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Par : Ammar NEGADI
L'Aurès, habité dès la nuit des temps et, à partir du néolithique, par une population de type capsien (du nom de Gafsa, là où ce type physique fut localisé pour la première fois; comme on dit de l'Atérien ou Levalloisien, etc.).
L'Aurès recèle des restes humains de type capsien du djebel Fortass (nord d'Aïn M'lila) au djebel Refaa (monts du Belezma), mais également dans différents endroits reconnaissables aux amas, des sortes de collines faites de coquillages, notamment d'escargots, que l'on appelle en arabe " ramadhiates " (cendrières) et escargotières en français. Ces habitations préhistoriques se trouvent en grandes quantités en dur dans les plaines, lacustres dans les régions des lacs et troglodytes dans les grottes et falaises (d'où le mot : Afri - Ifri- Ifren, qui a donné Africa. Nom qui sera donné par les Romains au nord tunisien puis étendu ensuite à tout le continent).
Le type capsien, qui s'étendra d'Est en Ouest à travers toute l'Afrique du nord, en suivant les hautes plaines et l'Atlas saharien, est reconnaissable à ses traits fins, sa haute stature, à son crâne dolychocéphale (visage et tête allongés). Il sera souvent distingué par les anthropologues de son compatriote l'Ibéro-maurusien, lui, qui aurait de tout temps habité grosso modo l'Atlas Tellien et reconnaissable à certains traits physiques : brachycéphale, c'est-à-dire face large ou ronde, taille moyenne ou petite, costaud, râblais.
Dans les vastes et riches plaines
du Nord, de N'gaous (Nicivus) à Baghaï, l'Aurès fut le berceau
de la célèbre dynastie des Massyles. Comme il fut la région
qui constituera le noyau de la future Numidie. Enfin, celui qui donnera naissance
au grand Agellid Massinissa.
Et pour témoigner de leur origine et marquer leur attachement à
cette région, les Massyles élèveront un tombeau royal au
IIIè siècle avant notre ère. C'est le fameux Imedghassen,
entre Aïn Yagout et El Madher au nord de Batna. Monument qui sera le génie
propre de la population locale. Comme ils élèveront un monument
à Massinissa à El Khroub. Il est à noter que ce même
genre de construction (Imedghassen) se trouvera renouvelé au IIè
siècle avant notre ère à Tipasa. Rappelons que ce type
de sépulture persistera bien au-delà, jusqu'au VIe siècle
de notre ère, avec les Djeddars des environs de Tiaret ou le mausolée
de Tin Hinan découvert dans le Hoggar au XIXè s
Tel que défini l'Aurès restera indépendant jusqu'au 2è siècle ap. J.C. Il ne subira l'influence phénicienne qu'au travers de quelques apports religieux et économiques, transmis par l'élite autochtone. Rappelons que le mot " chaoui " n'existait pas encore. Ce sont les Arabes qui, à la vue d'immense troupeaux de moutons et à la transhumance de certaines tribus, leur donneront ce nom à partir du XIè siècle. Mais, pour une plus simple commodité, nous emploierons ce mot chaoui malgré sa connotation péjorative.
Bien sûr, les Chaouis (donc!) aideront non seulement Massinissa à chasser les Phéniciens et à constituer un empire amazigh de Tripoli à la Moulouya. Mais également Yughurthen qui y trouvera refuge et renfort lorsqu'il se soulèvera contre la trop forte présence romaine (-112 / -105). De même qu'ils se rebelleront en l'an 6 contre Juba II (roi amazigh jugé trop inféodé aux Romains), comme ils appuieront la révolte des Musulames menée par Tacfarinas (+17 / +24) contre l'empereur Tibère...
En somme, les Chaouis quand ce n'est pas pour eux-mêmes, c'est par alliance ou par patriotisme qu'ils sont constamment amenés à lutter pour l'indépendance du pays.
Aussi, pour les contenir et les empêcher d'envahir les grandes cités du Nord, l'empereur Trajan, décide de les ceinturer dans leurs montagnes. Dès l'année 100 ap. J.C., la IIIè légion Augusta, parti de Theveste (Tebessa), conquière Bagai (Baghaï), Mascula (Khenchela) et se base une première fois à Thamugadi (Timgad) et quelques années plus tard à Lambæsis (Tazult). Cette ceinturation se poursuivra au IIè siècle, avec une autre légion romaine, la VIè Ferrata, qui traversera l'Aurès du Nord au Sud, notamment par la construction de la route de Thighanimine et la construction du pont d'El Kantara.
Enfin une autre ligne de fortifications partira toujours de Theveste plongera vers le Sud pour aboutir à Taberdga, Ad-Badias (Badis) Ad-Majores (Henchir Besseriani) et Vescera (Biskra). Ces places-fortes, ces postes avancés et autres remparts, constitueront le limes romain qui enserra les Aurès au Nord et au Sud et deviendra une sorte de " frontière " qui va d'est en ouest pour se perdre en Oranie.
Cette " pax romana " durera environ trois siècles au cours desquels l'Aurès ne fut ni totalement dominé ni outrageusement exploité comme certains ont voulu nous en persuader. Au contraire, il semblerait que non seulement les Chaouis aient gardé une certaine autonomie et que d'autres part, en participant comme troupes auxiliaires menés par leurs chefs ou comme légionnaires, ils aient maintenues ou participés à l'embellissement des villes existantes ou à celles qu'ils avaient créées, et que, de la sorte, ils aient contribué à la sédentarisation des populations semi-nomades de la région et par là-même à la propagation d'une certaine latinisation de l'élite locale. Rappelons pour mémoire que Timgad à son apogée compta une bibliothèque abritant dix milles volumes...
Mais cette paix, sommes toutes relative, cette apparente prospérité n'empêche pas les Chaouis de participer à des révoltes s'ils ne les suscitent pas eux-mêmes comme on l'a dit plus haut.
C'est ainsi que :
Arrêté, Optat de Timgad (à ne pas confondre avec l'autre Optat de Milev qui était acquis à l'Eglise de Rome) mourut en prison ; il fut honoré comme un martyr.
Jusque-là nous avons cité le mouvement religieux donatiste sans en donner d'explications. Le mouvement donatiste est un mouvement religieux, schismatique au sein de l'église chrétienne d'Afrique du Nord. En effet, certains évêques nord-africains, mécontents de la présence romaine, déçus de la corruption et de la collusion de l'Eglise officielle avec l'Empire, entrèrent donc en dissidence. Le fondateur de ce mouvement fut Donat, évêque de Baghaï (dont il était originaire), d'où le nom de donatisme donné à ce mouvement.
En même temps que le mécontentement d'une église autochtone, populaire et nationaliste, se développait un autre mécontentement social cette fois-ci, qui débouchera sur une jacquerie paysanne. En effet, à partir du IVè siècle, des paysans exploités et sans terre se révoltèrent et se mirent à envahir les riches domaines des Romains ou des Imazighen romanisés. Ce mouvement appelé la révolte des Circoncellions (c'est-à-dire " ceux qui rôdent autour des cellier " ) connut une vive répression entre 346 et 348. C'est ainsi que cette révolution paysanne va trouver un allié de poids dans le mouvement donatiste. Les donatistes, à l'instar des paysans, se rebellent contre l'autorité impériale et papale. Menés par Donat dès 311/14, les donatistes exigeaient une séparation de l'Eglise d'avec l'Empereur d'une part et l'autonomie de l'Eglise nord-africaine par rapport à l'Eglise de Rome d'autre part.
Vêtu d'une simple robe de laine, menant une vie pauvre et sobre, Donat, né à Baghaï comme on l'a dit, mena un rude combat contre l'Eglise romaine qu'il accusait de tous les maux. Quarante ans durant et jusqu'à sa mort en 355, il parcourra la Numidie et l'Aurès en particulier pour prêcher, former, organiser à la fois la résistance à la domination romaine mais également à la constitution d'une église authentiquement africaine.
Aidés par les Circoncellions, les donatistes combattent Optat, évêque conservateur de Milev (Mila, 315/386). Ils mettront à sac Baghaï qui, dès lors, sera la citadelle des donatistes et de tous les nationalistes insurgés. Le 12 février 405, le donatisme est assimilé à une hérésie et mis hors-la-loi, grâce à l'appui sans réserve de Saint Augustin, évêque d'Hippone 364/430 (que les donatistes qualifiaient de traître). En 420, sommé de quitter son église, Gaudentius, évêque donatiste de Timgad et opposant à Saint Augustin, menaça de s'immoler par le feu que d'abandonner sa basilique.
Profitant de ces contestations religieuses, économiques, paysannes, les Chaouis vont renforcer leur autonomie déjà grande et ériger des principautés plus ou moins vastes et importantes, dirigées par de rois dès le milieu du Vè siècle. On peut dire que dès ce moment-là, l'empire romain s'en allait à veau l'eau.
Sur ces entrefaites, c'est-à-dire
la révolte sociale (les Circoncellions), la révolte religieuse
(les donatiste) et autonomie de nombreuses régions, vient se greffer
l'invasion vandale en 435 qui va porter le coup fatal à la présence
romaine en Afrique du Nord.
Mais, tant que les Vandales s'attaqueront à l'Eglise officielle romaine
et à la présence romaine, les Chaouis ne bougeront pas et ne lèveront
pas le petit doigt. Aussi le jour où les Vandales prétendirent
imposer leur domination à l'Aurès, ils trouveront face à
eux une révolte généralisée qui durera de 477 à
484 (sept ans) et qui s'achèvera par leur élimination de notre
pays et la libération des villes de Baghaï, Khenchela, Meskiana,
Tebessa...
Après être parvenus, grâce à l'aide des Numides, à chasser les Vandales, les Byzantins se retournèrent contre les Aurès. Solomon, général grec, après avoir vaincu Cutzinas, chef des Numides de Byzacène (Tunisie centrale, vers Kairouan) et s'en être fait son allié, se retourna contre Iabdas, roi de l'Aurès oriental.
Un mot sur les Byzantins : les Byzantins, sont originaires de Grèce qui, après la déchéance de Rome, vont " succéder " à l'empire romain en Afrique. Cependant moins bien organisés politiquement et militairement, ils ne s'imposeront jamais en Afrique du Nord et ne laisseront que peu de traces : ils seront souvent assimiler à des Romains dans l'esprit de la population locale qui ne voit dans tous ça que des " Roums ".
Ainsi très au fait des rivalités et querelles locales, Solomon ne s'engagea contre l'Aurès qu'en ayant au préalable obtenu la neutralité de Masuna, roi de la Maurétanie sétifienne (les Kutamas actuels) et d'Ortaïas, roi de l'Aurès occidental. Parvenu près de Baghaï, il campa ses troupes dans une vaste plaine. Iabdas, plutôt que de le combattre, préféra noyer son camp en ouvrant les digues de barrages situés vers Khenchela. Solomon, vaincu, dut s'en retourner à Carthage en 535.
En parlant de digues, nous avions évoqué la dernière fois tous les ouvrages hydrauliques entrepris par nos ancêtres pour garder l'eau, la conduire, l'entretenir pour éviter l'érosion, etc. Tous ces travaux de grande envergure nécessitaient moyens humains et financiers mais également volonté délibérée et collective pour des uvres d'une telle ampleur. Hélas tous ces travaux seront abandonnés puis réduits à néant à partir du XIè siècle avec l'arrivée des Arabes Hilaliens, réduisant nos montagnes à des sierras mexicaines.
En 539, Solomon entreprend une seconde campagne contre l'Aurès. Il campa au bord de la rivière Abigas, Amigas selon d'autres (oued Bou Roughal, d'autres disent qu'il s'agirait d'Oued Taga, Oued Abdi ?) et l'affrontement eut lieu à Babosis, au sud de Baghaï (vers Taouziant?), Iabdas est vaincu. Les Byzantins razzièrent récolte et cheptel vers Timgad et poursuivirent Iabdas jusqu'à sa forteresse de Zerbula, sans pouvoir y pénétrer. Solomon parviendra cependant, à force d'acharnement, de corruption et après maints affrontements par saisir les biens du roi Iabdas entreposés à Toumar, laissés à la garde de vieillards, puis à Geminianus (Djemina).
Cependant la présence byzantine, contrairement à la domination romaine, n'est ni systématique, ni nombreuse ni aussi bien ordonnée. Peu à peu les Byzantins vont se cantonner dans les grandes villes du nord tunisien et de quelques villes importantes à l'intérieur et du littoral et, parallèlement à cela, ils occuperont certains postes névralgiques du limes romain, ainsi ils continueront à percevoir impôts et denrées à l'entrée des marchés. Pour le reste, le pays, comme à l'accoutumé, est livré à lui-même. Ainsi, comme on l'a déjà mentionné, des royaumes et des principautés amazighs se constituèrent, parfois alliés, parfois opposés aux Byzantins.
De ce point de vue une remarque s'impose : tous les envahisseurs eurent, à quelques nuances près, le même comportement : ils occupaient les principaux points névralgiques du pays : axes de communications et grandes villes importantes, se contentant de percevoir un impôt et négligeant totalement le reste du pays qui, lui, continuera à vivre en complète liberté (ou anarchie selon les uns).
C'est ainsi que l'Aurès occidental jusqu'au Hodna eut pour roi Mastias, lequel en 476, se proclama impérator, c'est-à-dire empereur des Numides et des Romains (entendez par là Byzantins et élites amazigh romanisées). A Mastias, qui régna quarante ans, succéda Ortaïas. C'est dans ce même Aurès Occidental que régnera plus tard Serkedid auquel succédera Koceila. Quant à l'Aurès oriental, nous avons vu que Iabdas, régna à peu près à la même époque que ses cousins Mastias et Ortaïas.
Une précision s'impose : Aurès oriental ou Aurès occidental ne sont qu'une commodité linguistique pour désigner une région qui fut pendant plus de deux siècles sous le commandement d'une même tribu. La royauté passant des Zénètes aux Louatas et vice-versa. De ces deux grandes confédérations sont issues les Musulames, les Gétules, les Aoureba, les Djéraoua, les Bavares (ou Babar), etc.
Enfin, il est à noter que lors des grandes batailles où participent les grands chefs amazighs, une idole de pierre, représentant un taureau, et désignant le dieu Gurzil, dieu de la guerre, est menée à la tête des troupes. Cette pratique signalée dès le IVè sera remarquée par les Arabes lors de leurs affrontements contre la Kahina et jusqu'au XIè siècles où El Bekri rapporte ceci : ils (les Imazighen) offrent encore des sacrifices à une idole de pierre nommée Gurza.
Après le court siècle
(en fait 80 ans) vandale auquel succéda un bon siècle byzantin,
les deux " dominations " n'auront que très peu marquée
l'Afrique du Nord en général et l'Aurès en particulier.
Au contraire, avec recul et bien plus tard, ce sont les cultures romaines et
phéniciennes qui, dépassionnées, pénétreront,
plus profondément dans le pays en s'intégrant ou en influençant
la culture amazigh. Ceci semblant se faire sans complexe...
Comme si la culture amazigh, enfin libre et souveraine, sans contraintes ni
menaces, assimilait en conscience et en connaissance de cause des notions qu'elle
jugeait utiles à son épanouissement et à son ouverture
sur l'universel.
