Condoléances - décès de mon ami Ammar NEGADI
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Cet Aurèssien que seule la mort a vaincu Aucun mot, aucun
acte ne réussira à nous consoler de la perte de notre
ami, cet ami qui méprisait les singeries humaines et les honneurs
qui les accompagnent, l’unique mot qu’il aimait et qui
lui ressemblait : l’authenticité !Oui, Amar est vaincu
mais sa lignée et ses valeurs vivent à travers ses quatre
enfants et continueront chez leurs descendants. LE
CHANT DES PARTISANS (Chant de la Libération ) Montez
de la mine, C'est
nous qui brisons Ici
chacun sait |
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Hommages et articles de presse suite au décès de AMMAR NEGADI « La vérité amazigh s’imposera et triomphera dans son pays... » Interview accordée par Ammar NEGADI
à Salim Guettouchi
Propagation que j’ai poursuivie lorsque j’ai créé l’association Union du Peuple Amazigh en 1978. Plus d’un an plus tard, en 1975, je quitte Agraw Imazighen. Dès lors, bien qu’éloigné de l’association, je demeurais en étroite relation avec d’anciens camarades et suivais de la sorte les activités d’Agraw Imazighen. Mon éloignement d’Agraw Imazighen me fut dicté par les « infiltrations » de tous genres, où chacun menait rumeurs et surenchères.
Ces « agitateurs » finiront par amener Agraw Imazighen à commettre des actes répréhensibles par la loi (racket) qui le feront dissoudre et Mohand Arab Bessaoud expulsé de France en 1978. En réalité MA Bessaoud sera victime d’une machination ourdie par les amicalistes FLN. Quant à votre question : « à quel besoin répondait l’Académie », je dirais que sans remonter à Massinissa..., il y eut de tout temps des mouvements plus ou moins forts, plus ou moins politisés, pour revendiquer l’Amazighité en Afrique du Nord et particulièrement en Algérie.
Pour ce qui de l’Algérie contemporaine, il faut distinguer deux temps forts dans la revendication amazigh : L’une fut exprimée malhabilement certes et fut violemment combattue par le mouvement nationaliste algérien. Cet épisode est connu dans l’histoire sous le nom de la « Crise berbériste » des années 1947/1949.
Après « nos ancêtres les Gaulois », succéda « nos ancêtres les Arabes ». Alors que nos ancêtres véritables n’étaient ni Phéniciens, ni Romains, pas plus qu’ils n’étaient Gaulois, Arabes ou Turcs. C’était donc une réaction suscitée par un profond sentiment de déni de justice et de falsification historique que correspondait la création de l’Académie.
Faut-il
également rappeler que M.Mammeri était un défenseur
zélé des caractères latins ? Enfin, sans oser le
proclamer, il reprochait à Agraw Imazighen de trop passionner
et surtout de politiser la question amazigh. D’ailleurs cela correspondait
parfaitement à son tempérament : timoré, modéré,
prudent...Mouloud Mammeri semblait avoir oublier une chose : l’homme
sans passion ni conviction est un homme stérile et vaincu d’avance.
Selon mon modeste avis, M Mammeri et tous ceux qui combattent ou rejettent
les Tifinagh sous divers prétextes, sont aliénés
à leur insu et souhaitent (sciemment ou non) la pérennisation
d’une influence culturelle étrangère sur Tamazight.
La décolonisation culturelle et intellectuelle reste à accomplir dans nos têtes. Quant à moi, je reste persuadé que les Tifinagh sont le meilleur outil graphique pour exprimer notre langue et culture. Cette écriture constitue une part de notre patrimoine culturel et de notre identité à recouvrer et à défendre. L’usage des Tifinagh, au-delà de l’aspect purement technique, est une question de principe de légitimité historique et de souveraineté linguistique et identitaire, que l’on ne saurait gommer ni occulter. D’ailleurs les tenants des caractères latins comme ceux qui prônent l’utilisation de l’alphabet arabe sont, pour une fois, d’accord et unis dans leur rejet des Tifinagh !
