Avertissement
: Les articles publiés dans cette page sont des témoignages issus de sources différentes. Vous pouvez faire tout usage que vous jugeriez utile sous réserve de citer les auteurs et la source. |
Commémoration du 53ème anniversaire du déclenchement de la guerre d'indépendance Depuis
1962, bien des générations, par un enseignement dévoyé
d’une histoire tronquée, par le manque de publications,
par l’absence de témoignages et, surtout, par «un
matraquage» s’apparentant à de «l’intox»,
ils ne savent plus qui croire, quoi comprendre et encore moins démêler
le vrai du faux...
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USA - Afrique du nord : enjeux sahariens et guerre énergetique... Sans
remonter à l’époque «barbaresque» et
la capture de vaisseaux US par les «pirates» algérois…
Nous allons voir à travers quelques textes que les USA, dès
la seconde guerre mondiale, s’intéressaient à cette
région du monde…
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Monographie de l'Aurès..... de 1904
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(Remerciements à SOUANEF Toufik qui nous a fourni de document) |
Germaine Tillion et ses vies algériennes. Par : Djemaâ DJOGHLAL La dame « aux trois vies »
de ce siècle, peut aussi se targuer d’avoir vécu
plusieurs vies algériennes au cours de cette période riche
en changements politiques, techniques, sociaux et culturels, auxquels
elle participa directement et indirectement.
Germaine Tillion. Ethnologue et militante anticolonialiste Il était une fois l’ethnographie...
Profondément
humaniste, Germaine Tillion a milité pour les droits de l’homme
aux côtés de David Rousset, sociologue du nazisme et du totalitarisme,
et s’est opposée à la torture en Algérie. Elle
est signataire d’un appel à la condamnation de la torture
durant la guerre d’Algérie (appel signé par douze
personnalités, à l’initiative de L’Humanité,
le 31 octobre 2000). Germaine Tillion découvre l’Aurès en 1934 L’ethnologue découvre les Aurès en 1934. Elle avait 25 ans. Etudiante de Marcel Mauss à l’institut d’ethnologie, elle effectue dans l’Aurès six ans de mission. De ce séjour, elle rapporte des notes et deux thèses de doctorat qui ont disparu pendant sa déportation à Ravensbrück en 1943. Pour Germaine Tillion, l’Aurès, « c’est l’histoire d’une amitié avec le peuple algérien. J’ai été reçue partout comme quelqu’un de la famille. Dans ce livre, je reprends tout ce que j’avais écrit de scientifique sur l’Aurès. J’avais recensé les parentés de tous les groupes de l’Aurès entre eux, les farkas. Cela permettait de restituer les différents occupants de l’Aurès. J’avais noté tout ce qui était considéré par la population comme essentiel. Ces documents représentaient mes thèses de doctorat. » (Interview qu’elle nous avait accordée fin 1999). « Je n’ai pas connu une Algérie, j’ai toujours connu des Algérie. C’était le cas en 1934. Il y avait déjà plusieurs Algérie. Les Français d’Algérie, c’était une Algérie. C’étaient des gens qui étaient aussi des migrants, comme les migrants algériens qui sont actuellement en France. J’ai considéré qu’ils avaient, au fond, construit quelque chose en Algérie. Et ce quelque chose était valable. C’était leur existence. C’étaient des pieds-noirs comme on dit, comme on ne disait pas encore en 1934. J’ai entendu ce mot pour la première fois après 1954. » (interview op cit). Et d’ajouter : « Je suis persuadée que les migrations massives d’Algériens en France ont été un élément déclencheur de la Révolution en Algérie. » (interview op cit). Germaine Tillion entre dans la résistance dès juin 1940. Avec, entre autres, Pierre Brossolette, elle crée et anime le réseau du musée de l’Homme qui travaille à l’évasion de prisonniers et au renseignement. Arrêtée en 1942, elle est déportée en camp de concentration en 1943. Sa mère est morte au camp de Ravensbrück. Sa grand-mère, elle-même, a été arrêtée, en 1942, à quatre-vingt-onze ans. De sa libération du camp de Ravensbrück en 1945 à 1954, elle travaille à recueillir des témoignages sur les crimes nazis. En 2000, Germaine Tillion reçoit des mains de Geneviève Antonioz de Gaulle, présidente de l’Association des déportées et internées de la