L'Afrique du Nord, et les Aurès
en particulier, hors quelques villes du littoral, est totalement autonome et,
avec des fortunes diverses, poursuit une lente voie vers son indépendance
politique et économique. On pourrait affirmer que nos ancêtres
n'avaient aucune crainte des Byzantins, ce serait même par calcul qu'ils
toléraient leur présence en certains endroits. En effet, pas plus
au VIè siècle de notre ère qu'au temps des Carthaginois,
y compris au temps de la splendeur de Massinissa, nos ancêtres n'avaient
su équiper, forger, maintenir une véritable marine aussi bien
marchande que militaire. Notre absence de la mer, et la maîtrise de celle-ci
par des puissances étrangères, nous obligèrent toujours
à recourir à autrui, et à en dépendre également
pour nos échanges commerciaux.
En conclusion : une puissance " coloniale " byzantine déclinante,
des Etats souverains en voie de constitution, des régions immenses échappant
à tout contrôle, parfois quelques querelles entre roitelets locaux...
Sur ces entrefaites arrivent les Musulmans en 647. C'est la première
incursion de ces adversaires nouveaux venus de l'Orient. Après un bref
affrontement en Byzacène, à Sufetula (Sbeïtla) en Tunisie,
les Musulmans repartent avec un important butin.
En 660/663, nouvelle attaque des Musulmans contre la Byzacène et victoire de ces derniers à Hadrumète qui se replient cependant avec leur butin sur leur base arrière de Libye. De nouveau les Arabes repartent. Mais, à partir de 670, avec la fondation de Kairouan par Ocba Ibn Nafi, les Musulmans ne se contenteront plus de faire de brèves incursions-razzias. Ils vont se fixer à demeure et, grâce à cette base qui leur servira de point d'appui, ils vont entreprendre leur future conquête.
Dans sa soif de gloire et de pouvoir, mais également par avidité et par haine pour tout ce qui n'est pas arabe, Ocba, que l'on peut qualifier de précurseur des Bugeaud, Saint Arnaud et autres conquérants coloniaux de triste mémoire, va se déchaîner contre la Numidie et les Numides qui lui résistent. Et par sa tyrannie et sa cruauté, il commettra tellement d'atrocités et d'injustices qu'il sera rappelé en Orient. Hélas pour l'Afrique du Nord, il reviendra quelques années plus tard et entreprendra sa soi-disant chevauchée glorieuse qui l'aurait menée jusqu'à l'Atlantique, ce que des historiens réputés contestent : l'Atlantique de Ocba, ne serait qu'un port méditerranéen de l'Oranie...
S'étant frotté pour la première fois aux Chaouis et essuyant un échec à Baghaï, Ocba évitera les grandes places fortes des Aurès telles que Khenchela, Lambèse, etc., et se lancera par les grandes plaines vers l'Ouest. En tout état de cause, il traînera enchaînés derrière lui Koceila, roi amazigh de l'Aurès occidental et de la Maurétanie césarienne et Al Mohadjer, l'ex-gouverneur musulman, qui s'était montré modéré, juste et très correct envers ces nouveaux Musulmans, ces nouveaux convertis Byzantins et Numides.
A son retour, à Thubunae (Tobna vers Barika), Ocba divise ses troupes en deux, les plus nombreuses et les plus chargées en butins sont envoyées à l'Est en contournant les Aurès par le Nord, et lui-même, avec une faible troupe se dirige vers le Sud. Entre temps Koceila, qui a pu s'évader à l'approche des Aurès, organise la résistance et tua Ocba en 683 à la sortie de l'Oued el Abiod, au lieu-dit Tahouda, à cinq kilomètres de ce qui deviendra plus tard la ville de " Sidi Ocba ".
Dès lors Koceïla gouverna sagement la Numidie, sans persécution ni injustice envers les rares Arabes musulmans restés en Tunisie. Malheureusement Koceila est vaincu par de nouvelles troupes venues de l'Orient menées par Zohaïr Ibn Qaïs lors de la rencontre à Mems (près de Kairouan) en 686.
Après la mort de Koceïla
en 686, les Musulmans vont affermir leurs positions en Tunisie. Et, à
Zohaïr Ibn Qaïs, va succéder Hassan Ibn No'man el-Ghassani
comme gouverneur. Ce dernier cherche à étendre la domination arabe
et décide de se porter contre la Numidie orientale. Parallèlement
à cela, dans les Aurès, " la Kahina " succède
à Koceïla. La rencontre entre Arabes et Imazighen a lieu au Nord-Est
de l'Aurès. Les Awrasiens, auxquels se rallient quelques troupes byzantines,
rescapées à la déroute de leurs chefs, sont menés
par leur reine Dihya, surnommée la Kahina, les Arabes sont battus et
pourchassés jusqu'en Libye.
Réfugié en Libye, Hassan reçoit des renforts d'Orient en
695 grâce auxquels il reprend sa marche à l'Ouest et, en 698, il
reprend Carthage. Pendant ce temps-là, voyant que les Arabes n'étaient
attirés que par les richesses du pays, la Kahina va mener cinq ans durant
une stratégie de la " terre brûlée ", qui, selon
elle enlèverait tout mobile au retour des Arabes. Malheureusement cette
politique dure, répressive, destructrice, va lui aliéner les populations
urbaines, citadines, laborieuses qui n'approuvent pas cette " mentalité
" nihiliste, propre aux nomades et semi-nomades.
En 702, La Kahina vole au secours de Tabarka (en Tunisie). Elle sera vaincue et poursuivi par les troupes arabes, musulmanes et tous ces nouveaux ralliés qui n'approuvaient pas toujours sa méthode. Une nouvelle rencontre eut lieu sur les bords de la Meskiana. Vaincue, la Kahina mourra en un endroit qui dès lors portera son nom " Bir el-Kahina ". Sa tête sera envoyée en trophée au Khalif.
A propos de la Kahina, il fut tant et tant écrit sur elle que l'on ne sait démêler le vrai du faux et du légendaire... On ne sait rien de son mari, ni par quels moyens elle accéda au pouvoir. Pas plus que l'on ne connaît son âge exact, sans parler de l'attitude ambiguë adoptée par elle envers Khaled Ibn Yazid, de la tribu des Qaïs... ce jeune Arabe qu'elle épargna et qu'elle " adopta ".
La Kahina, de son vrai nom Damya, selon les uns, Dihya, selon les autres, fille de Mellag selon les uns, de Tabet, fils d'Enfak selon d'autres, était la reine des Djeraoua, tribu chaouie de confession juive... selon Ibn Khaldoun. Son surnom de Kahina (prophétesse - devineresse) lui fut donné par les Arabes parce qu'elle avait le don de " deviner " ou de " prédire " l'avenir.
Il est à remarquer que des femmes " devineresses " ou " prophétesses " ont toujours existé dans la tradition amazigh. Pour mémoire : la mère à Massinissa, la mère à Saint Augustin (Muni selon les uns ou Monna selon d'autres, d'où Sainte Monique), Zineb l'épouse de Yusuf Ibn Tachfin, le fondateur de la dynastie almoravide, plusieurs autres princesses de cette même dynastie, la soeur d'Ibn Tumert, le fondateur de la dynastie almohade, etc. De nos jours encore, certaines vieilles personnes pratiquent l'incubation, c'est-à-dire qu'elles dorment sur la tombe d'un ancêtre qui leur apparaît dans leurs rêves, leur transmet un message qu'elles interprètent ensuite.
Enfin, dans la plus pure tradition de l'élite amazigh, la Kahina avant de succomber aurait conseillée à ses trois fils de se convertir à l'Islam. Seul moyen, selon elle, pour que le pouvoir resta aux mains de la même tribu, et dans la même famille...
En 705, Moussa ibn Noçaïr succède à Hassan Ibn No'man. Ce dernier laissa l'Aurès au pouvoir des fils de la Kahina et enrôla le reste des troupes amazighs avec Tarik à leur tête. Il partit à la conquête du Maroc jusqu'au Sous mais échoua devant Ceuta (Sebta). Tarik resta dans le Rif marocain et, en 711, avec 12 000 guerriers amazighs, accompagnés d'une poignée de tolbas musulmans, pour leur inculquer les rudiments de l'Islam, il franchit le détroit, qui dès lors portera son nom Djebel Tarik - " Gibraltar ", et défit les armées Wisigoths en Espagne.
La conquête de l'Espagne fut l'oeuvre des seules troupes amazighs, les Arabes n'en récoltèrent pas moins la gloire et le prestige ensuite. L'on raconte que Moussa prétendit qu'il fut le conquérant de l'Espagne et fera tout pour nuire à Tarik et l'humilier devant le khalif d'Orient. Tarik demandera à laver son honneur et, lorsque Moussa remettra la " table de Salomon ", paraît-il un chef d'oeuvre de table à douze pieds en or et en pierres précieuses, prise aux Wisigoths et à laquelle manquait un pied.
Tarik demanda où était le douzième pied manquant, Moussa prétendit qu'il le perdit au cours d'une bataille, à ce moment Tarik exhiba le douzième pied et fit le récit de toute l'histoire y compris les vexations et les brimades auxquelles le soumis Moussa.
Le Khalif aurait destitué Moussa, mais par contre l'histoire ne nous apprend plus rien sur Tarik. Fut-il exilé, assassiné ? On ne sait.
En résumé, avec la fin de la " Kahina ", et la conquête de l'Espagne, les Musulmans orientaux vont profiter de l'accalmie pour placer les leurs à tous les échelons du pouvoir, aussi bien en Afrique du Nord qu'en Espagne, les troupes amazigh de Tarik vont être placées aux marges de l'empire, sur des pitons rocheux ou des régions sauvages, pauvres et incultes (à peuple frugale - région frugale).
Les Imazighen serviront de remparts
et de sentinelles de l'empire musulman face à la menace des chrétiens
et pour permettre que des émirs Moyen-Orientaux puissent se prélasser
dans la douce Andalousie, où les grandes plaines riches et les centres
urbains seront répartis entre les émirs venus de Syrie et d'Arabie.
En jetant successivement les yeux sur des cartes de différents pays, on ne tarde pas à remarquer que chaque région possède un type particulier de noms géographiques : c'est un phonétique spéciale, un ensemble de caractères communs, un rythme, qui les rendent facilement reconnaissables et leur donnent pour ainsi dire à tous un air de famille. Bien peu de ces noms s'offrent à notre esprit avec une signification; ce sont à proprement parler des noms propres, qui ne représentent rien en dehors de la localité particulièrement désignée. Cependant on ne peut nier qu'ils n'aient, au point de vue linguistique, une importance quelquefois très grande. Emanations directes d'un peuple, d'une race, ils en représentent intimement le génie au même titre que la langue elle-même, et souvent avec certains caractères archaïques que celle-ci a perdus. Toujours en voie de transformation, sujette de mille influences venant du dehors, la langue peut varier, dans une période relativement courte, de façon considérable, et cela sans que la race se soit sensiblement modifiée. Les noms géographiques, sans doute, changent eux aussi; mais on ne peut nier cependant qu'ils n'aient une fixité bien plus grande. Ce sont de véritables témoins du passé qui nous représentent un état de la langue plus ou moins ancien.
Il est d'autres circonstances où ils deviennent plus précieux encore. A la suite de certaines invasions, le peuple conquis peut être réduit ou absorbé, sa langue disparaître ou tomber dans l'oubli : or le conquérant n'apporte généralement dans les lieux où il s'établit qu'un petit nombre de dénominations nouvelles; la grande masse des désignations anciennes subsiste, plus ou moins modifiée, pour s'adapter au génie des vainqueurs, et les radicaux de la langue primitive, dont ils sont quelquefois les seuls documents, ne tardent pas à se révéler aux yeux de l'observateur. Il n'en est pas ainsi quand une dénomination artificielle est imposée par ordre de l'autorité, comme on le voit journellement en Algérie où, sous l'empire d'un sentiment plus patriotique qu'éclairé, les noms de Richelieu, Pasteur, Fort Lallemand et combien d'autres, ont été substitués à ceux beaucoup plus africains de Ghumerian , Seriana et Hassi Belh'eiran. Mais il faut avouer qu'on trouve peu d'exemples de semblables transformations dans l'histoire. Telle n'était pas, notamment, la coutume des Romains, à part de très rares exceptions : Constantine, par exemple substitué à Cirta, ou encore l'épithète Caesarea adjointe à Yol. La désignation des localités n'est jamais affaire de mode ni d'arbitraire.
Nul doute qu'à l'origine les noms propres aient tous eu leur signification. Robinson arrivant dans une île qu'il ne connaît pas ne saurait en désigner les différentes parties que par des noms communs, rappelant le plus souvent une particularité locale. Or il arrive chez les peuples primitifs qu'à la suite d'un usage continuel, le sens des noms géographiques tend à perdre tous ses caractères généraux et communs pour se particulariser de plus en plus, s'identifier pour ainsi dire avec l'objet spécial et unique que ces noms déterminent, en dehors duquel ils ne représentent bientôt plus rien. Comme nous l'avons remarqué ci-dessus, ils acquièrent une fixité plus grande, et l'idiome national changeant par la suite, le souvenir de leur sens primitif finit quelquefois par se perdre complètement.
Sans doute, il est fort difficile de déterminer actuellement quelle a été la signification première de la plupart de nos termes géographiques, tels que Nièvre, Alpes, Garonne, etc. Nous avons affaire ici à tant d'idiomes superposés qui ont tellement varié dans le cours des siècles, que la critique la plus rigoureuse, à défaut d'autre guide, serait impuissante à découvrir la vérité. Mais il n'en est pas de même pour les langues sémitiques et en particulier, chose bizarre, pour les idiomes vulgaires. Ceux-ci n'ont point subi d'évolutions analogues à celles de nos langues européennes si précises et si perfectionnées. Ils ont traversés les siècles sans éprouver les atteintes du temps, immuables comme les populations qui les parlent, et sont encore aujourd'hui dans leurs parties essentielles tels que nous les montrent les plus anciens documents laissés par l'antiquité. C'est ainsi que l'historien sémitiques a pu dire sans exagération qu'un sémite du temps d'Abraham mis en présence d'un bédouin de nos jours pourrait se faire comprendre de lui, le fond du langage étant resté le même.
Ce qui est vrai de l'arabe l'est aussi du berbère. Entre les dialectes des Zenaga, descendants des nomades Sanhadjiens et ceux des montagnards de la Kabylie; entre le chelh'a du Sous et le Chaouïa de l'Aurès, il y a moins de différences qu'entre le français et l'espagnol, par exemple, qui sont toutes deux des langues latines de formation récente; ou, si l'on veut, infiniment moins qu'entre le patois picard et le provençal. Du Nil à l'Océan, c'est une même grammaire; un même vocabulaire : les lois de la phonétique et les permutations de consonnes étant rigoureusement déterminées, on peut d'un dialecte à l'autre sans secousse, par une série de transitions insensibles. Or, comme nous sommes en présence de populations qui, depuis des milliers d'années, ont eu peu de point de rapports entre elles et n'ont pu exercer aucune influence les unes sur les autres, il faut en conclure : ou bien que la langue est restée la même depuis une assez haute antiquité, ou bien que ces idiomes ayant changé, ils ont évolué d'une manière parallèle. Cette seconde hypothèse est difficile à admettre pour une aussi grande étendue de pays, présentant des contrastes frappant dans la configuration du sol, et des conditions climatologiques si diverses. Nous en concluons donc que le berbère, comme l'arabe vulgaire, -deux langues qui ne s'écrivent pas,- a subi peu de modifications dans le cours des siècles. Nous faisons abstraction, bien entendu, de l'influence exercée sur lui par l'islamisme dans les temps modernes.
