maquisard de l’ALN mais également du FFS (avec lequel il entre en conflit au sujet de son zaïm Hocine Aït Ahmed). Cet homme se fera connaître par un ouvrage témoignage, passionné et polémiste intitulé « Heureux les martyrs qui n’ont rien vu », qui circulait à Alger et que j’ai lu dès 1964. Le besoin était la lutte contre la négation et l’aliénation de notre identité culturelle. Au colonialisme négateur, oppresseur, arrogant et exploiteur, succéda un nationalisme panarabiste et islamo-baathiste qui, non seulement niera notre identité mais voulait nous faire endosser un autre corps.

Après « nos ancêtres les Gaulois », succéda « nos ancêtres les Arabes ». Alors que nos ancêtres véritables n’étaient ni Phéniciens, ni Romains, pas plus qu’ils n’étaient Gaulois, Arabes ou Turcs. C’était donc une réaction suscitée par un profond sentiment de déni de justice et de falsification historique que correspondait la création de l’Académie.


Q : Les travaux de cette Académie ont été contestés par feu Mouloud MAMMERI, notamment ceux relatifs à la transcription. Quel commentaire faites-vous là-dessus ? Et quel est, selon vous, le meilleur outil graphique qui puisse servir de support à la langue amazigh ?


Ammar Negadi : Mouloud Mammeri, en tant que francophone francisant, mais également amazighophone convaincu et directeur de la chaire berbère à Ben Aknoun (Alger), estimait, de son droit ou de son devoir, que la « résurgence » des Tifinagh, surtout les innovations introduites par l’Académie, n’était pas opportune. Il semblait également reprocher cette lèse-majesté, c’est-à-dire que des gens « incultes » n’avaient ni les compétences ni le droit de promouvoir un alphabet archaïque, inadapté, etc.

Faut-il également rappeler que M.Mammeri était un défenseur zélé des caractères latins ? Enfin, sans oser le proclamer, il reprochait à Agraw Imazighen de trop passionner et surtout de politiser la question amazigh. D’ailleurs cela correspondait parfaitement à son tempérament : timoré, modéré, prudent...Mouloud Mammeri semblait avoir oublier une chose : l’homme sans passion ni conviction est un homme stérile et vaincu d’avance. Selon mon modeste avis, M Mammeri et tous ceux qui combattent ou rejettent les Tifinagh sous divers prétextes, sont aliénés à leur insu et souhaitent (sciemment ou non) la pérennisation d’une influence culturelle étrangère sur Tamazight.
l’affirmation identitaire amazigh a toujours été présentée comme une revendication émanant d’une région sous influence quand ce n’est pas tout simplement une manipulation de l’étranger.

La décolonisation culturelle et intellectuelle reste à accomplir dans nos têtes. Quant à moi, je reste persuadé que les Tifinagh sont le meilleur outil graphique pour exprimer notre langue et culture. Cette écriture constitue une part de notre patrimoine culturel et de notre identité à recouvrer et à défendre. L’usage des Tifinagh, au-delà de l’aspect purement technique, est une question de principe de légitimité historique et de souveraineté linguistique et identitaire, que l’on ne saurait gommer ni occulter. D’ailleurs les tenants des caractères latins comme ceux qui prônent l’utilisation de l’alphabet arabe sont, pour une fois, d’accord et unis dans leur rejet des Tifinagh !

Malgré leur opposition, luttant chacun pour la promotion d’un alphabet étranger mais leur servant de gagne-pain, ils rejettent sous des arguments « scientifiques » et « modernistes », l’usage des Tifinagh ; leur imputant même notre handicap millénaire.


D’autres peuples, d’autres langues, nous ont administré la preuve que des alphabets prétendument inaptes peuvent au contraire se moderniser, s’adapter et constituer le meilleur support (pour mémoire l’Hébreu, etc). D’ailleurs pourquoi irait-on chercher ailleurs ce que l’on a chez soi ? Les Tifinagh existent, cet alphabet est notre création depuis des millénaires, il n’a rien à envier à des écritures qui ne sont que l’adaptation d’un phénicien récent.


Q : Les avis divergent sur les moyens et méthodes à mettre en oeuvre pour introduire Tamazight à l’école. Pensez-vous qu’il soit nécessaire au préalable de mettre en place une Académie de langue amazigh avant d’introduire celle-ci dans le système éducatif ?