Malgré leur opposition, luttant chacun pour la promotion d’un alphabet étranger mais leur servant de gagne-pain, ils rejettent sous des arguments « scientifiques » et « modernistes », l’usage des Tifinagh ; leur imputant même notre handicap millénaire.
Ce n’est que lorsqu’il y aura suffisamment de chercheurs, de grammairiens, de linguistes, de créateurs, de littéraires, etc, le tout en nombre et en qualité (ce qui est le « terreau » de toute culture qu’une Académie amazigh pourra voir le jour et aura ce sur quoi travailler.
Des balbutiements du mouvement national, en passant par le mouvement des Oulémas jusqu’à Ben Bella, Boumèdiene, Chadli et compagnie, l’affirmation identitaire amazigh a toujours été présentée comme une revendication émanant d’une région sous influence quand ce n’est pas tout simplement une manipulation de l’étranger. Les Chaouis, par soucis de ne pas déplaire et aussi par intime conviction, avaient été sensibles à cette propagande.
C’est dur pour l’Algérien, notamment arabophone, de découvrir sa « réalité », de se remettre en cause, lui qui s’était considéré et persuadé d’être Arabe. Lui dont les ancêtres s’étaient forgés de toutes pièces une fausse généalogie arabe
Néanmoins, cette émergence est relativement récente, fragile ; le mouvement culturel dans les Aurès doit rester à l’écart des querelles partisanes ou de chapelles au sein du mouvement amazigh en général. A ce sujet j’ajouterai que le MCA n’a pas de complexe à avoir envers Le MCB. Pas plus qu’il n’a à jouer le rôle de décor, de faire-valoir ou de supplétif quelconque : il doit se comporter en tant que structure libre et indépendante.
Quant au MCB, malgré son antériorité, son expérience, il n’a pas à jouer au « grand frère », ni à donner de leçons ou d’ordres quelconques. Que chacun des mouvements s’organise et s’implante à sa guise. Si les deux mouvements peuvent entreprendre, à égalité, des actions communes c’est tant mieux. Sinon, nul n’a à dicter la conduite de l’autre ni à lui faire des reproches. L’essentiel étant qu’ils ne s’affrontent pas, ne se trompent pas d’adversaires et aillent dans le même but.
Enfin, pour conclure, le MCA ne doit se préoccuper que de son implantation, sa fortification et sa maturation, loin de toute turbulence. Il ne doit songer qu’à s’unir, se renforcer et s’élargir. Car même dans les Aurès, et entre Chaouis, le mouvement culturel amazigh n’est pas à l’abri des « zizanies » et autres querelles de « chefs ».
C’est dur pour l’Algérien, notamment arabophone, de découvrir sa « réalité », de se remettre en cause, lui qui s’était considéré et persuadé d’être Arabe. Lui dont les ancêtres s’étaient forgés de toutes pièces une fausse généalogie arabe (lire Ibn Khaldoun à ce sujet) Un « Arabe » sûr de sa supériorité, convaincu d’appartenir à un monde vaste, grandiose, supérieur et qui, subitement, s’aperçoit que tout cela reposait sur du « vent » ; un simple malentendu ; un faux compromis. Bref, une tricherie historique commise par ses aïeux. Imposture et tricherie qui lui convenaient et en lesquelles il se calfeutrait, bercé par les chantres de l’arabo-baâthisme. Cet homme, si heureux dans sa nirvana islamo-baathiste, se réveille et se découvre amazigh mais c’est un terrible choc pour certains ! Aussi, nombreux sont ceux qui veulent continuer à se bercer d’illusions.
En
attendant l’instant de la réconciliation du peuple algérien
avec lui-même, c’est-à-dire avec ses origines, son identité,
sa culture, des politiciens véreux, des calculateurs et des opportunistes
hypocrites traînent la question amazigh dans des méandres
(pour ne pas dire des marécages) afin de gagner du temps, de
l’argent ou des honneurs. Cette situation profite aux extrémistes
de tous poils. De même que les refus des uns alimente le refus
des autres et conforte la situation de chacun ; où chacun campe
sur des positions inconciliables...