Résistance, la grande croix de la Légion d’honneur pour ses positions humanistes et les combats justes qu’elle a menés. Germaine Tillion revient en Algérie en 1954, crée les centres sociaux et rentre en France en 1956. Création des centres sociaux L’objectif des centres sociaux est de « permettre à un pays dans son ensemble, et grâce à sa jeunesse, de rattraper les retards techniques qu’on appelle "sous-développement". Dans un langage plus simple cela veut dire : vivre », écrivait Germaine Tillion dans Le Monde le 18 mars 1962 dans un texte intitulé « La bêtise qui froidement assassine », trois jours après l’assassinat par l’OAS de Mouloud Feraoun et de ses cinq collègues enseignants, responsables de centres sociaux à Alger. « Je voulais augmenter les ressources de chaque famille et, essentiellement, donner aux enfants algériens, filles et garçons, une instruction équivalente à celle que recevaient les enfants français. Dans les centres sociaux installés à la campagne, il y avait aussi un spécialiste de l’agriculture, parce que mon idée n’était pas d’envoyer tout le monde en ville, mais de faire vivre mieux les gens à la campagne. Et s’il n’y a pas moyen d’y vivre, alors, on doit pouvoir vivre en ville. Mais cela veut dire qu’il faut valoriser la campagne », nous disait-elle (interview, op cit). Dans les dernières pages de L’Afrique bascule vers l’avenir, Germaine Tillion écrit que « l’on peut déjà prévoir que la barque algérienne tiendra mal la mer ». L’ethnologue considère que le bien-être des populations, particulièrement des femmes, passe par l’éducation, par une répartition équilibrée des ressources. « On risque le pire si l’accaparement des ressources est entièrement le fait de quelques-uns. » Elle écrit : « Je découvris alors (à Alger, ndlr) les rouages d’un colonialisme vivace, obstiné, entreprenant et attaché à des intérêts contraires à ceux de la majorité, c’est-à-dire du bien public. » Elle dénonce la « minorité de colons qui voulait tout accaparer », qui « avait une main-d’œuvre qu’elle exploitait et qu’elle voulait garder », qui « avait des privilèges, de l’argent et des relais qui, à Paris, exerçaient des pressions sur les députés. » « La grande erreur de l’Etat français a été de ne pas abolir les privilèges et donner les mêmes droits à tous. » La première à utiliser le terme de clochardisation Germaine Tillion est la première à utiliser le terme de clochardisation. Dans La Traversée du mal, elle explique que « la clochardisation, c’est le passage sans armure de la condition paysanne (c’est-à-dire naturelle) à la condition citadine ». Anticolonialiste, Germaine Tillion a inlassablement lutté pour la paix entre l’Algérie et la France. Elle revient en Algérie en juin 1957 avec une commission internationale d’enquête sur les lieux de détention français en Algérie. En juillet 1957, en pleine Bataille d’Alger, elle favorise le premier contact entre les dirigeants du FLN et le gouvernement français (qu’elle raconte dans Les Ennemis complémentaires, et ensuite dans ses entretiens avec Jean Lacouture : La Traversée du Mal. « En 1957, j’ai essayé que l’on arrête la guerre, qu’on ait une négociation et que l’Algérie décide librement de son sort. C’est Geneviève Antonioz de Gaulle qui me servait d’intermédiaire avec son oncle (le général de Gaulle, ndlr), qui lui portait mes lettres », nous avait dit Germaine Tillion (interview op cit). « Lorsque la torture s’est généralisée, j’ai été alertée par mes amis algériens. J’ai alors pris contact avec mes camarades de déportation. » (interview, op cit). « J’avais rencontré Yacef Saâdi et ses camarades à leur demande. Quand ils ont été arrêtés, j’ai fait une déposition. Ils ont eu la vie sauve. Je m’étais attachée à sauver la vie des Algériens » (interview op cit). Pour ce faire, elle faisait intervenir des gens connus, des intellectuels. « C’est comme cela que j’avais tous les numéros de téléphone de Camus pour lui signaler les Algériens en danger de mort », nous disait-elle encore. Elle est intervenue auprès d’Edmond Michelet, ministre de la Justice (qu’elle avait connu dans les camps de déportation nazis), pour qu’il mette fin à la peine de mort contre les militants nationalistes pendant la guerre d’Algérie. Germaine Tillion fonde en 1963, aux côtés d’Edmond Michelet, l’association Amitié France-Algérie, que préside actuellement Bernard Stasi. PARCOURS Germaine Tillion a publié Ravensbrück (1946), L’Algérie en 1957 (1957), Première résistance en zone occupée. Du côté du réseau du musée de l’Homme (1958), L’Afrique bascule vers l’avenir, Les Ennemis complémentaires (1960), Le Harem et les cousins (1966), La Traversée du mal (1997), Il était une fois l’ethnographie (2000). Jean Lacouture lui consacre une biographie Le témoignage est un combat. |