Ces préliminaires admis, il est évident qu'une étude attentive des noms géographiques de l'Afrique du Nord doit conduire à quelques résultats. Sans doute, tout n'est pas explicable, et bien des termes resteront obscurs. Et puis le champ de l'hypothèse est si vaste et les erreurs étymologiques sont quelquefois si vraisemblables, qu'il est bien difficile de les éviter entièrement. Nous n'avons pas ici l'intention de mener à bien un pareil travail, mais simplement d'en tracer une rapide esquisse en ce qui concerne la région de l'Aurès qu'il nous a été donné de parcourir pendant deux années. Cette région a été jusqu'ici peu étudiée, sans doute en raison de son éloignement et de la difficulté des communications. C'est cependant une des plus intéressantes de l'Afrique du Nord, tant par les souvenirs historiques dont elle pleine, que par le caractère nettement berbère de ses habitants et de la langue en usage.
Nous constatons, à
la première inspection de la carte, que les noms français n'ont
pas encore fait leur apparition. Les quelques vocables qui aient acquis une
certaine notoriété dans notre langue tels que Batna, Khenchela,
Biskra, ne sont que la reproduction exacte de vocables indigènes. nous
nous trouvons donc en présence d'une masse de noms bien africains, dont
il s'agit de rechercher l'origine.
Un petit nombre sont purement arabes et facilement reconnaissables. Ainsi :
El-Kantara (le pont) ; Djebel Ah'mar Khaddou (la montagne -a- sa joue rouge);
Beni Bou Slimane (les fils d'Abou Slimane); El Oued el-Abiodh (la rivière
blanche); etc. Cette langue est assez connue pour qu'il nous soit inutile d'insister.
Il faut se garder de confondre avec ces noms ceux qui affectent une forme arabe,
mais sans nous présenter de sens intelligible et sans pouvoir se rattacher
à aucun radical arabe connu. Tels sont Biskra, Ghasira, Medrona, etc.
Cette apparence arabe, le plus souvent simplement caractérisée
par un t final, masque une forme plus ancienne et véritablement indigène,
que les habitants du pays n'emploient qu'entre eux, réservant l'autre
pour les étrangers, Arabes ou Européens. C'est ainsi que Biskra
correspond chez eux à Biskert; Medrona à Hamdrount. On voit par
ces exemples que le t arabe représente la caractéristique berbère
& / th du féminin. Cependant il n'en est pas toujours ainsi : Ghasira
correspond à Ighasiren.
D'autres fois, et c'est le cas le plus fréquent, un mot arabe est accolé
à un vocable étranger. Ainsi Aïn Tamellalt, Djebel Bou Ighial,
Theniet Tisiouanin, etc. Quelquefois les deux noms, arabe et indigène,
ne sont que la traduction l'un de l'autre, comme dans Oued Souf, Djebel Taourirt.
On trouve même sur nos cartes de triples superpositions d'un même
sens : source d'Aïn Thala.
Tel est, sommairement exposé, le contingent fourni par la langue arabe
à la toponymie locale.
Ce contingent peut paraître considérable : il l'est moins cependant qu'on pourrait le croire. Chaque fois qu'ils s'adressent à des étrangers, les indigènes s'efforcent de caser dans leurs discours le plus grand nombre de mots arabes possible. Croyant ainsi nous être agréables en nous rendant leurs paroles plus facilement intelligibles. Lorsqu'ils s'agit de toponymie, il leur arrive même fréquemment de traduire d'une manière complète le vocable indigène en un ou plusieurs mots arabes correspondants : c'est ainsi que Souf Amellal devient l'Oued El-Abiodh. D'où une dualité dans un grand nombre de désignations locales; d'où encore ce fait, que la carte peut nous paraître surchargée de dénominations arabes, alors qu'à côté et indépendamment de cette toponymie il en existe une autre : c'est celle que nous avons l'intention d'étudier ici. Son caractère berbère est indiscutable et, le plus souvent ne laisse prise à aucun doute. Ce sont bien les mêmes noms que l'on retrouve en Kabylie, dans l'Ouarsenis, au Maroc, dans le Touat et le Sahara central, jusque sur les bords du Niger et jusqu'aux rives du Nil. Quels sont les principaux caractères de cette toponymie ?
En berbère, comme en arabe, les noms de lieu sont du genre féminin. Cette forme est caractérisée :
Au singulier, par l'addition d'un th - & (ou t - t ) au commencement ou à la fin du mot, souvent à l'un et à l'autre. Ex. Thaderr'alt -&aderualt-, village de la fraction de R'asira; Aïn Taber'a, source de l'Ahmar Khaddou; Djebel Tafrent, montagne de l'Ahmar Khaddou, du Dj. Chechar, etc.
Au pluriel, par le ti (ti) ou thi (&i) et la terminaison in (in). Ex. Theniet Thizouggar'in - &niyet &izuga$in (col Bi Bou Slimane); Djebel Thir'ardin - adrar &i$ardin (Dj. Chechar); H'akliath en tir'animin - haqlia& n ti$animin (village de Ouled Daoud - Aith daoud); Djebel Bou Telar'min - Jbel bu tela$min, montagne de Oued Abdi, etc.
Nous ne voulons pas multiplier les exemples, qu'on trouve en assez grand nombre ci-après, dans notre vocabulaire. Mais il importe de remarquer que telle est la caractéristique générale des noms de lieu berbères, le critérium qui permettre, trois fois sur quatre, de les reconnaître. Voyons maintenant quelle est la limite de cette règle et quelles sont les exceptions.
Notons pour terminer que certains noms présentent les caractéristiques du féminin berbère, alors qu'eux-mêmes sont étrangers, le plus souvent arabes. Le contact des deux langues est si intime depuis des siècles, qu'il s'est produit une sorte de pénétration réciproque; et, de même que les radicaux berbères ont revêtu une forme arabe, on trouve des mots purement arabes encadrés dans les désinences du berbère. Ex.: Takroumt, village de Oued Abdi, berbérisation de l'arabe krouma " la nuque " ; Thizi n tmesloukht " le col de l'écorchée ", en arabe lmesloukh ; Tifert'asin, pluriel féminin berbère de l'arabe fertass " chauve ", etc.
Nous devons reconnaître qu'il y a un assez grand nombre de noms locaux qui n'entrent dans aucune des catégories ci-dessus énumérées et n'offrent en berbère aucune signification plausible. Il faut en conclure qu'ils se rattachent à un radical dont la signification s'est perdue, ou qu'ils ont subi eux-mêmes des modifications assez importantes pour rendre leur origine difficile à reconnaître. mais on est en droit de se demander également s'ils ne proviennent pas d'une langue étrangère au berbère, s'ils ne représentent pas les vestiges d'une toponymie antérieure à la toponymie actuelle. Cette question nous amène naturellement à traiter des noms géographiques de l'antiquité qui sont parvenus jusqu'à nous.
Nous avons déjà dit plus haut que les Latins n'avaient implanté dans l'Afrique du Nord qu'un nombre relativement restreint de termes géographiques. Dans la grande majorité des cas, ils se sont contentés de latiniser des noms préexistants.
Quels pouvaient être
ces noms? Les Carthaginois possédant de nombreux comptoirs sur le littoral
et dans la Tunisie actuelle, il est possible, probable même qu'un certain
nombre soient d'origine punique. Gesenius a donné ainsi un nombre considérable
d'étymologies tirées de la langue phénicienne . Hâtons-nous
d'ajouter que très peu, d'ailleurs , sont acceptables. Et puis l'occupation
carthaginoise a été restreinte à quelques points du littoral
et à une bande de terre en Tunisie qui est devenue ensuite la province
romaine de l'Afrique propre. Il est donc peu probable que des points situés
assez avant dans l'intérieur aient jamais porté un nom punique.
Il est vrai que la langue phénicienne était fort répandue
dans le pays, où elle a progressé même sous la domination
romaine. Les nombreuses stèles puniques découvertes dans ces dernières
années en sont un éclatant témoignage; mais nous doutons
fort que cette langue soit jamais arrivée jusqu'à l'Aurès,
j'entends à être parlée et comprise du peuple, comme il
est nécessaire pour qu'elle ait pu former une toponymie.
En règle générale, ce n'est donc pas dans la langue punique
que nous chercherons l'étymologie des anciens noms géographiques.
A priori, nous sommes en droit de supposer que ces noms sont berbères,
puisque la race berbère couvrait l'Afrique du Nord depuis les temps les
plus reculés de l'histoire; et comme, d'autre part, nous avons des raisons
de croire que la langue berbère a varié relativement peu depuis
l'antiquité, il importe de rechercher si les règles rapidement
esquissées ci-dessus peuvent se vérifier sur les noms qui ont
été légués par les auteurs anciens ou les inscriptions.
Or nous ne tardons pas à reconnaître qu'un grand nombre de ces noms présentent la caractéristique du féminin berbère : Thagaste, Thala, Thapsus, Tingis " Tanger ", Thysdrus " El Djem ", Tacape, Thamugadi, Tipaza, et combien d'autres . Une particularité qui se présente dans un certain nombre de dialectes berbères de ,nos jours consiste à substituer dans certains cas au th initial une légère aspiration ; on a même voulu y voir un signe d'usure propre à des dialectes en voie de décomposition. Or le même fait se produisait dès l'antiquité, puisque nous voyons exister concurremment les formes Tacape et Cape, Tamazaco et Mazaco, Thelepte et Leptis, de même que de nos jours on dit Hizougar'in pour Thizougar'in.
Quelquefois même le nom actuel n'est autre que le nom berbère antique arabisé par la terminaison en t. Ex. : Tebessa qui correspond à l'antique Theveste, mot qui devait se prononcer Thebbest .
Le pluriel en en (en), in (in), semble plus rare. On peut le voir dans le noms des îles Kerkinna, dans Katennae 'Tenès "; mais il est probable que ces deux noms sont d'origine phénicienne. Cependant on retrouve bien le pluriel berbère dans le nom des Causini, en grec Kansini, peuple de la Maurétanie tingitane que Ptolémée place entre les Salinses et les Bakouates; dans celui des Biliani, tribu de la Maurétanie césarienne, et dans beaucoup d'autres ethniques. Enfin tous les noms en aï, eï, tels que Bar'aï, Thabudeï , sont des pluriels infidèlement transcrits dans la langue des vainqueurs. Quelquefois le nom antique nous révèle la véritable prononciation berbère que le sauteurs arabes nous ont transmise altérée. C'est ainsi qu'une inscription découverte au col de Fdoulès et publiée par la Société archéologique de Constantine nous donne le nom de Ucutaman gens; il s'agit évidemment de la grande tribu berbère des Ketama d'Ibn Khaldoun, dont le vrai nom devait être : Ikutamen.
Nous avons noté parmi les exceptions à la règle du féminin les noms à déterminaison -ou. Cette finale a également existé dans l'antiquité, où nous la retrouvons dans Simittu (Chemtou), Chulllu (Collo), etc. De même qu'elle s'applique actuellement à des mots d'origine arabe, comme Aqbou, elle paraît s'être ajoutée, dans l'antiquité, à des vocables d'origine phénicienne comme Rusucurru (Dellys).
Telles sont les remarques générales qu'ils nous est donné de faire sur la toponymie ancienne. Il en ressort la confirmation éclatante du fait que nous avons énoncé plus haut , à savoir que cette toponymie est berbère, presque exclusivement berbère. Le temps nous manque pour entreprendre maintenant une étude détaillée des noms que l'antiquité nous a laissés; d'ailleurs une pareille étude n'ajouterait rien aux résultats généraux indiqués ci-dessus et aboutirait, les trois quarts du temps, à des étymologies hasardeuses. M. Vivien de Saint-Martin a déjà une série d'identifications de noms modernes avec les désignations anciennes, identifications pour la plupart très ingénieuses.
En ce qui concerne
l'Aurès dans l'antiquité, nous possédons très peu
de renseignements, et un très petit nombre de désignation anciennes
sont parvenues jusqu'à nous. Les indigènes ont dû subir
une certaine empreinte latine dont ils n'ont pas absolument perdu le souvenir
; mais la véritable colonisation romaine s'arrêtait à cette
ligne de villes et de postes bordaient la plaine de Lambèse à
Khenchela. Le gros massif de l'Aurès, comme celui de la Kabylie, est
resté en dehors du mouvement qui romanisait l'Afrique. C'est ce qui explique
pourquoi les noms antiques qui ont pu être reconstitués sont si
peu nombreux. En voici les principaux :
- Lambessa (Lambèse). on a beaucoup discuté sur le sens de ce
préfixe Lam- que l'on retrouve dans un si grand nombre de noms topiques
. La signification n'en est pas encore déterminée d'une façon
certaine. Quant au b, que l'on retrouve dans lambdia, Lambafudi, nous croyons
qu'il provient tout simplement d'un redoublement de l'm. Il est possible que
la véritable prononciation du mot ait été Thalemmast -
&alemast. Chaouïa alemmas " le milieu " (?).
- Thamugadi - &amugadi. Faut-il rattacher ce mot à la racine ougged
" craindre ". Thamugadi serait alors une sorte de " pays de la
peur "?
- Baghaï ou Bar'aï
- ba$ay. Ce mot est évidemment le pluriel de taber'a " ronce ",
très usité actuellement dans l'Aurès, où l'on trouve
une source qui porte de nom d'Aïn Tarber'a. Le pluriel est thibr'aïn
- &ibrain .
- Zerboulè, Toumer, Petra Geminiana, toutes localités de l'Aurès
oriental, ont fait l'objet d'une étude approfondie de M. le commandant
Rinn , qui a cherché avec assez de sagacité à les identifier
à des localités actuelles correspondantes.
- Biscera, actuellement Biskra. Le nom berbère Biskhert - bisxert nous
paraît représenter avec assez d'exactitude la prononciation du
nom ancien ainsi que le prouve l'adjectif Vesceritanus qui en est tiré.
Ptolémée dit Oueskether, par métathèse du th et
de l'r.
- Ad Badias, actuellement Bades - Bades.
B = b
BaBaR, Ras Babar,
montagne. Foum Babar, col (Ouled Rechaïch -Aith Rechaich-, cercle de Khenchela).
Babar, nom d'homme .
taBaBouCHt. Ikhf n Tebaboucht - ixf n tbaboct ou Ras Tababoucht, montagne
(Ahmar Khaddou).
tiBouDJeRin, village (Ahmar Khaddou). Féminin pluriel de la racine
oudjer " être grand, surpasser ". Le b, est ici venu s'intercaler
entre les deux voyelles i et ou, cette dernière étant toujours
prononcée avec une certaine emphase, et sert ainsi à en adoucir
l'hiatus. A la racine oudjer (ouger), il faut peut-être rattacher l'étymologie
du mot Touggourt, qui signifierait ainsi " la plus grande ".
BouDeR, nom de lieu (Ahmar Khaddou).
BeRDJaS. Hizi m Berdjas - hizi m berjas (col Beni Bou Slimane). Berdjas,
ancien nom d'homme (?) au dire des indigènes.
BeRDouN, montagne (Beni B. Slimane). aberd'un - aberun, village (Oued
Abdi).
BiRaZ, rivière (Ahmar Khaddou). La racine BRZ se retrouve dans
le nom des Braz, tribu près de Miliana.
BeRSeN, Hit'm Bersen - hip m bersen, source (oued Abdi).
BaRiKa, montagne (Ahmad Khaddou). Racine BRK " être noir "
(?). Barika est aussi le nom d'un grand village du Hodna, chef-lieu d'annexe
de la subdivision de Batna.
ouBeZZa, Hit'Oubezza - hi£ Obeza, source, rivière (Djebel
Chechar). Bezza, nom d'homme, encore usité chez les Chaouïa. Ce
vocable existe comme nom d'homme chez les Touareg, mais le z s'est changé
en l'explosive correspondante d : Bedda.