Ammar Negadi : La création d’une Académie avant ou après - ce qui est plus logique - ne change en rien au problème. Car, dès à présent, l’essentiel (les rudiments de base : langue, lexique, grammaire, etc) existe pour enseigner Tamazight.


Malgré les différences et les nuances phonétiques ici ou là, d’une région à l’autre, Tamazight peut et doit être enseignée dès à présent en tant que langue nationale. Ce qui serait par contre urgent dès maintenant, c’est la création d’instituts pédagogiques et d’écoles normales nationales pour former des chercheurs, des formateurs et des enseignants. Ce n’est qu’après cela qu’une Académie pourra voir le jour afin de codifier, d’uniformiser, d’officialiser des termes et autres néologismes, etc, de notre langue.

Ce n’est que lorsqu’il y aura suffisamment de chercheurs, de grammairiens, de linguistes, de créateurs, de littéraires, etc, le tout en nombre et en qualité (ce qui est le « terreau » de toute culture qu’une Académie amazigh pourra voir le jour et aura ce sur quoi travailler.


Q : Après une longue léthargie, la prise de conscience identitaire est désormais enclenchée dans les Aurès et le MCA y prend sans cesse de l’ampleur. Que vous inspire cela, vous qui étiez le premier militant, peut-être, dans la région ? Et pourquoi d’après-vous cette longue léthargie ?


Ammar Negadi : L’émergence du mouvement culturel amazigh et la prise de conscience du combat identitaire dans les Aurès ne peut que me réjouir. Je ressens cela comme le couronnement et l’aboutissement de tous ces efforts entrepris depuis plus de vingt ans par tant de militants anonymes, dont je ne fus moi-même qu’un maillon. Au niveau des Aurès, ce que vous appelez « léthargie » s’explique par l’histoire et la sociologie particulières de la région. Le Chaoui est par « essence » d’abord légitimiste, unioniste. Il rejette tout ce qui peut lui paraître diviseur, séparatiste, régionaliste. Il préfère s’effacer, se fondre, que nuire à l’unité. Cela lui jouera souvent des tours, car non seulement il n’en récolte aucun avantage mais il est ensuite rendu responsable de tous les maux que le pays pourra traverser (tel le mythe BTS, etc).

Des balbutiements du mouvement national, en passant par le mouvement des Oulémas jusqu’à Ben Bella, Boumèdiene, Chadli et compagnie, l’affirmation identitaire amazigh a toujours été présentée comme une revendication émanant d’une région sous influence quand ce n’est pas tout simplement une manipulation de l’étranger. Les Chaouis, par soucis de ne pas déplaire et aussi par intime conviction, avaient été sensibles à cette propagande.


Depuis, les Chaouis ont découvert qu’ils étaient les dindons de la force. En réalité, on empêchait leur jonction avec les autres composantes amazighes du pays pour d’une part, maintenir les uns et les autres divisés, séparés, opposés, et d’autre part, les tenir éloignés de cette quête identitaire nationale. Les Chaouis ont fini par comprendre qu’ils ne pouvaient être seulement une chair à canon pour les ambitions des uns et des autres. Payer à chaque fois un lourd tribut et sans aucune contrepartie... On n’en veut plus !


Comprenant qu’ils allaient encore une fois être les victimes de l’histoire, les Chaouis se sont impliqués avec fougue, passion et sincérité. Car il y va de leur survie en tant qu’entité culturelle, historique et civilisationnelle propre. En effet nous estimons que de par notre riche passé, notre patrimoine culturel, nous avons des apports spécifiques et inestimables à apporter à l’édification du mouvement amazigh national.

C’est dur pour l’Algérien, notamment arabophone, de découvrir sa « réalité », de se remettre en cause, lui qui s’était considéré et persuadé d’être Arabe. Lui dont les ancêtres s’étaient forgés de toutes pièces une fausse généalogie arabe

Néanmoins, cette émergence est relativement récente, fragile ; le mouvement culturel dans les Aurès doit rester à l’écart des querelles partisanes ou de chapelles au sein du mouvement amazigh en général. A ce sujet j’ajouterai que le MCA n’a pas de complexe à avoir envers Le MCB. Pas plus qu’il n’a à jouer le rôle de décor, de faire-valoir ou de supplétif quelconque : il doit se comporter en tant que structure libre et indépendante.