Ces
résistantes anonymes de la Guerre d’Algérie en France
In
http://www.quotidien-oran.com
du 1/11/2004
Par : Djemâa Djoghlal Aujourd’hui, des nostalgiques de «l’Algérie de papa», en Algérie et en France, s’autorisent des lectures malveillantes voire révisionnistes sur un passé colonial qui a tant de mal à passer. Ainsi, la population colonisée, dominée, de statut social, politique et juridique différent donc de race différente, vivant entre des frontières séparant les citoyens de première zone et les «indigènes indésirables», est qualifiée ainsi que son combat pour sa dignité de «bourreau» par celles et ceux dont la mémoire et la conscience ne sont pas en paix. Alors que celles et ceux qui en appellent journellement et médiatiquement aux «devoirs de mémoire», prennent au sérieux leur propre rhétorique qui décrit souvent leur parcours personnel ou familial au détriment d’une mémoire d’un peuple qui a subi 132 ans de nuit coloniale et 7 ans de Guerre de Libération. A travers l’exemple des écrits sur la Résistance française, où la connaissance historique dépend de chaque témoignage, document personnel et archives publiques qui viennent enrichir ou démentir ce qui était jugé vérité la veille, la vérité sur ce conflit inégal ne peut jaillir puisque la législation française rend inaccessibles certaines archives importantes de la Guerre d’indépendance algérienne. Sans aucune prétention historique, vu les insuffisances des recherches historiques sur l’émigration féminine en Algérie et immigrée en France, nous relaterons quelques faits connus du grand public. Mais comment les transcrire sans les déformer sachant que la mémoire est sélective, comment relater, en quelques lignes, des millions de comportements et de sentiments qui se sont déroulés il y a 50 ans sans tomber dans le piège des discours lénifiants ou glorifiant ? Comment dévoiler des mémoires féminines habituées à la modestie, à la pudeur et à l’ombre ? Comment évoquer un crime rarement abordé: la destruction des enfances et des adolescences des enfants de ces émigrées/immigrées ? Il est vrai qu’en ces temps-là, Camus, l’intellectuel d’Algérie, considéré partout comme étant «la voix de l’Algérie», préféra sa mère à la justice pendant que les indépendantistes algériens choisissaient de se sacrifier pour retrouver leur liberté et leur dignité. Si dès 1873, l’émigration kabyle fut une pièce «de la politique berbère»(1) de l’Administration coloniale, elle fut surtout masculine, c’est-à-dire composée d’hommes valides venus pour travailler ou combattre dans l’armée française. L’émigration familiale débutera après la Seconde Guerre mondiale. L’appel à un nombre plus important de salariés «bon marché» pour la reconstruction de la France et la dégradation de l’économie traditionnelle qui développa une misère accrue en Algérie allaient provoquer un regroupement familial, non préparé par les pouvoirs publics, d’où l’installation de ces familles dans les taudis des centres-villes ou dans les bidonvilles situés à la périphérie des grandes villes industrielles. Pendant la guerre d’indépendance, il y eut une amplification du phénomène migratoire des femmes et des enfants rejoignant les chefs de famille, phénomène dû aux déplacements forcés, par l’armée coloniale, des populations rurales afin qu’elles ne «servent pas de base arrière au FLN»(2). Ces «regroupements» ont déstructuré les anciennes formes de solidarité tribale et amené ce que Germaine Tillon a qualifié de «clochardisation»(3) de la population. Le statut de l’immigrée dépendait de celui du mari, lui-même étant un «indigène» ou un «Français Musulman» voire