BeZZaZ, montagne (Beni Oudjana, commune mixte de Khenchela). Cette racine
se rattache peut-être à la précédente.
taBâLiT, village (R'asira). Féminin singulier de la racine arabe
baâla, qui sert à désigner un endroit uniquement arrosé
par l'eau des pluies, et non irrigable.
thaBeR'a, Hit' n thaber'a - hi£ n &abe ua, source (Ahmar Khaddou).
Le mot Thaber'a sert à désigner diverses variétés
de ronces, ar. Aïn Taber'a " la source des ronces ".
aBeLKHouKH, rivière (Ahmar Khaddou).
aBeL'ouCHen, nom de lieu (Oued Abdi). Pluriel de Abelk'ouch - abelxoc
" moucheron ".
touBouNT, montagne (Dj. Chechar) , Tebbount.
taBeNT'ouT, village (Ouled Daoud- Aith Daoud). Nom de lieu (Ahmar Khaddou).
teBOUIa Ahmed, village (Djebel Chechar).
TH = &
aTHLeTH, village
(Oued Abdi).
aTHeLTHen, nom de lieu (Beni Bou Slimane), peut-être le pluriel
du précédent?
DJ = j
DJeBRouNt, montagne,
rivière (Ouled Fedda - Aith Fedda).
taDJeRa, village (Ouled daoud- Aith daoud). Source (Dj. Chechar). Racine
DJR (jr) ou ZR (µr), Azrou " rocher " (?). Ou encore oudjer
" être élevé, surpasser ".
tiDJeRouin, nom de lieu (Beni Bou Slimane). pluriel féminin du
précédent.
DJeRMaN, nom de lieu (Ouled Daoud - Aith Daoud).
taDJeRNit, rivière (Beni Bou Slimane).
taDJeRMouNt, village (Ahmad Khaddou, " le mamelon ", -ce vocable
sert à désigner un grand nombre de noms de lieux disséminés
sur tout le territoire de l'Algérie: Tadjemount, kçar près
d'Aïn Mahdi (dép. d'Alger)- Taguemount El-Djedid, chez les Aït
Sedk'a, en Kabylie, etc.
DJeMiNa, village (Ahmar Khaddou). La guelaâ de Djemina, perchée
sur un roc à pic de 120 mètres de hauteur, est une des plus curieuses
de l'Aurèes. M. le commandant Rinn y voit la Petra Geminiana dont parle
Procope, dans son récit de l'expédition du général
Salomon à travers l'Aurès . Le vocable Djemina ne serait alors
qu'une altération du latin Geminiana. Bien que cette supposition n'ait
rien d'invraisemblable a priori, nous pensons pour notre part que Djemina est
une dérivation arabe de la même racine berbère que le mot
précédent Tadjemount. Peut-être les Romains ont-ils tiré
leur Geminiana d'un nom berbère analogue, toujours dérivé
de la racine DJMN (jmn).
H' = h
tiH'aMMaMin, sources (Beni oudjana), " les sources tièdes ". Pluriel féminin berbère de l'arabe 'Hammam '. il existe également sur la route de Guelma à Soukahras un village dit Aïn Tahamimin.
KH = x
KHaBit, montagne,
source (Beni Oudjana). Ar. Khabia " cuve " -Ad'rar n tkhabit "
la montagne de la cuve ".
IKHeLouFen, nom de lieu (Ahmar Khaddou). pluriel singulier akhelif "
le chêne vert ", Quercus ilex (Cupulifères). Ar. kerouch.
thala m ouKHliF (Dj. Chechar) " la mare du chêne vert (voir
le mot précédent). Le mot thala, qui dans d'autres dialectes signifie
source, a en chaouïa le sens de " mare ". Source se dit exclusivement
Hit' (hi£) " oeil ", pl. Hit't'aouin (hi£awin ).
D = d
tiDDaRth, rivière
(Beni Bou Slimane). Altération de l'arabe dar " la maison "
: Souf n tiddarth (sof n tidar&) " la rivière de la maison ".
iDiR (Oulad), village (Ghasira). Idir, nom d'homme en berbère.
la racine de ce nom propre paraît être la même que celle de
edder " vivre ". (Chaouïa, Oued Ghir, Ouargla, Tamacheck', Beni
Mzab, Ouarsenis, etc.). Il existe des Ouled Idir dans différentes régions
de l'Afrique du Nord, notamment dans le caïdats des Zlass, contrôle
civil de Kairouan. Ce même mot a servi à former le nom du dieu
antique Baal Iddir, le Baliddir de l'époque romaine, que l'on peut aussi
traduire par : " le dieu vivant ". -De même le nom du cap Rusaddir,
dans la Maurétanie Tingitane.
DeLTen, Theniet Bou (Ahmar Khaddou).
aDeLS, montagne (Oued Abdi). Adels " le diss " (Ampelodesmos
tenax) Kef n adels (Kef n adles) " la montagne du diss ".
DH = é
thaDHeRGHaLt, village (Ghasira). Féminin de Adherghal " borgne
" ou " aveugle ". D'après les indigènes, cette
petite oasis aurait été ainsi nommée parce que, encaissée
entre les montagnes, elle est privée de lumière et s'aperçoit
difficilement au loin.
touDHeMin (Oued Bou), rivière (Ghasira), " la rivière
aux visages ", pluriel de oudhem (visage).
iDHMaMen (Ras Bou), montagne (Beni Bou Slimane). Peut-être le mot
idhmamen est-il le pluriel irrégulier de oudhem " visage ",
dont l'usage est perdu? Ikhf n idhmamen (ixf n iùmamen) serait "
la montagne aux visages ".
tiDHMaMen, Hit' nt aghth nt Idhmamen (hi£ nt au& nt iùamen)
, Dj. Chechar, " la source de la gorge des visages ". Voir le mot
précédent.
taDHouNt (Kef), montagne (Dj. Chechar). Ikhf nt adhount - ixf nt aùont
" la tête de la graisse ".
R = r
teRBiNt (Aïn),
source (Ahmar Khaddou). Hit' en tarbint.
RaJJou, nom de lieu (Ouled Daoud - Aith Daoud).
taRaR, montagne (Dj. Chechar). Ikhf en Tarar - ixf n tarar " la
tête de Tarar ".
tRaRet (Ras), montagne (Ouled Moumen - Aith Moumen).
tiRiouRin, montagne (Beni Oudjana). Pluriel féminin dont la signification
échappe. Adhrar n tiriourin - aùrar n tiriorin.
aRRiS, village (Ouled Daoud - Aith Daoud). Les nombreuses terres de culture
et les jardins qui avoisinent ce centre, formé de trois ou quatre gros
villages très voisins les uns des autres, en font un des plus importants
de l'Aurès. De nombreuses ruines romaines, pour la plupart informes il
est vrai, témoignent également de son importance dans l'antiquité.
On y voit notamment, représenté sur une stèle, un personnage
coiffé de la mitre et tenant en main une crosse, qui peut passer pour
un évêque. Arris aurait donc peut-être été
autrefois le siège d'un évêché. Le nom lui-même
n'a pas une physionomie berbère très prononcée. Peut-être
faut-il y voir la corruption d'un ancien nom latin, ad Aras, par exemple ?
Aux anciens évêques d'Arris ont succédé maintenant les Pères blancs des missions d'Afrique, qui y ont élevé un hôpital très fréquenté des indigènes; il est à remarqué que ceux-ci n'ont pas pour ces sortes d'établissements et pour la médecine européenne la répulsion ordinaire des Arabes.
tiRZiouin, montagne
et rivière (Dj. Chechar), " les cassures " (pluriel féminin),
racine Erz - erz "casser ". Cette racine, que l'on retrouve dans tous
les dialectes berbères (Aith Ghir, Ouargla, Tamachek, Beni Mzab, Ouarsenis,
Bel H'alima), paraît avoir servi à former un certain nombre de
noms de lieu : Taouzrout, près de Frenda (dép. d'Oran); Azrou
(Arzeu), etc.
aReS, village (Ouled Daoud), rac. ers - ers " descendre ".
iRKaKen (Bou), village (Ouled Moumen).
taRGout, montagne et rivière (Ahmar Khaddou). Source (Dj. Chechar).
tiRGan, oued (Beni Frah). Souf n tireggan - sof n tiregan.Sans rien préjuger
sur la signification de ce vocable, notons qu'en tamachek rgn signifie "
chameau de selle ".
ouRMeS, source (Ahmar Khaddou). Hit' m ouremmes. Le mot aremmas désigne
la plante nommée guet'of par les Arabes, Atriplex halimus, plante très
connue dans le Sud, et particulièrement estimée des chameaux.
Cette même racine a servi à former le nom de Timermasin ou Tibermasin,
localité de l'Ahmar Khaddou.
tiRMeSt (Theniet), col (Oued Abdi). Hizi n taremmast - hizi n taremast
Le féminin taremmast désigne l'endroit où pousse l'Atriplex
halimus. Voir le mot précédent.
thaRIa, village (Ahmar Khaddou). Tharia " le canal, la rigole ".
Z = z
ouZRa (Bou), montagne (Ouled Daoud). Azrou " rocher ". Adhrar
n ouzra - aùara n ozro " la montagne des rochers ".
tiZeRiBin, village (Oued Abdi). Pluriel féminin de l'arabe zeriba
" la clôture, la barrière" et aussi " le village
". Ce mot sert à désigner plusieurs villages de la région.
zribet Ahmed, zeribet el-Oued, etc.
ZeRDHoun (Aïn), source (Oued Abdi). Hit' n Zerdhoun - hi£
n zerùon.
taZeRouD, montagne (Oued Abdi). Tazerouth - tazrou& " le rocher
".
ZeRGoun (Bou), nom de lieu (Ahmar Kaddou).
IZiZou (oued), rivière (Mechounech). Ighzer n zizoua (?) "
la rivière des abeilles ". Ou bien ighzer azizaou - iuzer azizao
" la rivière bleue ".
tiZZeRt (Theniet), col (Beni Bou Slimane). Hizi n tizzerth - hizi n tizr&
" le col de la fourche ".
IZZouZen, village (Ahmar Khaddou).
teZZouLt, nom berbère et arabe de Lambèse, près
de Batna; Lambaesis des Romains, siège de la IIIè légion
Augusta. Le mot Tazzoult paraît être le même que Touzzalt
(Fraxinus dimorpha), arbre très commun dans l'Aurès.
ZaLaT'ou, montagne (Beni Bou Slimane). Adhrar n zalat'ou - aùrar
n zala£o.
tiZouGaGHin, col (Beni Bou Slimane). Pluriel féminin de azougagh
" rouge ". Hizi n tizougaghin " le col des terres rouges ".
Cette racine a servi à former un grand nombre de noms géographiques
. On trouve notamment dans les environs de Ténès une tribu berbère
qui porte le nom de Zouggagha.
aZLeF, montagne, village, rivière (Oued Abdi). Azlaf - azlaf "
le jonc ", juncus maritimus.
taZeNa, village (Ouled Daoud).
ZaOUaG (Ras), montagne (Beni Bou Slimane). Ikhf n Zaouag.
S = s
SeBDa, montagne
(Dj. Chechar). Ikhf n Sebda.
Aïn SeBDou (Dj. Chechar). Comp. à Sebdou, ville de la province
d'Oran.
tiSiDet, montagne (Oued Abdi). Taseddath - taseda& " la lionne
".
tiSDaïn, village (Ahmar Khaddou). Thiseddaïn, pluriel d' asedda
" lionne ".
tiSReD, nom de lieu (Beni Oudjana).
aSeRDHouN (Ras), montagne près de Khenchela. Ikhf m ouserdhoun
- ixf m oserùon " col du mulet ".
SaRaT'ou, nom de lieu (Ahmar Khaddou).
tiSeRGeLt, oued (Beni bou Slimane). Isergelt - isergelt " entrave
en fer, carreau, chaîne ". Ighzer n tisergelt.
oueSSaF (Bir), puits (Ahmar Khaddou). Assaf, nom d'homme (?).
SaGHiDa, village Ghasira).
aSGHeR, village (Ahmar Khaddou). Asgher - asuer " le bois ".
taSGHouRt, montagne (Oued Abdi). Même sens que le précédent
(au féminin).
aSGHeR M ouaMaN, nom de lieu (Ahmar Khaddou), " le bois de l'eau
".
tiSQiFin, village (Oued Abdi), " les toitures ", pluriel féminin
berbère de la racine arabe sqef.
touSiLt, source, (Dj. Chechar). Thâouint n Tousilt " la fontaine
de Tousilt " (nom de femme ?).
taSSiLi Aïch, village (Beni Bou Slimane). Tassellia n Ellaïch
" le petit canal d'El Aïch ".nom propre arabe. Tassellia désigne
un canal de petite dimension, tharia, un conduit un peu plus grand, et enfin
aghelan, un canal.
aSLeF, village (Oued Abdi); montagne (Ahmar Khaddou). Ce mot désigne
l'insecte vulgairement appelé " pou de bois " (Psoque). Haqliath
n aslaf " le village des pous de bois ".
tiSLaFin (Ras), montagne (Dj. Chechar). Pluriel féminin du précédent.
SaMeR. Nom de tout le versant de l'Ahmar Khaddou, long de 80 kilomètres,
exposé au sud-est. Très répandu en Kabylie, ce nom désigne
le versant des montagnes exposé au soleil, par opposition à Malou,
pluriel Imoula, qui désigne le versant exposé à l'ombre.
SaMSaMen, montagne (Dj. Chechar). Adhrar n asemmamen, pluriel de asemammouth-
asemamo& " oseille sauvage ", racine asemmam " aigre ".
Mers asemmamen " le parc des oseilles ", localité de l'Ahmar
Khaddou.
SaNeF, village (ouled Daoud); nom de lieu (Ahmar Khaddou). Haqliath n
Sanef.
SeNNaRin, col (Dj. Chechar). Thizi n sennarin " le col des carottes ".
Ar. senaria.
tiSiOUaNin, col (Ahmar Khaddou). Thizi n tisiouanin - &izei n tisiwanin
" le col des milans ". Sing. asiouan - asiwan.
CH = c
iCH, corne,
pluriel achchaoun; entre dans la composition d'un grand nombre de noms de montagnes
et devient alors l'équivalent de notre mot pic.
iCHMOUL, montagne (Ouled Daoud). Ich m oul - ic m ol " le pic du
coeur ".
CHeMouIMin, montagne (Ouled Daoud). Ich m ouimin " le pic des bouches
". Imin pluriel de imi " bouche ", a ici le sens de " tête
de vallée ".
ICHouAR, montagne (Ahmar Khaddou). Ich m ouar " le pic du lion ".
aCHouGaZit', montagne (Dj. Chechar). Ich ougazit' " le pic de la
poule ".
iCHMeRZou, montagne (Dj. Chechar). Ich m oumerzou " le pic du lévrier
". Amerzou désigne l'animal appelé slougui en arabe.
iCHaZouGaGH, rivière (Dj. Chechar). Ighzer n ich azougagh "la
rivière de la corne rouge ".
iCHtaMeDDa, montagne (Ahmar Khaddou). Ich n tmedda " la corne du
vautour ". Thamedda désigne l'oiseau appelé en arabe rkham.
CHaBouRa, source (Ahmar Kaddou).
CHeTMa, nom de lieu (Oued Abdi. Oasis de Biskra. Les indigènes
donnent à ce nom une origine arabe et le font dériver de machtemat
-endroit où l'on passe l'hiver- cette dénomination viendrait de
ce que l'on trouve à Chetma des sources chaudes. Cette étymologie
ne nous paraît pas satisfaisante, et d'ailleurs ne conviendrait pas au
Chetma de l'Oued Abdi. Nous sommes plutôt portés à attribuer
à ce vocable une origine berbère.