Par exemple, ce boycott de l’école en Kabylie lancé sans en mesurer les conséquences, sans laisser d’issues à quiconque, sinon la surenchère ou la « trahison ». Ce boycott aurait pu être positif, s’il avait adopté une désobéissance civile. A savoir les élèves continueraient à se rendre à l’école mais refuseraient, grâce à des mots d’ordre et des consignes très strictes, toutes matières qui occultent, nient et bafouent notre identité et notre culture ; en même temps ces matières seraient remplacées par l’enseignement de la langue, de l’histoire et de tout ce qui concerne notre combat identitaire et culturel.
Résultat les enseignants auraient continué à enseigner et de justifier de leur salaire, les élèves auraient continué à fréquenter l’école tout en apprenant autre chose et l’Ecole algérienne aurait reçu de la sorte un début de réforme dans ce qu’elle a de plus rédhibitoire et d’aliénant. Quant au pouvoir, fidèle à ses pratiques, a joué sur le pourrissement, la division et les querelles intestines... pour casser le boycott, susciter la colère des parents, des enseignants, des élèves et diviser le mouvement culturel tout en le « désacralisant »...
Et le pouvoir est parvenu à casser la dynamique unitaire du MCB aujourd’hui, au-delà des deux traditionnels MCB à l’image des deux partis kabyles, il y a floraison de structures : CELA, CETO, FPE, etc. (il en est de même en France où l’on ne sait à quel MCB se vouer). Le MCB, profitant du XVème anniversaire du printemps amazigh, devrait faire son analyse et son autocritique et révéler la mainmise partisane exercée par les partis sur le mouvement pour lui faire dire et accomplir ce qu’ils n’ont le courage d’assumer ouvertement.
S’agissant enfin du pouvoir, s’abritant derrière des arguties juridico-constitutionnelles, il invente des définitions telles que l’Amazighité est l’un des fondements de l’identité des Algériens aux côtés de l’Arabité et de l’Islamité, ou que Tamazight langue de tous les Algériens ou langue de l’Algérie. Chacun de ces termes est impropre, pour ne pas dire vicieux, car il recouvre des réalités dangereuses.
l’Amazighité est la composante de l’identité des Algériens et non pas une composante aux côtés d’autres. L’Islamité, l’Arabité ne sont que des apports culturels constituant notre personnalité comme le furent autrefois le Phénicien ou le Romain et comme l’est à certains égards le Français actuellement (surtout dans le futur, il y aura des Algériens qui revendiqueront leur francité !). De même que parler de Tamazight comme langue de tous les Algériens ne lui donne ni caractère de langue nationale ni de langue officielle, car en ce cas elle serait obligatoirement prise en charge par l’Etat et ses institutions. Tandis que dans la définition actuelle, elle appartient certes à tous les Algériens mais l’Etat n’est nullement obligé de l’imposer ni de la prendre en charge. Il en est de même du flou qui entoure la définition, le rôle et les prérogatives de cette commission... ou Haut Conseil National de l’Amazighité (HCA). Le pouvoir lui concède tout au plus un rôle consultatif, autant dire rien...