Quant au MCB, malgré son antériorité, son expérience, il n’a pas à jouer au « grand frère », ni à donner de leçons ou d’ordres quelconques. Que chacun des mouvements s’organise et s’implante à sa guise. Si les deux mouvements peuvent entreprendre, à égalité, des actions communes c’est tant mieux. Sinon, nul n’a à dicter la conduite de l’autre ni à lui faire des reproches. L’essentiel étant qu’ils ne s’affrontent pas, ne se trompent pas d’adversaires et aillent dans le même but.

Enfin, pour conclure, le MCA ne doit se préoccuper que de son implantation, sa fortification et sa maturation, loin de toute turbulence. Il ne doit songer qu’à s’unir, se renforcer et s’élargir. Car même dans les Aurès, et entre Chaouis, le mouvement culturel amazigh n’est pas à l’abri des « zizanies » et autres querelles de « chefs ».


Q : Aujourd’hui, la revendication amazigh est au centre de la polémique, mais le dénouement de cette question tarde à venir. Pourquoi, selon vous, cet état de fait ?
Ammar Negadi : Bien sûr la question amazigh soulève passion, polémique, refus, etc. Elle ne peut laisser personne indifférent. Demandez à quelqu’un de se regarder en face, en son âme et conscience, il se découvre et réalise enfin tout le refoulement, toute l’amnésie, pratiqués sciemment ou non, pour se nier, se refuser et rejeter cet appel qui vient du fond de son être.

C’est dur pour l’Algérien, notamment arabophone, de découvrir sa « réalité », de se remettre en cause, lui qui s’était considéré et persuadé d’être Arabe. Lui dont les ancêtres s’étaient forgés de toutes pièces une fausse généalogie arabe (lire Ibn Khaldoun à ce sujet) Un « Arabe » sûr de sa supériorité, convaincu d’appartenir à un monde vaste, grandiose, supérieur et qui, subitement, s’aperçoit que tout cela reposait sur du « vent » ; un simple malentendu ; un faux compromis. Bref, une tricherie historique commise par ses aïeux. Imposture et tricherie qui lui convenaient et en lesquelles il se calfeutrait, bercé par les chantres de l’arabo-baâthisme. Cet homme, si heureux dans sa nirvana islamo-baathiste, se réveille et se découvre amazigh mais c’est un terrible choc pour certains ! Aussi, nombreux sont ceux qui veulent continuer à se bercer d’illusions.


Cet homme parfaitement heureux dans son aliénation et son acculturation est subitement bousculé, confronté, apostrophé par des jeunes et rudes montagnards « barbares et incultes », selon ses propres canons, qui lui disent « Imazighen nous étions, nous sommes et le resterons ! Et quel qu’en sera le temps et le prix, la vérité amazigh s’imposera et triomphera dans son pays ; notre pays »

En attendant l’instant de la réconciliation du peuple algérien avec lui-même, c’est-à-dire avec ses origines, son identité, sa culture, des politiciens véreux, des calculateurs et des opportunistes hypocrites traînent la question amazigh dans des méandres (pour ne pas dire des marécages) afin de gagner du temps, de l’argent ou des honneurs. Cette situation profite aux extrémistes de tous poils. De même que les refus des uns alimente le refus des autres et conforte la situation de chacun ; où chacun campe sur des positions inconciliables...
l’Amazighité est la composante de l’identité des Algériens et non pas une composante aux côtés d’autres.

Par exemple, ce boycott de l’école en Kabylie lancé sans en mesurer les conséquences, sans laisser d’issues à quiconque, sinon la surenchère ou la « trahison ». Ce boycott aurait pu être positif, s’il avait adopté une désobéissance civile. A savoir les élèves continueraient à se rendre à l’école mais refuseraient, grâce à des mots d’ordre et des consignes très strictes, toutes matières qui occultent, nient et bafouent notre identité et notre culture ; en même temps ces matières seraient remplacées par l’enseignement de la langue, de l’histoire et de tout ce qui concerne notre combat identitaire et culturel.