un simple «Nord-Africain», c’est-à-dire sans réelle assise de citoyenneté, cette cohorte féminine fut sans citoyenneté et oubliée à ce jour. Elles ont affronté les affres d’une immigration non souhaitée et furent plongées dans un système social aux antipodes de leur culture rurale et orale. En 1954, 95% d’entre-elles étaient analphabètes, les quelques scolarisées avaient fréquenté le système scolaire colonial ou les écoles coraniques. Ainsi, pour elles, à cet exil forcé s’ajoutaient les nouveaux défis liés à la «Guerre d’Algérie en France». A l’époque, le contexte international de guerre froide et de décolonisation mettait en parallèle les idées d’émancipation des pays et des êtres. Sachant que tout processus rapide de changement social se heurte à des rejets individuels et collectifs, la Fédération de France du FLN, pour enrôler ces femmes, faisait dépendre la libération de la femme de l’avènement de la société future. Donc, en France, la lutte de la femme algérienne a été vite adaptée de manière originale aux conditions locales. Outre les tâches de liaisons, renseignements, ravitaillement, aides aux familles des patriotes du maquis, des prisons et des camps, elle a charge d’établir des contacts avec les femmes de France et de leur montrer le véritable visage de notre Révolution...(4)Nées et élevées dans un système patriarcal rigide, ces femmes allaient traverser les siècles d’un grand bond. Résistantes de l’ombre, elles savaient que l’imprudence de l’une d’entre elles ou la délation des relais du pouvoir colonial entraînerait automatiquement de graves conséquences pour l’ensemble des combattants. Dès le début de la Révolution, François Mitterrand (ministre de l’Intérieur) répondit à sa manière aux soulèvements: «... l’Algérie, c’est la France et tous les moyens seront réunis pour que la force, quelles que puissent être les difficultés et les cruautés de cette tâche, seront employés pour préserver la France...»(5). Tous les services (travail, logement, santé) destinés aux «Nord’Af» (Algériens) dépendaient de son ministère, les responsables de la Fédération le savaient et devaient en tenir compte pour agir. Ces immigrées connurent toutes les épreuves de la répression militaire et policière qui voulait, à tout prix, décapiter la Fédération de France du FLN. Ainsi, «les réactions policières sont loin d’être négligeables; l’action de la DST provoque de sérieux dégâts dans les rangs de l’état-major métropolitain du FLN. Celui-ci est sérieusement handicapé par les arrestations d’avril 1955 puis par celles d’août 1956. En février 1957, la presse annonce que «le FLN en France est décapité»»(6) Elles subirent les harcèlements constants des policiers, leurs matraquages, leurs pillages, les destructions de papiers à toute heure du jour ou de la nuit au milieu des enfants, dans tous les bidonvilles et les quartiers d’habitat insalubre(7). Le 6 septembre 1955, sur l’ensemble du territoire français, 30 000 Algériens furent contrôlés le plus souvent dans leur logement en présence des femmes et des enfants, quelques-unes s’en souviennent encore. A ces exactions policières, s’ajoutaient les craintes de rencontrer les sbires du MNA(8) qui agissaient directement sur les populations ou qui servaient d’informateurs aux forces de répression coloniale. «... Au cours des premières années de guerre, on trouvera partout le MNA face à nous, en Algérie et en France, il fut la cause de pertes d’hommes, de luttes fratricides et de gaspillages d’énergies. A cause de Messali, ses disciples manquèrent au rendez-vous de l’Histoire». (9) En Algérie et en France, celles et ceux que les politiques et les médias de l’époque nommaient «terroristes» faisaient face à la quatrième puissance militaire de l’époque, qui était membre de l’OTAN et bénéficiait de l’aide américaine pour son armement (10) et des apports des services secrets amis y compris au Moyen-Orient. Devant la difficulté de casser entièrement la Fédération de France du FLN, en 1959 Michel Debré créa une police parallèle formée de harkis encadrés par des officiers français. Placées entre le marteau et l’enclume, les immigrées furent, néanmoins, des soldats de l’ombre redoutables, elles