IL ÉTAIT LE CRÉATEUR DU CALENDRIER AMAZIGH L’enfant terrible de Tmerwanth nous a quittés
in : http://www.lexpressiondz.com/article/3/2008-12-11/58654.html Ammar Achaoui représente et représentera toujours les meilleures valeurs et aspirations d’un amazigh jaloux de sa culture et de son identité. Mas Ammar Negadi, plus connu sous le nom de Ammar Achaoui nous a
quittés à jamais le 2 du mois en cours. Ses obsèques
auront lieu aujourd’hui, 11 décembre à Tmerwanth
(Merouana) ou par son nom Massyle Lamasba comme il aurait aimé
lui même la désigner. Le défunt a vécu
avec courage, jusqu’au bout. Il a fait face à la maladie
avec une énergie et une dignité qui resteront pour tous
un exemple hors du commun. Sa disparition a provoqué en nous
une profonde émotion. Disparition
de Ammar Negadi, le doyen du MCA dans les Aurès
jeudi 11 décembre 2008, Salim Guettouchi Un grand militant s’en va Ammar Negadi n’est plus. Ce grand militant auressien du mouvement berbère vient, en effet, de s’éteindre en ce mardi 02 décembre à l’âge de 65 ans à Paris où il résidait depuis quelques années. Ce militant infatigable du mouvement amazigh fut l’un des rares membres chaouis de l’Académie berbère créée en France 1969. Il est considéré par ses pairs comme le doyen des militants du MCA dans les Aurès. Sa prise de conscience du "fait berbère" remonte, en effet, aux années 1960, époque où l’on ne faisait, dans les Aurès, que panser ses blessures et renouer peu à peu avec la paix après sept ans de guerre et de souffrances, reléguant ainsi au second plan tous les autres combats, y compris celui de la lutte contre la négation identitaire. Il faut rappeler aussi que sa région constituait à l’époque la chasse gardée du pouvoir et il y était hors de question de voir naître une contestation qui remettrait en cause l’idéologie panarabiste du régime de l’époque. Ainsi, ne pouvant guère s’accommoder de cette atmosphère faite d’unanimisme politique et de régression culturelle, Negadi choisit l’exil à la recherche d’un cadre propice pour continuer son combat en vue de la reconnaissance de l’identité de son peuple. Arrivé en France, il adhéra dès 1974 à l’Académie Berbère dirigée à l’époque par l’autre grand militant, en l’occurrence Mohand Arab Bessaoud qui l’avait chaleureusement accueilli en le faisant d’ailleurs élire secrétaire général au comité d’Agraw Imazighen de Paris-Région parisienne. Ses premiers écrits furent signés Amar des Aurès pour devenir ensuite Amar Chaoui, pseudonyme qui lui restera collé jusqu’à ce jour dans le mouvement amazigh. La propagation de ces écrits et ses multiples correspondances à l’adresse de ses compatriotes auressiens ont eu un impact positif dans la région puisque elles ont contribué à y essaimer au maximum les tifinagh, sensibiliser les masses et répandre les idées qui sous-tendent le combat amazigh. En 1975, il quitta l’Académie Berbère suite à une grave crise qui a secoué cette organisation et qui a vu Mohand Arab Bessaoud expulsé de France vers l’Angleterre. Il demeura, néanmoins, en étroite relation avec d’anciens camarades et suivit, de loin, les activités du mouvement qui commençait à prendre de l’ampleur aussi bien en France qu’en Algérie. Sa rupture avec l’Agraw Imazighen fut dictée par "les infiltrations de tous genres où chacun menait rumeurs et surenchères. Les agitateurs finiront par prendre le dessus en amenant Agraw Imazighen à commettre des actes répréhensibles par la loi (racket) qui le feront dissoudre et Mohand Arab Bessaoud expulsé de France en 1978 ", écrivit-t-il dans ses mémoires. Pour disculper l’auteur de "Heureux les martyrs qui n’ont rien vu" accusé de complot, Negadi est catégorique dans ses témoignages. "La crise de 1978, souligna-il, qui fera dissoudre l’académie berbère, n’était, en réalité, qu’une machination ourdie par les amicalistes FLN contre Mohand Arab Bessaoud qui dérangeait à l’époque de par son statut d’ancien maquisard et surtout son dévouement irréprochable pour la cause amazighe". Il est à noter enfin que le rapatriement du corps du défunt aura lieu ce mercredi 10 décembre à l’aéroport international de Batna. Selon les responsables de l’Association culturelle Belezma qui s’affairent à organiser des obsèques à la hauteur du grand militant que fut Ammar Negadi, l’enterrement aura lieu le lendemain, c’est-à-dire jeudi 11 décembre dans sa ville natale Merouana pour permettre aux nombreux militants auressiens, qui afflueront sûrement des quatre coins des Aurès, d’accompagner Dadda Ammar à sa dernière demeure. Salim Guettouchi |