Résultat les enseignants auraient continué à enseigner et de justifier de leur salaire, les élèves auraient continué à fréquenter l’école tout en apprenant autre chose et l’Ecole algérienne aurait reçu de la sorte un début de réforme dans ce qu’elle a de plus rédhibitoire et d’aliénant. Quant au pouvoir, fidèle à ses pratiques, a joué sur le pourrissement, la division et les querelles intestines... pour casser le boycott, susciter la colère des parents, des enseignants, des élèves et diviser le mouvement culturel tout en le « désacralisant »...

Et le pouvoir est parvenu à casser la dynamique unitaire du MCB aujourd’hui, au-delà des deux traditionnels MCB à l’image des deux partis kabyles, il y a floraison de structures : CELA, CETO, FPE, etc. (il en est de même en France où l’on ne sait à quel MCB se vouer). Le MCB, profitant du XVème anniversaire du printemps amazigh, devrait faire son analyse et son autocritique et révéler la mainmise partisane exercée par les partis sur le mouvement pour lui faire dire et accomplir ce qu’ils n’ont le courage d’assumer ouvertement.

S’agissant enfin du pouvoir, s’abritant derrière des arguties juridico-constitutionnelles, il invente des définitions telles que l’Amazighité est l’un des fondements de l’identité des Algériens aux côtés de l’Arabité et de l’Islamité, ou que Tamazight langue de tous les Algériens ou langue de l’Algérie. Chacun de ces termes est impropre, pour ne pas dire vicieux, car il recouvre des réalités dangereuses.

l’Amazighité est la composante de l’identité des Algériens et non pas une composante aux côtés d’autres. L’Islamité, l’Arabité ne sont que des apports culturels constituant notre personnalité comme le furent autrefois le Phénicien ou le Romain et comme l’est à certains égards le Français actuellement (surtout dans le futur, il y aura des Algériens qui revendiqueront leur francité !). De même que parler de Tamazight comme langue de tous les Algériens ne lui donne ni caractère de langue nationale ni de langue officielle, car en ce cas elle serait obligatoirement prise en charge par l’Etat et ses institutions. Tandis que dans la définition actuelle, elle appartient certes à tous les Algériens mais l’Etat n’est nullement obligé de l’imposer ni de la prendre en charge. Il en est de même du flou qui entoure la définition, le rôle et les prérogatives de cette commission... ou Haut Conseil National de l’Amazighité (HCA). Le pouvoir lui concède tout au plus un rôle consultatif, autant dire rien...


Les vrais coupables du drame algérien, drame qui ne date pas d’aujourd’hui, sont connus et doivent être traduits en justice : pour payer leurs crimes


Q : L’Algérie, malgré ses richesses, traverse une grave crise multidimensionnelle. Comment expliquez-vous cette situation ?
Ammar Negadi : Cette crise était prévisible, programmée pour ainsi dire, parce qu’elle était inscrite dans les « gènes » du mouvement national. Car l’aile moderniste, progressiste, nationaliste ayant été très tôt soit sacrifiée, soit éliminée ou écartée ; c’est l’aile conservatrice, rétrograde, féodale qui s’est accaparé la révolution pour la dévoyer, en chasser le peuple et faire de l’Algérie une propriété privée entre les mains de clans eux-mêmes au service de chefs de fiefs avides, ignares prêts à se vendre au plus offrant (que les acheteurs soit nationaux ou étrangers leur importent peu).


Le plus préoccupant est non pas : comment en sommes-nous arrivés là, ni comment et quand cela finira-t-il (l’issue est toute proche) ? Le malheur de l’Algérie est d’être justement « riche » avec un peuple que l’on a habitué à l’assistanat et à la paresse (physique et intellectuelle)... et maintenant à l’assassinat d’autres Algériens ! Tout ceci est archi connu.


Ce qui me préoccupe ce sont les séquelles de ce drame. Conséquences économiques et sociales, sanitaires et psychologiques : combien d’hôpitaux et de psychiatres nous faudra-t-il à un peuple schizophrène, traumatisé. Car au-delà des milliers de morts, songeons aux milliers de blessés, de handicapés, de violentés, traumatisés... A ceux qui voudront se venger un jour...A ceux qui ayant perdu toute foi, tout repère, seront de nouveau une proie idéale pour tous prêcheurs en eau trouble... Cela se traduira par des troubles sociaux : révoltes, désobéissance, délinquances, violences, vols, drogue... Le cas du Liban, et d’autres pays ayant vécu notre cauchemar, est là pour nous le rappeler.