voulaient laver l’insulte de «fatma», donnée à des générations d’ancêtres. Les héritières de Dihya renouaient les fils de la dignité de leur mémoire ancestrale, ne furent-elles pas bercées par les chants à la gloire des «bandits d’honneur», et les récits des massacres qui ont suivi tous les soulèvements dans le pays, dès le début de la colonisation. Elles avaient, pour certaines, vécu personnellement ou à travers des membres de leur famille la répression sanglante du 8 mai 1945 et ses massacres à Guelma, à Sétif et Kherrata. Elles avaient vu l’aviation coloniale survoler tout l’Est algérien durant ce sinistre mois. Et si pour les colonialistes les tortures vont de pair avec l’identité du colonisé, une femme relatant les tortures subies pendant la Révolution dit «j’ai subi ça avec fierté pour mon pays»(11). Elles obéirent aux directives de la Fédération sans sourciller, sans crainte du danger et sans poser de questions ou remettre en doute les ordres reçus, seule la liberté du pays comptait. Elles accomplirent des faits héroïques restés sans reconnaissance, sans avantage et sans médaille. Durant des décennies leur participation et leurs sacrifices subirent une chape de plomb tant de la part de leurs «frères» que des historiens, faut-il s’en étonner puisque dès le début de la Révolution, Frantz Fanon, le thérapeute engagé, n’aborda ni leurs mots, ni leurs maux. Ce qui lui paraissait le plus important, le plus urgent, c’était de passer du colonialisme à l’indépendance et de l’indépendance à la libération de tous les citoyens algériens où la femme serait tout simplement l’égale de l’homme comme avant, comme pendant la guerre de libération nationale(12). Pourtant, elles ont pris part à des faits connus du grand public telle Aïcha Aliout, née en 1930 à Bono (Maubeuge), qui fit partie en 1958 de l’OS de la Fédération de France, elle participa à la tentative de sabotage du réseau de transmission de la Radio-Télévision française et de la Préfecture de Police placé au sommet de la tour Eiffel. A Montpellier, elles se souviennent qu’il y a eu des soutiens de certains syndicats étudiants mais d’autres ne se sont pas gênés, en janvier 1956, pour refuser, à coups de poings, une réunion d’information d’étudiants nationalistes algériens, le Conseil d’Université demanda que soient supprimés aux «terroristes» le restaurant, le logement et le droit de se présenter aux examens. Le 5 octobre 1956, lors du couvre-feu décrété par Maurice Papon (préfet), la Fédération avait décidé une manifestation de riposte le 17 octobre, en donnant l’ordre de placer les femmes et les enfants en tête des cortèges, il fallut attendre l’ouvrage de référence de Jean-Luc Einaudi(13) pour lever le voile sur ce qui fut un crime de plus dans la politique colonialiste. Les 19 et 20 octobre 1961, suite aux massacres et à la répression du 17, la Fédération de France du FLN étend à la province les manifestations. La police arrête femmes et enfants sans ménagement. Le 7 novembre et le 9 novembre, plusieurs grèves de la faim sont engagées par les prisonniers, les femmes algériennes manifestent devant les prisons, elles subissent les arrestations, les confiscations de banderoles et quelquefois des confiscations de papiers d’identité. La hargne de l’OAS jusqu’au-boutiste a pratiqué la terre brûlée en Algérie, en France ses assassinats et ses plasticages destinés aux «ratons» n’épargnèrent pas les Français qui connurent l’horreur, le 6 février 1962, à travers le cas de la petite Delphine Renard qui perdit la vue suite à une bombe lancée dans l’appartement familial destinée, en fait, à André Malraux. La manifestation de protestation du lendemain, organisée par les anti-colonialistes se solda par 8 morts et 250 blessés, elle demeure dans les mémoires sous le nom de la «Tragédie de Charonne». Aux tortures physiques et psychologiques, ces femmes et leurs enfants partagèrent les privations de tous ordres puisque 95% du financement de cette Révolution dépendaient des cotisations versées par la 7e Wilaya(14). Ce trésor de 500 millions francs (de l’époque)(15) versés chaque mois par 150 000 cotisants, pour 250 000 personnes (femmes et enfants compris) ne peut réellement indiquer la