CHiR, village (Oued Abdi). Ce nom, dont la signification reste inconnue,
s'applique à différentes localités. On trouve chez les
Ouled Moumen ( Aith Moumen) Chir m ouzenaïa.
CHeChaR, vaste région montagneuse et aride à l'est de l'Ahmar
Khaddou .
tiCheT'at, oued, village (Oued Abdi); village (Ahmar Khaddou).
CHaLMi, rivière (Ahmar Khaddou).
CHeLia, montagne, point culminant de l'Aurès. Ce nom est peut-être
d'origine arabe; en tout cas, il nous apparaît comme relativement récent.
Dans l'antiquité, le Chélia était désigné
sous le nom de Mons Aspis.
CHaMeN (Bou), montagne (Beni Oudjana). Ichamen désigne la plante
appelé en arabe kamoun, nigella sativa (Renonculacées).
CHouMeDRi, montagne (Oued Abdi). Ich m.....?
CHeNNaouRa, village oued (Beni Bou Slimane). La tradition locale raconte
que ce nom est celui d'une femme ayant habité le pays et fondé
le village.
taCHeNT'ouRet, montagne (Dj. Chechar). Adhrar n tachent'ouret - aùrar
n tacen£oret. " la montagne du chignon ". Le mot tachent'ouret
désigne la mèche au sommet de la tête appelé guenchoucha
par les Arabes.
CHeMGouRa (Kef), montagne (Beni Oudjana).
CheHDRi, montagne (Ouled Daoud). Adhrar n Chehdri, nom d'homme (?).
CHaOURa, montagne aith Oudjana (Beni Oudjana).
Ç = ç
CeRa, plateau au nord de l'Ahmar Khaddou. Le mot çara a la signification générale de " plateau " et s'applique à un grand nombre de localités en Algérie.
T' = &
thiT' , fontaine, source. (&i£, £i£, etc,) avec
le même sens : oeil, source, fontaine.
tiT'aouen (Aïn), source (Beni Oudjana), les sources.
T'OUR, village (Oued Abdi).
 = â
tÂCHouCHT, montagne (Dj. Chechar). Diminutif berbère de l'arabe âchat " petite tente ", proprement " nid ". C'est de la même racine arabe que dérive probablement Âchach, porté par de nombreuses tribus ou fractions de tribus dans l'Afrique du Nord.
GH = $
thaGHith "
la gorge ". on trouve dans l'Aurès beaucoup de noms composés
du mot thaghith - &aui& :
thaGHit Beni Bou Slimane, village des Ben Bou Slimane situé près
des gorges de Thighanimin.
thaGhit Ouled Hellal, village de la fraction de Ghasira.
thaGHit n Zidan " la gorge de Zidan ", village (Ouled Daoud).
thaGHit Sidi Blekheïr, village (Oued Abdi).
thaGHit el Bacha, village, gorges (Ouled Daoud).
taGHeda, montagne (Oued Abdi), " le javelot ".
Kef Bou iGHed, montagne (Ahmar Khaddou), " le pic de la cendre ".
GHiRen, village (Oud Abdi).
taGHeRaRiSt, col (Ahmar Khaddou).
haGHeRout Amor, nom de lieu (Ouled Daoud), " l'épaule d'Amor
", Thaghrout " épaule ", pl. Thighardhin.
taGHeRDHit, montagne (Ahmar Khaddou), la petite épaule ".
Diminutif du précédent.
tiGHaRDHin, montagne (Dj. Chechar), " les petites épaules
".
tiGHeZZa, village (Beni Bou Slimane), " la parcelle ". Le mot
Tighezza désigne généralement une enclave de terre cultivable,
entourée soit de forêts, soit de parties incultes ou de rochers.
Le sens correspond à peu près à celui du kabyle Taghzout.
tiGHeZZa m Ouferradj, village (Dj. Chechar), " la parcelle d'Aferradj
" (nom d'homme).
tiGHeZZa m Bersi, rivière (Dj. Chechar), " la parcelle de
Bersi (nom d'homme).
GHeZDiS, montagne (Dj. Chechar). Ikhf nt Ghezdis " la tête
de la côte, de la montée ".
iGHZeR (Oulad), tribu (Ahmar Khaddou), " les enfants de la rivière
".
iGHaSiRen, ar. Ghasira, tribu importante de la vallée de l'Oued
el-Abiod.
GHeSKiL, nom de lieu (Ahmar Khaddou).
tiGHouGHa, village (Ahmar Khaddou).
GHouFi, village (Ghasira). Racine de Ghef " sur ". Le village
de Ghoufi étant situé au sommet d'une falaise à pic, haute
de 300 pieds, il est d'autant plus probable que son nom exprime une idée
de hauteur, d'élévation.
aGHiL, village (Oued Abdi). Haqliath m Oughil " le village du bras
de montagne ".
GueRN teGhaLin, montagne (Ahmar Khaddou), " la corne des crêtes
".
bou iGHiaL, rivière, col (Oued Abdi), pluriel de aghioul "
âne ".
GHeLBouN, rivière (Dj. Chechar).
GHeLLiS, montagne (Ahmar Khaddou). Ar. Ghalis, endroit uni et sans végétation,
proprement " crépi ".
taGHeLiSiya, village (Ahmar Khaddou). Voir le mot précédent;
aGHeLan, (Aïn), source (Beni Oudjana). Aghelan " le canal),
comp. à Tharia. Hit' n taghelan " la source du canal ".
GHeLiMin, montagne (Dj. Chechar), pluriel du précédent.
Ikhf n tighelamin " le pic des canaux ".
GHaNiM, nom de lieu (Ouled Daoud); gorges (Beni Bou Slimane). Ghanim
" roseaux ". Arundo communis (Graminées).
tiGHaNiMin, village (Ouled Daoud); gorges (Beni Bou Slimane). Pluriel
féminin du précédent.
F = f
tiFeDJeDJ (Aïn),
source (Dj. Chechar); gorges (Beni Bou Slimane). Afejjaj " bûche
". Hit' n Tafejjajt - hi£ n Tafejajt " la source de la bûche
".
FeDJiR (Aïn), source (Ouled Daoud). Fejjir, nom d'homme (?).
FeRDJaNa, montagne (Ouled Daoud). Ce même radical se retrouve dans
diverses localités d'Algérie, sous la forme de Fergane : Beni
Fergane, Fergana. C'est probablement le même mot, par suite d'adoucissement
du g, que Feriana (Tunisie). Peut-être faut-il y voir un pluriel. La racine
FRDJ se retrouve dans le nom d'un village du Dj. Chechar : Tighezza Iferradj.
Peut-être faut-il lui donner une origine sémitique.
FouRaR (Ras), montagne (Dj. Chechar). Adhrar n Fourar, montagne (Ahmar
Khaddou); Oulad Tifourar, tribu (Dj. Chechar). La signification de ce radical
nous échappe.
tiFeRT'aSin, localité de la tribu des Ouled Daoud. Pluriel féminin
du mot arabe fortass " chauve ". Ce nom s'applique sans doute à
un groupe de mamelons dénudés.
taFReNt, localité de la tribu des Ouled Daoud. Rac. Efren "
trier, choisir; ou bien effer " cacher ". Ce nom sert à désigner
un très grand nombre de localités dans toute l'Algérie,
et s'applique généralement à des points où l'on
trouve de bonnes terres de labour. Nous ignorons la signification exacte. On
trouve dans l'Aurès : Tafrent Oulad Aïcha, terres de culture dans
la tribu des Oulad Daoud; Tefrent, montagne (Dj. Chechar); Tafrent, montagne
au nord-est de Khenchela., etc.
tiFRan, rivière et village (Ouled Fedala). Pluriel de afri "
caverne ". Rac. effer " cacher ". Thizi n tifran n icheqqaf,
col (Ahmar Khaddou). Le mot icheqqaf est un pluriel berbère de l'arabe
cheqaf, qui, chez les musulmans des villes, désigne un tesson, un pot
cassé. Chez les Bédouins de la campagne, le pluriel chgouf désigne
des morceaux de pain. La traduction serait alors : " le col des cavernes
aux morceaux de pain ".
FaRÂouN (Djebel), montagne (Amamra), " la montagne de Pharaon
".
FouRK (Aïn), source (Oued Abdi).
FeRKouS (Oued), rivière (Ouled Daoud). Ferkous, nom d'homme. On
trouve dans l'Ahmar Khaddou un col qui porte le nom de Theniet Sidi Ferkous.
taFRaOUth (Aïn), source (Ahmar Khaddou), " la gouttière
".
taFeZa (Oued), rivière (Mechounech). Thafesa " le grès
". On trouve près de Tébessa, sur la frontière tunisienne,
une source qui porte également le nom d'Aïn Tafeza.
aFZiL, montagne, rivière (Ahmar Khaddou).
taFeSSaT (Oued), rivière (Ouled Daoud). Thafessat " rempli,
comblé ". Rac. afes " remplir ".
tFiSt (Djebel), montagne (Beni Oudjana); montagne (Ouled Daoud).
taFeCHNa (Aïn), source (Dj.Chechar).
tiFReNt, localité de la tribu des Oulad Fedala.
tiFeLFaL, village (Ghasira). Les indigènes s'empressent de faire
dériver ce nom de l'arabe vulgaire felfel " poivron -piment ".
Peut-être faut-il simplement le rattacher à la racine berbère
fell " sur, au-dessus ".
FouNt (Ras), montagne (Dj. Chechar). Ikhf n fount.
K = k
tKout, village
(Beni Bou Slimane), la prononciation véritable est tkoukth.. Ce radical
se retrouve dans Koukou, ancienne ville de la Kabylie. Peut-être faut-il
le voir également dans Tiout, qçar du Sud oranais. Nous en ignorons
la signification.
KiKouiNa (Djebel), montagne (Mechounech). Adhrar n Kikouina.
KaBou, montagne (Dj. Chechar).
taKRouMt, village (Oued Abdi). Berbérisation de l'arabe krouma
" la nuque ", nom qui s'applique fréquemment à des montagnes.
KeRiMt (Bou), localité de la tribu des Bou Slimane. Diminutif
du radical précédent.
tiKSeRaouin (Theniet), col (Ahmar Khaddou). Pluriel féminin tiré
de la racine arabe kasser " casser ". Theniet n tikseraouin "
le col des cassures ".
tiKSeLt, localité du Djebel Chechar. Thikselt " la panthère
".
iKouGHaL (Djebel), montagne (Beni Maafa). Radical inconnu. Adhrar n ikoughal.
KLeMBou, montagne (Oued Abdi). Adhrar n Klmebou.
KiMeL (Oued), rivière, douar de la tribu de l'Ahmar Khaddou. Signification
inconnue.
KeMaLou (Bled el), localité de la tribu des Ouled Moumen. Même
radical que le précédent.
aKeNi (Aïn), source (Dj. Chechar); Akeni " jumeau ". Hit'
n akeni " la fontaine du jumeau.
G = g
GouaGiCH (Oued),
rivière (Ahmar Khaddou). Ar. gaguich, plur. gouaguich, branches de palmier
situées à côté du Djerid. Ighzer n gougich.
taGeDaït (Djebel), montagne (Dj. Chechar). Adhrar n tgeddaïth.
GeRaouen, localité de l'Ahmar Khaddou. Igraouen ou iyaraouen,
pluriel de iyri, partie supérieure de l'épaule. Comp. tamachek
iri ir, plur. iraouen iron " nuque ". Il existe également dans
le Sahara un massif montagneux qui porte le nom d'Iraouen.
aGRaDou, rivière (Dj. Chechar). Ighzer n agradou. -Tizi n tagradou,
col (Oued Abdi). Signification inconnue.
oGRaïN (Ras), montagne (Ahmar Khaddou). Garaïn, nom d'homme.
Ikhf n Goraïn.
GeRNiZ (Kef), " pic ", (Beni Bou Slimane). Gerniz " charbon
". Ghil n gerniz " la crête du chardon ".
taGGouSt, village (Oued Abdi). Taggoust " la parcelle " désigne
un grand nombre de localités de l'Afrique du Nord. Le g s'adoucit fréquemment
en i : thaïoust. Ighzer n thaïoust taghoggalt, oued Ghasira, "
la rivière de la parcelle rouge ". Ighzer n taïoust n tgheten,
rivière (Ghasira), " la rivière de la parcelle des chèvres
".
taGSid (Aïn), source (Dj. Chechar). Aouint n tagessit, signification
inconnue.
GeCHT'an (Oued), rivière (Ahmar Khaddou).
GeLFen, village (Oued Abdi). Peut-être faut-il rapprocher ce radical
de l'arabe djelf, qui désigne un terrain arrosé uniquement par
l'eau de pluies; ou encore du berbère azelaf " jonc ", dont
il serait le pluriel. Le z devient g par les transformations suivantes : z,
z mouillé, d mouillé, dj, g.
aGeLMaN (Oued), rivière (Beni Oudjana). Agelman " citerne
". On retrouve dans la seconde partie de ce mot le radical aman "
eau ". Ikhf n tigelman, montagne (Dj. Chechar), " le pic des citernes
".
iGouNa (Kef), pic (Mechounech). Ikhf n gouna.
L = l
ThaLiLith, localité
de l'Oued Abdi; l'endroit où croissent les lauriers roses, Alili (Nerium
oleander). Ras Thaoulilith, montagne (Beni Bou Slimane), " le pic où
croissent les lauriers ".
taouLiLith (Ras), montagne (Ahmar Khaddou). Même racine que le
précédent.
LeBLaBin (Aïn), source (Ahmar Khaddou). Leblab " lierre ",
Hedera helix (Auréliacées). Thaouint nt leblabin " la fontaine
des lierres ".
teLouZi (Aïn), source (Oued Abdi). Rac. louz " faim "
(?).
taLeCHin, localité de l'Oued Abdi. Thalechin, pluriel féminin
de signification inconnue.
ouLGHan, localité de la tribu des Beni Oudjana.
LeGHLaGH, localité de l'Ahmar Khaddou. Ar. vulgaire laghlagh,
endroit où l'eau séjourne après les pluies .
teLaGHMin (Bou), montagne (Oued Abdi). Pluriel féminin de alghem
"chameau ". La montagne aux chamelles ", ainsi appelée,
disent les gens du pays, en raison de sa conformation particulière.
iLeF (Djebel Bou), montagne de la tribu des Beni Frah. Ilef " sanglier
" ; Oued bou ilfan (Dj. Chechar) " la rivière aux sangliers
".
teLGaGet (Aïn), source (Beni Oudjana). Hit' n Taleggageth. Signification
inconnue.
M = m
tMaoun, localité
de l'Oued Abdi. Rac. imi " bouche ".
taMeMaït (Aïn), source (Dj. Chechar). Thamemmakth " tamarix
"; Hit' n tmemmakth " la fontaine du tamarix ". En tamachek,
Tamemaït .
MouDJi, plateau et village (Oued Abdi). Moujji, plur. imejjan "
oreille ". Moudjen, autre forme de pluriel, est le nom d'une montagne de
la tribu des Ouled Daoud.
MeDDouR (Kef), montagne (Beni Oudjana). Meddour, nom d'homme . Ikhf n
Meddour " le pic de Meddour ".
tiMDeRt (oued) rivière (Oued Abdi). Timddert " la vie ",
rac. eDDeR.