Q : dernier mot ?
Ammar Negadi : Les vrais coupables du drame algérien, drame qui ne date pas d’aujourd’hui, sont connus et doivent être traduits en justice : pour payer leurs crimes, et restituer l’argent volé au peuple, Sans quoi nous risquons des soubresauts à chaque génération.



IL ÉTAIT LE CRÉATEUR DU CALENDRIER AMAZIGH
L’enfant terrible de Tmerwanth nous a quittés


 

in : http://www.lexpressiondz.com/article/3/2008-12-11/58654.html

Ammar Achaoui représente et représentera toujours les meilleures valeurs et aspirations d’un amazigh jaloux de sa culture et de son identité.

Mas Ammar Negadi, plus connu sous le nom de Ammar Achaoui nous a quittés à jamais le 2 du mois en cours. Ses obsèques auront lieu aujourd’hui, 11 décembre à Tmerwanth (Merouana) ou par son nom Massyle Lamasba comme il aurait aimé lui même la désigner. Le défunt a vécu avec courage, jusqu’au bout. Il a fait face à la maladie avec une énergie et une dignité qui resteront pour tous un exemple hors du commun. Sa disparition a provoqué en nous une profonde émotion.
Ce militant, originaire de Bélezma (Merouana), était militant de la première heure de la cause amazighe, il fut l’un des rares membres chaouis de l’Académie berbère créée en France en 1965. Il est peut-être le premier militant de la cause amazighe originaire des Aurès. Il a été très actif au sein d’Agraw Imazighène (Académie berbère) durant les années 70 avant de fonder l’Union du peuple amazigh. On lui doit, notamment la création du calendrier amazigh. Homme de conviction, Ammar était connu pour sa droiture et son intransigeance, avec son intelligence, son articulation, son éloquence et sa décence.
Ammar, représente et représentera toujours les meilleures valeurs et aspirations d’un amazigh jaloux de sa culture et de son identité. Sa grande disponibilité et sa faculté d’écoute était reconnues de tous, c’est la noblesse d’un militant convaincu qui s’exprimait au service d’un engagement collectif avec un profond sens de l’intérêt général. Ecouter, servir, aider, accompagner: ses qualités humaines nous manqueront désormais. Elles manqueront à ses concitoyens, elles manqueront plus particulièrement à tous ceux qui sont les plus fragiles dans notre société. Car la disparition n’efface jamais le parcours d’un homme, qui croyait à ses valeurs, à ses convictions.
Très attaché à ses origines, il a été de tous les combats pour la reconnaissance d’une authenticité perdue. En sa qualité de mordu de cette cause, il n’a cessé de dénoncer les dérives sans céder ni aux pressions ni même aux menaces dont il a souvent fait l’objet et à l’occasion desquelles nous lui avons témoigné notre solidarité. Ils seront sûrement tous là, amis et proches, mais aussi ses anciens amis de lutte, lesquels seront présents aujourd’hui, pour lui rendre un ultime au revoir avant son retour vers l’Eternel. Ils s’inclineront devant la mémoire d’un militant courageux et intègre, lequel a entrepris de nombreuses actions pour la revendication de sa culture et de son identité.
Les Amazighs en général et les Aurès, en particulier, doivent donc beaucoup à ce pionnier, qui a beaucoup oeuvré dans la prise de conscience berbère durant des années.
A présent, les souvenirs se bousculent. Ils resteront longtemps présents en ses concitoyens qui l’ont connu. Mas Ammar Negadi, aimait parler et aimait dire. Il n’aimait pas cacher ses sentiments. Cela le rendait peut-être un peu moins médiateur aux yeux de certains. Mais en réalité, sa sincérité et sa simplicité le rendaient, au contraire, très enthousiaste. Mas Ammar s’est battu jusqu’au bout, tout le monde lui reconnaîtra ses paroles d’amitié, ses paroles de confiance, des paroles exprimées dans la douleur et avec l’énergie de la fin du parcours. Du parcours d’un battant.