MeDRoNa, village (Oued Abdi) arabisation du berbère Hamdrount.
taMeRZout (Aïn), source (Oued Abdi). Hit' n tmerzouth " la
source du lévrier femelle " .
taMRiCH (Aïn), source (Ouled Daoud).
taMeZat, village (Oued Abdi). Thamza " l'ogresse " (?). Cette
racine sert à désigner un grand nombre de localités : Mzeta
(Oued Abdi); Timezouath (Oued Abdi); Tamezat (Ouled Daoud). Chaâbet Thamza
" le ravin de l'ogresse ", rivière (Ghassira); Thamza (oued),
rivière (Beni Oudjanan); Ras Toumzeït, montagne (Dj. Chechar), etc.
MeZBaL (Djebel), montagne (Ahmar Khaddou.
tiMZeRt (Kef), montagne (Beni Oudjana).
MeZLiKeCH, nom d'une fraction de la tribu des Beni Melkem, dans l'Ahmar
Khaddou.
tMaSiKR, localité de l'Ahmar Khaddou. Rac. Tmas n iker "
la moitié du mouton "(?).
tiMSeLLaDJ (Thizi n), col (Dj. Chechar).
taMeSLouKHt (Thizi n), col (Ouled Daoud). Berbérisation de l'arabe
mesloukha " écorchée ". Thizi n tmesloukht " le
col de l'écorchée ".
aMeCHaR (Ras), montagne (Beni Oudjana). Ikhf n amechar.
MeCHouNeCH, oasis à 32 km à l'est de Biskra. Les Arabes
font dériver ce nom de Amchoucha, le mot choucha " calotte "
désignant une forme particulière qu'affectent les montagnes du
pays avoisinant. Nous croyons, pour notre part, que le mot Mechounech n'est
qu'une altération arabisée du nom berbère Himsounin, pluriel
dérivé du radical MSN qui se retrouve dans un grand nombre de
noms de lieux : les nombreux oueds Masin disséminés dans toute
l'Algérie; Masina, Etat voisin de Tombouctou; Temasin, oasis à
10 km au sud de Touggourt; Temasinin (plur.) point d'eau du Sahara septentrional,
etc.
tiMâMMeRt (Kef), montagne (Beni Bou Slimane). Berbérisation
de l'arabe elmaâmra.
MaKReZ, oued (Ahmar Khaddou).
tiMeGDRiN, localité de Beni Bou Slimane. Signification inconnue.
taMeLLaLt (Aïn), source (Dj. Chechar). Féminin de la racine
amellal " blanc "; entre dans la formation d'un gransd nombre de noms
de localités : Thizi Tamellalt, col (Dj. Chehcar); Beni Imloul, tribu
(Dj. Chechar); Tamellalt, oasis voisine de Temasin, près de Touggourt.
MeLKeM (Beni), tribu de l'Ahmar Khaddou. Melkem, nom d'homme.
MeLaN, montagne, rivière (Ouled Daoud). Imellalen (?), pluriel
de amellal " blanc ".
MeLLouJa, oued, village (Ouled Daoud). Ighzer n Mellouja.
MeLLaGou (Oued), rivière, douar (Beni Oudjana). Ce vocable est
peut-être dérivé de l'arabe elmlaqa " la rencontre
(des rivières) "
aMeNTHaN, village (Oued Abdi).
taMeNDeLout, source (Dj. Chechar).
N = n
tiNeDJi, montagne
(Oued Abdi); montagne (Oued Moumen).
taNDout, montagne (Dj. Chechar), pour thadount " la graisse "
(?).
NaRa, village (Oued Abdi).
NeRDi (Oued), rivière (Oued Abdi). Nirdi, terres de labour (Oued
Abdi), à rapprocher du mot irdhen " froment " (?).
aNZeLTeN, localité de la fraction de Ghassira.
thiNeCH (Kef), montagne (Ahmar Khaddou).
NouGHiS, plaine des environs de Khenchela. Noughissen, pluriel du précédent,
riche vallée des Beni Bou Slimane.
taNOUt, rivière (Ahmar Khaddou). Thanouth " la citerne ";
Adhrar n thanouth, montagne (Beni Oudjana).
H = è
taHeZouZeFt (Theniet), col (Ahmar Khaddou).
OU = u
taOUet (Aïn),
source (Oued Abdi). Taout, nom d'homme encore usité actuellement.
thaOURia, localité de l'Ahmar Khaddou.
OURten NeFTa, localité du Dj Chechar. Oureth n Nefta " la
terre de Nefta ", nom de femme (?).
taOURiRt (Ras) montagne (Beni Bou Slimane). Rac. ourir " colline
". Ce vocable s'applique à un grand nombre de localités :
Taourirt, montagne (Ahmar Khaddou); montagne (Dj. Chechar).
aOUReS, montagne (Beni Oudjana); montagne (Bellezma). Dans l'antiquité,
Aurasius Mons, nom que nous avons appliqué à tout le massif. Signification
inconnue.
thaOURiCH, montagne (Oued Fedala).
taOUZiRet, source (Oued Abdi). Forme berbère, au féminin,
de l'arabe el Ouzir.
OUZeL (Oued), rivière (Mechounech). Ighzir m ouzel " la rivière
du fer ".
tiOUaCH, montagne (Mechounech).
tOUGGeR, montagne (Dj. Chechar). Montagne près de Batna. Rac.
ouDJR, " être grand, surpasser ".
OULaoun (Djebel), montagne ('Amamra). Pluriel de oul " coeur ".
aOULaCH, village (Ahmar Khaddou).
tiOUNZa (Djebel), montagne (Dj. Chechar).
tOUouNt (Djebel), montagne (Dj. Chechar); pour Toubount, le b s'étant
affaibli en ou.
Généralités
0 / Dictionnaires - Encyclopédie
AARDES (Ass. Alg. pour
la Rech. Démo. Eco. et Soc.) et CASHA (Centre Afr. des Sc. Hum. Appl.)
: " Etude générale du département de l'Aurès
", Alger, AARDES, 1966, 7 vol.
Encyclopédie berbère: Tout sur le monde amazigh. Déjà
22 n° parus intégrants la lettre H. Publiée par le LAPMO,
s/dir. de G. Camps et diffusée par les éd. Edisud (La Calade,
Aix-en-Provence). Quelques titres :
T.7, 1989, " Asarakae-Aurès ", 143 p. ISBN 2-85744-201-7
T.8, 1990, " Aurès-Azrou ", 191 p. ISBN 2-85744-201-7
Encyclopédie Universalis
1 / HISTOIRE
A - Préhistoire... Origine...
BALOUT Lionel : "
Préhistoire de l'Afrique du Nord. Essai de chronologie ", Paris,
1955,
CAMPS Gabriel : " Aux origines de la Berbérie. Monuments et rites
funéraires protohistoriques ", Paris, AMG, 1961,
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du Sahara ", Paris, 1974,
--- : " L'origine des Berbères ", in Islam, société
et communauté . Anthropologie du Maghreb ", Paris, CNRS, cah. du
CRESM,
--- : " Berbère aux marges de l'histoire ", Toulouse, Hespéris,
1980,
CHAMLA Marie Claude : " Etude anthropologique de l'homme capsien de l'Aïn
Dokkara (Algérie orientale), suivi d'une note sur la pathologie par Jean
Dastugue. Alger, Libyca, T.XXI, 1973,
GSELL Stéphane : " Histoire ancienne de l'Afrique du Nord ",
Paris, 1908/1913, 8 vol,
B - Ancienne.
" L'Afrique dans
l'Occident romain, Ier siècle av. J.C. au IVè siècle ap.
J.C. ", Actes, colloque de l'Ecole française de Rome, 1990,
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préf. Dominique Baudis, Paris, Publisud, 1992, 230 p. (Roman historique).
Marcel BENABOU : " La Résistance africaine à la romanisation
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une préf. de Tassadit Yacine. Malgré son titre restrictif, cet
ouvrage dépasse largement le cadre purement féminin pour aborder
la société chaouie dans tous ses aspects sociaux, culturels artisanaux
et économiques).
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de commune mixte dans l'Aurès et ailleurs en Algérie au temps
de la colonisation. Dans un ouvrage plus ancien, intitulé l'Algérie
kabylisée, cet auteur relève, met en exergue ce que cent trente
ans de colonisation n'y étaient pas parvenues à réaliser
, à savoir la fracture du peuple algérien. Sournoisement il tente
de dresser les Kabyles contre le reste des Algériens et inversements
brosser un tel tableau des Kabyles pour les rendre détestables et haïssables
par les leurs.
Ici, avec ce nouvel ouvrage, il tombe dans les mêmes travers, Les Chaouis
pas si patriotes ni si valeureux que cela
Selon lui, le petit peuple des
Aurès ne s'est pas soulevé le 1er novembre 1954, mais s'est laissé
entraîner dans un combat par l'un des siens, Mostefa Ben Boulaïd,
qui avait toujours, selon l'auteur, des raisons de se plaindre du comportement
de l'administration à son égard.
Qu'importe, ce sont justement des Chaouis, des Kabyles, et tous les Algériens,
qui l'ont mis dehors ! Voilà la véritable raison de sa hargne
et de sa morgue).
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mixte de Barika ", Alger, Rev. Afr., 1946, pp. 194-207.
SERVIER J. : " Chants de femmes de l'Aurès ", Thèse
compl. doct. de lettres, Paris, 1955.
Présentation
La Guerre de Tacfarinas (ou Tikfarin selon d'autres sources) dura sept ans.
Sept ans également furent nécessaires avant que les armées
romaines ne vinrent à bout de Yughurthen. Une autre guerre récente,
dura elle aussi sept ans et s'acheva par l'indépendance de notre pays
: la guerre de libération nationale.
Simple coïncidence ? Ou est-ce que le chiffre sept signifierait quelque chose dans notre inconscient ? Une autre constante que l'on rencontre dans notre histoire : c'est la désunion qui se traduit souvent par de la trahison : Massinissa opposé à son cousin Syphax; Micipsa qui fait assassiner ses frères pour gouverner seul ; Yughurthen abandonné par ses fidèles et livré aux Romains par son propre beau-père ; Faraxen, Firmus, Gildon ; puis plus tard, la Kahina qui, tout en s'opposant à la conquête musulmane, fait convertir ses enfants à l'islam afin de garder le pouvoir au sein da sa propre famille...
Hélas, des exemples semblables fourmillent dans notre très longue histoire !
Ainsi, à l'instar de Yughurthen, Tikfarin, malgré son courage, son audace et son intelligence, ne parviendra pas à triompher de l'ennemi. Les Romains grâce à l'aide de chefs locaux et notamment à l'alliance obtenue avec un roi amazigh, ils triomphent de Tikfarin et élargissent une fois de plus leur domaine en Afrique.
Plutôt que de tenter une analyse, même succincte de la guerre de Tacfarinas, nous allons citer tout simplement trois historiens : l'un est Romain qui, s'inspirant de son illustre prédécesseur Salluste (où il le " singe " presque en tout), va se servir de cet événement pour " aiguiser " son genre littéraire " Les Annales " où il est le premier à nous relater cette guerre; les deux autres sont des historiens de renom même si l'un fut contesté à un moment (Ch.-A. Julien) par de soi-disant nationalistes jaloux et imbus d'un vernis de savoir.
Mais tous deux, comme tant d'autres, utiliseront d'abord Tacite avant de broder alentour comme cela fut le cas avec Salluste et sa " Guerre de Jugurtha ".
Par Ammar NEGADI
" La Guerre de Tacfarinas "
Extrait de : " Les Annales " (livre II - IV)
par Tacite (Historien latin , 55 / 120)
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Livre II / (LII) : Cette même année la guerre éclate en
Afrique : l'ennemi était commandé par Tacfarinas. Numide de nation,
soldat auxiliaire dans les armées romaines, puis déserteur, Tacfarinas
rassembla d'abord pour piller et voler des vagabonds accoutumés au brigandage.
Bientôt il les distribua, comme dans les armées romaines, par enseignes
et par compagnies; et enfin de chef de bandes indisciplinées, il devint
général des Musulames . Cette nation puissante qui confine aux
déserts de l'Afrique, et qui, à cette époque, n'avait point
encore de villes, prit les armes et contraignit à la guerre les Maures,
ses voisins. Ceux-ci avaient Mazippa pour chef. L'armée fut partagée
en deux corps, de sorte que Tacfarinas pût garder dans le camp des hommes
d'élites, armés à la manière des Romains, pour les
habituer à la discipline et à l'obéissance, tandis que
Mazippa avec les troupes légères, portait au loin l'incendie,
le meurtre et la terreur. Ils avaient soulevés les Cinithiens, peuple
redoutable, lorsque Furius Camillus, proconsul d'Afrique, fit marcher en un
seul corps sa légion et tous les auxiliaires qui se trouvaient sous les
drapeaux; cette troupe était faible sans doute si on la compare à
la multitude des Numides et des maures; mais on avait qu'une chose sérieuse
à craindre, c'est que la peur ne leur fit éviter le combat; et
en espérant la victoire, ils se firent battre. La légion se plaça
au centre et les deux divisions de cavalerie sur les ailes. Tacfarinas accepta
la bataille : les Numides furent mis en déroute.
Livre III / (XX) : Cette même année, Tacfarinas, battu l'été précédent, comme je l'ai dit, par Camillus, recommença la guerre en Afrique, courant et pillant d'abord, et par la rapidité se dérobe à notre vengeance. Il ruina ensuite les bourgades, enleva un butin considérable, et enfin près du fleuve Pagide , il assiégera une cohorte romaine. le fort était commandé par Decrius, homme d'action, formé par l'expérience de la guerre, et qui regardait ce siège comme un affront. Decrius engage les soldats à combattre à découvert, et range sa troupe en avant des retranchements. mais au premier choc, la cohorte plie; Decrius se lance à travers les traits, courts aux fuyards, crie aux porte-enseignes : " qu'il est honteux que le soldat romain tourne le dos devant des bandes sans disciplines ou des déserteurs ! ". Au même moment il reçoit plusieurs blessures; l'oeil crevé, il fait encore face à l'ennemi et continue le combat, jusqu'à ce qu'il tombe abandonné des siens.
--- / (XXI) : A cette nouvelle, L. Apronius, qui avait succédé à Camillus, plus affligé de la honte des siens que du succès de l'ennemi, eut recours à cette rigueur rare à cette époque et qui rappelait les âges antiques; il décima la cohorte qui s'était déshonorée , et fit périr sous les verges ceux qu'avaient désigné le sort. Cette sévérité produisit tant d'effet qu'un détachement de vétérans de cinq cents hommes, au plus, mit en fuite ces mêmes troupes de Tacfarinas, qui avait attaqué un fort nommé Thala . Tacfarinas cependant, en voyant ses Numides découragés et peu disposés à faire des sièges, fit une guerre de partisans, fuyant devant les attaques et reparaissant bientôt sur les arrières de l'armée. Aussi longtemps que le Barbare suivit cette tactique, il se joua des Romains qui se fatiguaient en vain à le poursuivre. Mais lorsqu'il se fut rapproché des côtes, le butin qui l'embarrassait le força de s'arrêter pour camper. Apronius Cesianus, envoyé par son père avec des cavaliers, des cohortes auxiliaires et les légionnaires les plus agiles, livra aux Numides un combat heureux et les rejeta dans le désert.
--- / (XXXII) : Peu de temps après Tibère envoya une lettre au Sénat pour l'informer que l'Afrique était de nouveau troublée par les incursions de Tacfarinas; " Les Pères, disait-il, devaient choisir pour consul un homme expérimenté dans la guerre, vigoureux et capable de résister aux fatigues de la campagne ".