Idir AMMOUR


Disparition de Ammar Negadi, le doyen du MCA dans les Aurès


in : http://membres.lycos.fr/cercleauressiens/article.php3?id_article=167

jeudi 11 décembre 2008, Salim Guettouchi

Un grand militant s’en va

Ammar Negadi n’est plus. Ce grand militant auressien du mouvement berbère vient, en effet, de s’éteindre en ce mardi 02 décembre à l’âge de 65 ans à Paris où il résidait depuis quelques années.

Ce militant infatigable du mouvement amazigh fut l’un des rares membres chaouis de l’Académie berbère créée en France 1969. Il est considéré par ses pairs comme le doyen des militants du MCA dans les Aurès.

Sa prise de conscience du "fait berbère" remonte, en effet, aux années 1960, époque où l’on ne faisait, dans les Aurès, que panser ses blessures et renouer peu à peu avec la paix après sept ans de guerre et de souffrances, reléguant ainsi au second plan tous les autres combats, y compris celui de la lutte contre la négation identitaire.

Il faut rappeler aussi que sa région constituait à l’époque la chasse gardée du pouvoir et il y était hors de question de voir naître une contestation qui remettrait en cause l’idéologie panarabiste du régime de l’époque.

Ainsi, ne pouvant guère s’accommoder de cette atmosphère faite d’unanimisme politique et de régression culturelle, Negadi choisit l’exil à la recherche d’un cadre propice pour continuer son combat en vue de la reconnaissance de l’identité de son peuple.

Arrivé en France, il adhéra dès 1974 à l’Académie Berbère dirigée à l’époque par l’autre grand militant, en l’occurrence Mohand Arab Bessaoud qui l’avait chaleureusement accueilli en le faisant d’ailleurs élire secrétaire général au comité d’Agraw Imazighen de Paris-Région parisienne.

Ses premiers écrits furent signés Amar des Aurès pour devenir ensuite Amar Chaoui, pseudonyme qui lui restera collé jusqu’à ce jour dans le mouvement amazigh.

La propagation de ces écrits et ses multiples correspondances à l’adresse de ses compatriotes auressiens ont eu un impact positif dans la région puisque elles ont contribué à y essaimer au maximum les tifinagh, sensibiliser les masses et répandre les idées qui sous-tendent le combat amazigh.

En 1975, il quitta l’Académie Berbère suite à une grave crise qui a secoué cette organisation et qui a vu Mohand Arab Bessaoud expulsé de France vers l’Angleterre. Il demeura, néanmoins, en étroite relation avec d’anciens camarades et suivit, de loin, les activités du mouvement qui commençait à prendre de l’ampleur aussi bien en France qu’en Algérie.

Sa rupture avec l’Agraw Imazighen fut dictée par "les infiltrations de tous genres où chacun menait rumeurs et surenchères. Les agitateurs finiront par prendre le dessus en amenant Agraw Imazighen à commettre des actes répréhensibles par la loi (racket) qui le feront dissoudre et Mohand Arab Bessaoud expulsé de France en 1978 ", écrivit-t-il dans ses mémoires.

Pour disculper l’auteur de "Heureux les martyrs qui n’ont rien vu" accusé de complot, Negadi est catégorique dans ses témoignages. "La crise de 1978, souligna-il, qui fera dissoudre l’académie berbère, n’était, en réalité, qu’une machination ourdie par les amicalistes FLN contre Mohand Arab Bessaoud qui dérangeait à l’époque de par son statut d’ancien maquisard et surtout son dévouement irréprochable pour la cause amazighe".

Il est à noter enfin que le rapatriement du corps du défunt aura lieu ce mercredi 10 décembre à l’aéroport international de Batna. Selon les responsables de l’Association culturelle Belezma qui s’affairent à organiser des obsèques à la hauteur du grand militant que fut Ammar Negadi, l’enterrement aura lieu le lendemain, c’est-à-dire jeudi 11 décembre dans sa ville natale Merouana pour permettre aux nombreux militants auressiens, qui afflueront sûrement des quatre coins des Aurès, d’accompagner Dadda Ammar à sa dernière demeure.

Salim Guettouchi