--- / (LXXII) : ... et quelques temps après, César en donnant à Blesus, proconsul d'Afrique, les ornements du triomphe, déclara qu'il lui accordait ces marques d'honneur en l'honneur de Séjan, dont il était l'oncle.
--- / (LXXIII) : Les exploits de Blesus cependant méritaient bien cette
distinction; car Tacfarinas, quoique toujours repoussé, trouvait toujours
au fond de l'Afrique des ressources nouvelles, et son insolence était
telle qu'il envoya des députés demander à Tibère
qu'on lui cédât de bonne grâce un lieu pour s établir,
lui et son armée; en cas de refus, il le menaçait d'une guerre
interminable. On dit que jamais insulte envers sa personne et le peuple romain
ne blessa plus profondément César de cette audace d'un déserteur
et d'un brigand qui agissait comme les puissances ennemies. " Le vainqueur
de tant d'armées consulaires, Spartacus lui-même, brûlant
l'Italie restée sans vengeurs, au moment où les grandes guerres
de Sertorius et de Mithridate ébranlaient la République, Spartacus
n'avait point été admis à traiter de son pardon avec Rome,
et le peuple romain, au plus bel âge de sa grandeur, irait acheter la
paix d'un brigand comme Tacfarinas, par un traité et une concession de
territoire ! ". Tibère donna ordre à Blesus d'offrir la grâce
à tous ceux qui mettraient bas les armes, et de s'emparer du chef par
tous les moyens .
--- / (LXXIV) : La plupart acceptèrent le pardon, et on combattit les
ruses de Tacfarinas par la tactique qu'il suivait lui-même. Son armée
inférieure à la nôtre, mais plus propre à une guerre
de surprise, attaquait et se repliait, dressait ses embuscades en s'aparpillant
par bandes. l'armée romaine, partagée en trois corps, se met en
marche par trois routes différentes, d'un côté le lieutenant
Cornelius Scipion garda les points qui servaient de route aux incursions de
l'ennemis dans le pays des Leptins , et à ses retraites dans le pays
des Garamantes; du côté opposé, le fils de Blesus, avec
des forces suffisantes, se posta pour protéger les bourgades de Cirta;
au centre, le général, à la tête des troupes d'élites,
établissant, dans des positions avantageuses, des forts et des retranchements,
resserra les ennemis, leur présenta de continuels obstacles, et partout
^ù ils partaient, ils trouvaient des détachements de l'armée
romaine, sur leur front, sur leurs flancs, et souvent même sur leurs arrières.
Grâce à ses dispositions, un grand nombre fut tué ou enveloppé.
Blesus partagea ensuite ses trois corps d'armée en petits détachements,
qu'il plaça sous les ordres de centurions éprouvés. A la
fin de l'été il ne les retira point comme on avait fait jusqu'alors,
et, au lieu de les mettre en quartier d'hiver dans notre ancienne province,
il les distribua dans des forts, à l'extrémité du pays
exposé à la guerre, et fit relancer Tacfarinas de retraite en
retraite, par des soldats armés à la légère, et
qui connaissaient le désert. Le frère de Tacfarinas ayant été
pris, Blesus s'en revint, mais trop tôt pour le bien des alliés,
car il laissait les populations prêtes à rallumer la guerre, Tibère,
cependant, croyant la guerre terminée, permit que Blesus fut salué
par les légions d'impérator.
Livre IV / (XXIII) : Cette même année délivra le peuple romain de sa longue guerre contre le Numide Tacfarinas. Jusqu'alors les généraux ne songeaient plus à l'ennemi, du moment où ils croyaient avoir fait assez par eux-mêmes en obtenant les insignes du triomphe. On comptait déjà dans Rome trois statues couronnées de lauriers, et Tacfarins pillait toujours l'Afrique. Il avait trouvé de nouveaux appuis chez les Maures qui, lassés par l'inertie de leur jeune roi Ptolémée, fils de Juba, s'étaient jetés dans la guerre pour échapper aux affranchis, qui s'érigeaient en maîtres, et à la domination des esclaves. Le roi des Garamantes aidait Tacfarinas à piller, et recelait le butin; il ne marchait pas en personne à la tête de son armée, mais il fournissait des troupes légères, et, à cause des distances, on les disait plus redoutables qu'elles ne l'étaient réellement. Toute la population pauvre ou turbulente de la province courait se joindre à Tacfarinas, avec d'autant plus d'empressement que César, après l'expédition de Blesus avait ordonné de retirer de l'Afrique la neuvième légion, comme si le pays eut été entièrement pacifié; et le proconsul de cette armée, P. Dolabella, n'avait point osé la retenir, car les ordres du prince l'effrayaient plus que la guerre elle-même.
--- / (XXIV) : Grâce à cette circonstance, Tacfarinas fait courir le bruit que l'empire romain est déchiré par d'autres guerres; que c'est pour cela qu'on rappelle d'Afrique une partie des troupes, et qu'il sera facile d'écraser celles qu'on y a laissées, si tous ceux qui préfèrent la liberté à la servitude veulent frapper un grand coup. Il augmente son armée, puis il vient camper devant Thubusque, et investit cette place. Dolabella rassemble tout ce qu'il a de troupes; la première marche et la terreur du nom romain fait lever le siège aux Numides, qui d'ailleurs ne peuvent soutenir le choc de l'infanterie. Dolabella fortifie les positions avantageuses; en même temps il frappe de la hache les chefs des Musulames, qui menaçaient de trahir. Sachant par l'expérience de plusieurs campagnes, qu'il était impossible d'atteindre avec un seul corps et des troupes pesamment armées, les bandes errantes de l'ennemi, il appelle le roi Ptolémée et ses auxiliaires, et forma quatre divisions, dont il confie le commandement à des lieutenants et à des tribuns. Les Maures les plus braves conduisent les troupes chargées de faire du butin; lui-même était partout pour diriger.
--- / (XXV) : Bientôt on apprend que les Numides ont dressé leurs tentes auprès des ruines d'un château nommé Auzéa qu'ils avaient incendiés autrefois, et qu'ils comptent sur cette position, fermée de tous côtés par de vastes forêts. Aussitôt les cohortes et la cavalerie, sans bagages, se portent en avant par une marche rapide, ignorant où on les conduit. Le jour commençait à peine, que les soldats romains abordaient, au bruits des trompettes et avec des bruits terribles, les Barbares à moitié endormis. Les chevaux numides étaient au piquet, ou dispersés çà et là pour paître. Du côté des Romains, tout est disposé pour le combat, l'infanterie serrée, la cavalerie en rang de bataille; les Numides, au contraire, surpris à l'improviste, sans armes, sans direction et en désordre, sont culbutés, tués ou pris comme des troupeaux. Irrité par le souvenir de ses fatigues, contre un ennemi qui fuyait un combat tant de fois souhaité, le soldat s'enivre de vengeance et de sang. L'ordre de s'attacher Tacfarinas circule dans les compagnies : " Tous le connaissaient, après tant de combats; seule la mort de ce chef peut mettre un terme à cette guerre. " Mais le Numide, quand il voit ses gardes tués, son fils déjà enchaîné, les Romains répandus partout, s'élance à travers les traits et par une mort qui ne fut pas sans vengeance, s'affranchit de la captivité. La guerre finit avec lui.
Livre IV / (XXVI) : Dolabella demanda les ornements du triomphe. Tibère les refusa; c'était une concession à Sejan, car la gloire de son oncle Blesus pouvait souffrir de la gloire de Dolabella. Mais Blesus n'en fut pas plus grand, et le refus d'une distinction méritée ne fit qu'ajouter à la renommée du vainqueur, car, avec une armée plus faible, il avait fait des prisonniers de marque, tué le chef, et l'honneur d'avoir terminé la guerre lui revenait tout entier. Dolabella était suivi par des ambassadeurs des Garamantes, qu'on avait vus rarement dans Rome. Cette nation, frappée de terreur par la défaite de Tacfarinas, les envoyait pour s'excuser auprès du peuple romain, car elle savait sa faute. On connut alors le zèle de Ptolémée dans cette guerre, et on renouvela en sa faveur un ancien usage. Un sénateur fut désigné pour lui porter le bâton d'ivoire, la toge brodée, antiques présents du Sénat, et le saluer du nom de roi, d'allié et d'ami.
Et voici les résumés qu'en font certains historiens :
1 / JULIEN (Charles André) : " l'Histoire de l'Afrique du Nord ",
Paris, Payot, rééd., 1975, T.I, pp. 128/130.
L'insurrection du berbère Tacfarinas qui, au temps de Tibère, tint sept ans durant, en échec les armées romaines, nous est connu par quelques lignes de Tacite : " Cette même année (17), écrit-il, la guerre commença en Afrique. Les insurgés avaient pour chef un Numide, nommé Tacfarinas, qui avait servi comme auxiliaire dans les troupes romaines et avait ensuite déserté. Il rassembla d'abord quelques bandes de brigands et de vagabonds qu'il mena au pillage; puis il parvint à les organiser en infanterie et cavalerie régulières. Bientôt, de chefs de bandits, il devint général des Musulames, peuplade vaillante qui parcourt des régions dépourvues de villes, en bordure des déserts d'Afrique. Les Musulames prirent les armes et entraînèrent les Maures, leurs voisins qui avaient pour chef Mazippa. les deux chefs se partagèrent l'armée; Tacfarinas garda l'élite des soldats, tous ceux qui étaient armés à la romaine, pour les rompre à la discipline et les habituer au commandement, tandis que Mazippa, avec les troupes légères, portait le fer, la flamme et l'effroi. "
Comme tant de chefs d'insurrection, de Jugurtha à Abd el Krim, Tacfarinas avait appris le métier militaire et fortifié sa haine de l'étranger en servant dans les rangs des envahisseurs. Il fut d'abord un chef de bandes. Entendez qu'il se trouva, sans doute, en présence de révoltes spontanées qui se manifestèrent par des razzias, qu'il lui fallut ensuite les discipliner, les organiser et transformer en armée régulière la cohue anarchique des tribus. S'il réussit, comme l'affirme Tacite, ce ne fut point un simple aventurier, mais un chef d'envergure.
Le mouvement s 'étendit jusqu'à la Maurétanie, à l'Ouest, à la Petit Syrte, à l'Est. Ce fut une révolte générale des tribus du Sud, qui mordit sur les territoires relevant de Rome. Le proconsul M. Furius Camillus, à la tête de la IIIè légion Auguste et de contingents auxiliaires, battit Tacfarinas en bataille rangée et reçut les honneurs du triomphe (17). Mais une révolte berbère ne s'épuise pas dès le premier combat. Suivant leur tactique éternelle, les Numides se dispersent dès qu'ils eurent le dessous pour se reconstituer dans au désert. De là Tacfarinas poussa des razzias soudaines sur les bourgades et les campagnes des confins. Il réussit même à mettre en fuite une cohorte romaine et à enlever un fort (20).
Le proconsul L. Apronius dut intervenir, avec des renforts venus de Pannonie, pour dégager une place assiégée. La poliorcétique n'était pas le fort des Numides. Tacfarinas eut la sagesse d'y renoncer et de revenir aux incursions rapides. les romains ne pouvaient se saisir de cet ennemi qui portait l'offensive là où l'attendait le moins et disparaissant, avec son butin, avant qu'ils aient eu le temps de réagir. une fois cependant, le fils du proconsul, L. Apronius Caesanius, surprit Tacfarinas et le réduisit à se réfugier au désert. Succès précaire qui n'empêcha pas le Numide de reparaître et d'envoyer des députés à Tibère pour lui signifier qu'il eut à lui céder de bonne grâce des terres, à lui et son armée, sans quoi il le menaçait d'une " guerre interminable ".
Tacite voit dans cette sommation la manifestation d'une audace singulière.
Elle témoigne plutôt de la nécessité vitale pour
les Numides de se ravitailler dans les plaines fertiles dont l'occupation romaine
leur interdisait l'accès. Tibère se refusa à négocier.
" On rapporte, écrit Tacite, que jamais insulte à l'empereur
et au peuple romain n'indigna Tibère comme de voir un déserteur
et un brigand s'ériger en puissance ennemie. " Il ne pouvait admettre
que " l'empire au faîte de sa puissance se rachetât, par la
paix et des concessions de territoires, des brigandages de Tacfarinas. "
Un nouveau proconsul, Q. Julius Blaesus, mena une double action contre le Numide.
Par d'habiles promesses et sans doute par des concessions de terres, il provoqua
des dissidences, puis comme plus tard Bugeaud contre Abd el Kader, adapta sa
tactique aux nécessités africaines en organisant colonnes mobiles
qui harcelèrent l'ennemi. Il installe ses troupes dans des camps retranchés,
tout le long des frontières, et put ainsi continuer son offensive même
au coeur de l'hiver, mais il ne réussit pas à s'emparer de Tacfarinas,
comme le lui avait prescrit l'empereur, et obtint, dit-on le triomphe que parce
qu'il est l'oncle du tout puissant préfet du prétoire, Séjan.
Après le départ de Blaesus la situation redevint grave. L'avènement de Ptolémée en Maurétanie provoqua une nouvelle révolte des maures, et Tacfarinas, qui n'ignorait pas que les effectifs romains venaient d'être amputés d'une légion, rallia de nouveaux partisans, si bien que la révolte reprit de la Maurétanie à la Grande Syrte. le proconsul P. Cornelius Dolabella suivit la tactique de Blaesus et finit par rejoindre Tacfarinas près " d'un château à demi ruiné et brûlé jadis par les Numides, nommé Auzia, au milieu d'épaisses forêts où il se croyait en sûreté ". On a affirmé, sans preuves suffisantes, que ce castellum occupait l'emplacement d'Aumale, bien qu'il soit vraisemblable qu'il se dressât plus à l'est. Les soldats " enivrés de vengeance et de sang " égorgèrent à l'envie, les Numides surpris au repos. Tacfarinas se jeta au-devant des ennemis " et se déroba à la captivité par une mort qu'il fit payer cher ". Le massacre du chef mit fin à la guerre.
2 / BENABOU (Marcel) : " La résistance africaine à la romanisation
",
Paris Maspéro, 1976, pp. 75/83, chapitre intitulé : " Les
semi-nomades face aux empiétements romains : Tacfarinas ".
Les troubles suscités par l'annexion de la future Numidie, les victoires militaires consécutives à ces troubles avaient transformé à la fois la situation sur le terrain et la stratégie des Romains. Ainsi la nécessité d'asseoir l'occupation militaire sur des bases solides dicté la construction de la voie Haïdra à Gabès par Gafsa, ce qui impliquait la mainmise effective de l'autorité romaine sur une grande partie du sud tunisien. Ceci, se traduit, pour les tribus semi-nomades, habituées à se retirer dans les montagnes en été et à passer l'hiver dans la steppe, par l'impossibilité de continuer leurs déplacements saisonniers.
Les Musulames, qui avaient déjà vu leurs terres réduites par Cossus Cornelius Lentulus, se trouvaient maintenant privées par la nouvelle route, d'une bonne moitié de leur territoire. Cette dépossession, qui intervient tandis que par ailleurs s'effectue l'inventaire ordonné par Auguste des ressources de la province , détermine les Musulames à reprendre la lutte. Ils le font donc, mais la guerre qu'ils vont mener semble différer profondément des mouvements qui l'avaient précédée sous le règne d'Auguste.
Les Musulames en effet ne sont pas une banale tribu comme il y en tant dans l'Afrique romaine et indigène. Plutôt qu'une tribu, c'est sans doute une confédération : l'on connaît l'une de composantes de cette confédération, la tribu musulames Gubul que mentionne un texte de Theveste. Son importance ne date pas de l'empire, mais remonte bien au-delà dans l'histoire africaine. Bien qu'ils ne soient pas nommés par Salluste, qui s'est peut soucié de donner des noms de tribus africaines, ils durent prendre une part à la guerre de Jugurtha; en effet la ville de Thala, qui est sur le territoire de la confédération musulame, était acquise à Jugurtha, et elle ne fut prise, par Metellus, qu'après une longue résistance. L'importance des Musulames est due à la taille et à la place de leur territoire : ils possèdent en effet la plus grande partie du bassin du Muthul (Oued Mellègue), vaste zone aux multiples utilisations possibles, et dans laquelle l'administration saura tailler pour constituer des domaines publics et privés, des cités et des marchés. Le début du 1er siècle marque pour les Musulames un tournant : ils se décident à la résistance armée, mais à une résistance d'un type nouveau. Pour la première fois en effet, des Africains vont tenter d'emprunter aux Romains, très maladroitement sans doute, mais avec une indéniable détermination, une partie de leur technique guerrière. Armement, organisation d'unités diversifiées, utilisation d'une tactique adaptée aux circonstances mouvantes du combat, autant d'éléments qui donnent à cette guerre de sept ans une importance particulière de la résistance africaine à la romanisation.
La guerre qui va commencer en 17 sera toute entière dominer par la personnalité de Tacfarinas. Celui-ci qui avait servi dans l'armée romaine -dans un corps d'auxiliaires-, sut mettre à profit les leçons qu'il avait apprises auprès des Romains pour les retourner contre eux. Sa compétence, dont témoignait l'organisation paramilitaire qu'il avait su donner aux premières " bandes " dont il s'était entouré après avoir déserté l'armée, lui valut de devenir, après ses premiers succès, chef de la puissante tribu des Musulames. peut-être y a-t-il là autre chose qu'un hasard, autre chose que la rencontre fortuite d'un condottiere en mal de troupes et d'une tribu en mal de pillage. N'est-il pas plus logique de penser qu'il s'agit d'une union dictée par une conscience claire des nécessités de la situation ? Pour les Musulames, en effet, la guerre était inévitable, puisqu'elle devait permettre de récupérer les terrains de parcours indispensables à la survie de la tribu dans son mode de vie traditionnel. Or , cette guerre sentie comme vitale, ne pouvait être menée avec les moyens et les méthodes traditionnels (pillages, razzias, etc.), dont l'inefficacité relative avait pu apparaître tout au long du règne d'Auguste. il était donc normal qu'une guerre qui avait changé de sens, changeât aussi de méthode : l'appel de Tacfarinas n'est que la conséquence de cette transformation, le symbole d'une volonté déterminée de résistance. Ainsi seulement peut s'expliquer la durée exceptionnelle de la guerre et son extension, qui sont, l'une et l'autre sans commune mesure avec les " opérations de brigandages " que les autorités romaines (ainsi que Tacite, qui rapporte leurs paroles) affectaient d'y voir.
Il semble bien tout d'abord que le déclenchement des opérations n'ait pas été improvisé; il fut sans doute précédé d'une préparation, que nous dirions diplomatique, fort sérieuse. En effet les Musulames ne se lancent pas seuls dans la bataille. Pour éviter d'être tournés sur leurs ailes, ils s'allient à l'ouest avec les Maures, commandés par Mazippa, à l'Est avec les Cinithi , proches des Syrtes : une sorte de front s'étendant des confins méridionaux du royaume de Juba jusqu'à la Petite Syrte est ainsi créée. A l'intérieur même de ce front, une sage " division du travail " est aménagée : les troupes de Tacfarinas sont organisées à la romaine, avec des unités de fantassins et des ailes de cavaliers, habitués à manoeuvrer en ordre, bien formés et bien entraînés; les troupes de Mazippa, elles, restent fidèles à la tactique traditionnelle des cavaliers maures qui fondent sur l'ennemi et le harcèlent en groupes légers, mobiles, insaisissables. En se réservant ainsi la possibilité de jouer sur les deux registres, et de mener alternativement, selon les circonstances, les deux types de combat, Tacfarinas comptait sans doute embarrasser le commandement romain et bénéficier de l'effet de surprise que ne manqueront pas de provoquer chez l'ennemi cette organisation bifide.
Ainsi préparé diplomatiquement et militairement, Tacfarinas, en 17, ne craint pas, lorsque le proconsul Furius Camillus entre en campagne contre lui, de livrer bataille à découvert, alors qu'il aurait pu éluder le combat. Mais cet acte d'audace, quoique appuyé sur un dispositif qui eût pu garantir le succès se révéla présomptueux, ou peut-être seulement prématuré : dans une bataille de type classique, la supériorité de l'expérience romaine sur la neuve discipline des Musulames ne se démenti pas. Furius Camillus remporta là une victoire qui lui valut les ornementa triomphalia et l'érection d'une statue à Rome. Juba II avait dû, de son côté, participer directement ou indirectement à cette opération, puisqu'il frappe en 18 des monnaies à l'effigie de la victoire.
Tacfarinas avait perdu sa première bataille; il se retira pour préparer, avec des forces nouvelles, la bataille suivante que de multiples escarmouches durent précéder entre 18 et 20. On en connaît le plus célèbre épisode, la défaite de la garnison qui tenait un fort proche du fleuve Pagyda. Ce petit désastre, qui illustrait d'une manière significative l'insécurité de la région et la vulnérabilité des positions romaines, détermina le commandement romain à prendre des mesures : une nouvelle légion, la IX Hispana, prise sur les armées de Pannonie et commandée par P. Cornelius Lentulus Scipion fut envoyée pour renforcer les troupes du nouveau proconsul, L. Apronius. Lorsqu'en en 20, Tacfarinas tente la prise du fort de Thala (le même probablement que l'actuelle Thala, non loin d'Ammaedara), il subit un échec dont il sut rapidement tirer la leçon : il fallait changer de tactique, abandonner l'espoir de battre les Romains dans leur propre spécialité, revenir donc au harcèlement, multiplier les opérations et répandre la guerre sur l'ensemble du territoire. Ce qui fut fait : spargit bellum, dit Tacite de Tacfarinas.
Ce petit jeu toutefois ne dura guère; alors qu'il s'était retiré non loin de la côte, Tacfarinas est attaqué par surprise, et une colonne légère commandée par L. Apronius Caesianus, le fils du proconsul, lui inflige une défaite assez grave pour le contraindre de se retirer une nouvelle fois. Le proconsul obtient les ornementa triomphalia et une statue, tandis que son fils reprit le septemvirat epulonum.
Cette victoire pourtant n'a rien résolu : la situation est toujours aussi grave et l'empereur Tibère aussi bien que le Sénat souhaiteraient l'envoi en Afrique d'un homme capable de mettre Tacfarinas hors de combat. Ce fut finalement sur ordre de Tibère que le sénat, qui essayait d'engager le moins possible sa responsabilité choisit Q. Junius Blaesus, l'oncle de Séjan. Son gouvernement est marqué par quelques faits d'importance.
Le plus significatif est sans doute la tentative faite par Tacfarinas pour négocier avec Tibère. Tacfarinas, quoique vaincu à deux reprises, pensait apparemment se trouver en position relativement forte : il avait fait la preuve, sinon de son invincibilité, du moins de son aptitude à faire durer indéfiniment la guerre et à en sortir indemne avec des forces renouvelées. Conscients de l'inutilité de la poursuite des opérations dont aucune n'est déterminante, il propose un accord et demande, pour cesser les combats, l'octroi des terres pour lui et son armée. il s'agit sans doute de ces terres dont l'avance de la domination romaine avait privé les Musulames ; la requête de Tacfarinas éclaire donc rétrospectivement ses véritables buts de guerre. Mais, si fondée qu'elle fut, elle devait nécessairement apparaître comme scandaleuse à Tibère, qui affectait de ne voir en Tacfarinas que le déserteur et le brigand qu'il faut, non pas écouter, mais punir.
Il semble pourtant qu'à Rome comme en Afrique certains commençaient à se lasser de cette guerre qui portait préjudice à leurs activités : les commerçants notamment reprirent leur fructueux négoce avec les Musulames et certains passèrent devant les juges pour cette raison. il serait à coup sûr excessif et hasardeux de tirer parti de cette observation pour en conclure qu'il existait à Rome un parti prêt à faire la paix avec Tacfarinas; du moins est-il légitime de dire que la guerre qui durait depuis plusieurs années devait léser sérieusement quelques intérêts romains et qu'on devait souhaiter dans certains milieux la reprise de relations normales avec les régions où sévissait la guerre. Peut-être est-là ce qui explique, au moins en partie, la tentative de Q. Junius Blaesus, de détacher les " rebelles " de leur chef en leur promettant le pardon s'ils se ralliaient. Tentative qui fut, au dire de tacite, suivie de quelques succès : l'octroi de terres récompensa peut-être ces transfuges.
La capture de Tacfarinas restait néanmoins le but principal du proconsul qui, instruit par les échecs et les demi-succès de ses prédécesseurs, décida d'adopter la tactique de son ennemi, c'est-à-dire celle-là même qui avait permis à Metellus et à Marius de venir à bout de Jugurtha : le fractionnement des troupes en plusieurs corps très mobiles. Trois colonnes sont formées : celle de l'est, protégeant les Syrtes, celle de l'ouest, destinée à défendre le territoire de Cirta, celle du centre enfin, chargée de la région de Théveste et d'Ammaedara. la tactique réussit en partie à affaiblir Tacfarinas. Blaesus, sur sa lancée, fractionne encore ses troupes, et en plein hiver (22 - 23) n'hésite pas à faire campagne ce qui lui valut quelques succès. Mais Tacfarinas, dont le frère fut tué, reste insaisissable. Lassé, et sans doute déçu, Blaesus quitte son commandement, pourvu bien entendu des ornements triomphaux et de la statue, qui avaient déjà récompensé les éphémères succès de ses deux prédécesseurs.
Quand arrive juillet 23, le nouveau proconsul P. Cornelius Dolabella, la situation de Tacfarinas s'est nettement modifiée. D'une part, la mort de Juba II a mis sur le trône de Maurétanie le jeune Ptolémée dont le comportement provoque la colère et le mécontentement chez les Maures; d'autre part, Tacfarinas à réussi à obtenir la participation effective des Garamantes et de leurs troupes, sans compter celle de nombreux mécontents issus de l'Afrique même. Ainsi la presque totalité du sud et de l'Africa se trouve liguée contre les Romains. En outre le rappel de la IX Hispana en Pannonie dégarnit partiellement le front africain. Tacfarinas, décidément fort habile dans tous les domaines, ne manque pas de tirer argument de cette bévue. Il y voit, ou feint d'y voir, la preuve que l'empire est aux abois et que l'Afrique est bonne à prendre. il alimente une sorte de campagne de propagande sur ce thème. Le fait de recourir à une campagne de cet ordre est particulièrement intéressant, en ce qu'il traduit l'aptitude Tacfarinas à penser en terme de stratégie globale, et à définir la situation africaine dans le cadre plus vaste des difficultés que connaît Rome avec son empire. ici encore, nous voyons à l'oeuvre non le chef turbulent d'une horde de pillards, mais un dirigeant avisé, bien informé, luttant, avec souplesse et ténacité à la fois, au service d'une cause précise.
Il est vraisemblable que la coïncidence d'événements favorables à encouragé Tacfarinas à reprendre l'initiative des hostilités contre Dolabella et même de tenter de porter un grand coup contre celui-ci. le siège de Thubuscum -c'est-à-dire presque certainement Thubursicu Numidarum- paraît correspondre à cette ambition. mais la résistance de la place et l'arrivée de Dolabella obligent Tacfarinas à lever le siège et à se réfugier près d'Auzia (Aumale).
La phase ultime de cette interminable guerre commence alors. Dolabella reprend
la tactique de Blaesus et forme quatre colonnes, dont une comprend des auxiliaires
fournit par Ptolémée. Quelques chefs Musulames, sans doute ceux
que les promesses de Blaesus avaient ralliés à l'autorité
romaine, ayant fait mine de fléchir, il les fait exécuter pour
s'assurer la fidélité des hommes. Puis à la hâte
et par surprise, il se porte contre Auzia où se déroule la dernière
bataille, qui voit la mort de Tacfarinas et la fin de la guerre.
L'échec de Tacfarinas est lourd de conséquences, non seulement
les tribus ne récupèrent pas la portion de territoire qui leur
avait été enlevé, mais encore les autorités romaines,
tirent la leçon des années de luttes, étendent plus loin
encore leur zone d'occupation, comme le prouve l'oeuvre de centuriation poursuivie
par la légion sous le proconsul C. Vibius Marsus.
jer ti nekriwin d imgura yekeren ad i yela ruman, mata wender-nen dey-sent d
tin n tikfarin deg segas n 17. tikfarin ye segrew-ed uwdan, yoc asen t'ikli
n'i igen . ye bdà-ten d igolaf n imnayen ok-d t munin . ar t agar ye-tna
d èeneral n imuzlamen ; auref aye zemren i'd yelan seg ùurar n
awras (Aurès) ar tebest (Tébessa) ar &ala (Thala en Tunisie)
deg tunes (Tunis). a$ref-a yeker y-uwi yid-es i naragen enes i mawren (Maures),
ameqran ensen d mazifa.
tikfarin yu wiyid-es imanuayen y-ufraren, ma d mazifa y-uwi imnayen fesusen,
ye qeden ad azalen seg ur ar wayed.
simal i-t emnauen, simal uwdan seg maruk ar tunes, i-t asen ed yid tikfarin
uk-d mazifa. d wayi ye-saweden tikfarin ad ye-serf, deg segas n 22, ta mequnt
n owdan enes ad i-utlayen u-d u menkad n ruma (Rome), a-sen ed i-ucen &amur&
ensen deg afrik ...
... tikfarin yena-yas i ruma a-d i-ucen &amur& neu amgaru ur i-t beda,
i rumanen ad i-afen deg brid ensen ta metant d u' uras. roma sigut ed imanuayen.
si t-ama n imaziuen, iserdasen n btuleme i uwelen ed ar tikfarin. Agelid n igaramanten
ye serfed i tikfarin iserdasen enes ad i ugiren yid-es.
tikfarin i laua i owdan y-exsen ad y ederen deg tileli ad idukelen.
ma d ruma et serf-ed amur ameqran n iserdasen aken at-terz tanekra agi y-eguren imira 7 isegasen.
deg segas n 24, tikfarin ok-d cra n irgazen elan yid-es ezin asen ed iserdasen n roma y qimen, as eni, eneqen dey-sen, ueresen asen. tikfarin, or y-exs ec-ad i tua e$ef d amudur, yuùef deg menu, ur yili d ict neu-d sen n-irumanen i iuwid-es, sdat a-t-nuen.
deg segas n 40, ayt muzlam (imezdau n awras) ernin ekeren-d ad i nauen ad i uweten ruma.
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Tiré de "L'Afrique
du Nord dans l'Antiquité" par F. Decret et M. Fantar, Tunis, 1980.
Extrait en parler chaoui reproduit d'après la traduction de Hocine CHERADI
in : "Etudes de linguistique tamazight", Boufarik (Algérie),
Imp., L'Artisan, 1992, et transcrit en tifinagh par nos soins.
Nota :
Nos plus vifs remerciements pour l'association afus deg wfus
de Roubaix (France) qui nous a permis d'utiliser sa police de caractères
tifinagh.
©Ammar NEGADI