mesure des sacrifices consentis que si l’on évalue le poids de la cotisation demandée à un manoeuvre (90%) qui gagnait 42 000F par mois dont 3 000 F étaient destinés à la Fédération de France, surtout que certains immigrés cotisaient aussi dans leur région d’origine. Moment exceptionnel par son originalité et sa densité, pourtant l’origine sociale de groupe et la conscience de classe n’étaient pas connues de l’ensemble des Algériennes(16). Puisque «en effet, la Fédération de France du FLN s’applique à organiser les femmes algériennes émigrées, à élargir leur culture politique, et à leur expliquer les missions précises qui les attendent aujourd’hui et demain».(17) Ce demain qui devait chanter pour elles aussi ne vit pas le jour, l’épopée de leurs engagements resta sous silence même si elle habite leurs mémoires et celles de leurs descendants. Dans les bidonvilles en dur qui ont remplacé les bidonvilles en carton et en zinc, les humiliations vécues au quotidien subsistent avec le mythe du retour depuis des décennies. Ce n’est qu’en 1999 que la France reconnaîtra «la Guerre d’Algérie», si les responsables politiques ne parlent plus de «pacification» ou «des événements», les descendants des colonisés sont toujours regardés et traités à travers les mêmes problématiques de citoyens de seconde zone. Quant au statut offert par l’Algérie aux émigrées, il peut être défini par Victor Hugo écrivant dans sa lettre à Léon Richer en 1872: «La loi a des euphémismes: ce que j’appelle une esclave, elle l’appelle une mineure». NOTES 1. Gillette Alain et Sayad Abdelmalek, «L’Immigration algérienne en France», Ed. Entente, 1984 (1re 1976), 286 p 2. Comaton Michel, «Les Regroupements de la colonisation en Algérie», préface de Germaine Tillion, Ed. Ouvrières, 1967 3. Tillion Germaine entretien avec J. Lacouture, «La Traversée du Mal», Arléa, 1997, 125 p. 4. «Français, le savez-vous ? La vie quotidienne des travailleurs algériens en France». Fascicule édité par la Fédération de France du FLN, août 1960, 16 p. 5. A l’Assemblée nationale, JO du 3/11/1954. 6. Raymond Muelle, «7 ans de guerre en France - quand le FLN frappait en métropole», Grancher, 1994. 7. Monique Hervo, «Chroniques du bidonville», Seuil, 2001. 8. Le MNA comptait de nombreux militants anti-FLN dans le Nord et l’Est de la France. 9. Ferhat Abbas, «Autopsie d’une guerre», l’Aurore, Ed. Garnier, 1980. 10. Irwin. «Wall, l’influence américaine sur la politique française, 1945-1954» Balland, 1989 11. Film de René Vautier, «Peuple en marche», 1963 12. Benamar Mediene, p.69, «La Femme algérienne dans la lutte de libération nationale», Cahiers maghrébins d’histoire, Université d’Oran, n°4, juin 1989. 13. Jean—Luc Einaudi, «La Bataille de Paris», Seuil. 14. Ali Haroun, «La 7e Wilaya, Guerre d’Algérie, 1954-1962», Seuil, 1986. 15. Hervé Hamon-Patrick Rotman, «Les Porteurs de valises, la résistance française à la Guerre d’Algérie», Albin Michel, 1979. 16. Andrée Michel, «Les classes sociales en Algérie», Cahiers Internationaux de Sociologie n°1, CNRS/P.U.F, 1965, 220 p. 17. «Français, le savez-vous, la vie quotidienne des travailleurs algériens en France», Ed. FLN (Fédération de France), août 1960, 15 p. |
SACI
BENHALMA
Moudjahid témoin des massacres du 8 mai 1945 « Défendez notre mémoire ! »
La tournée
de l’émir khaled Quoi qu’il en soit, pour Saci Benhamla, la révolution était un devoir et ce qui en est un aujourd’hui, est la défense de la mémoire des martyrs. Il cite les propos de Didouche Mourad (Si Abdelkader), qui disait : « S’il nous arrive de mourir, défendez notre mémoire. » D’aucuns se demandent comme lui comment qualifier d’une manière appropriée ce qui s’est passé le 8 Mai 1945 et les jours qui suivront. S’agit-il d’une insurrection, d’un soulèvement, d’une manifestation pacifique ou de massacres, sachant que cet événement et cette date constituent, de l’avis des historiens et autres observateurs avertis, une étape charnière de la lutte du peuple algérien pour son indépendance, qu’on avance généralement comme le prélude à Novembre ? La question mérite d’être posée, car, en vérité, les morts pour cette cause sont toujours relégués au fin fond de l’oubli, qu’on sort en les qualifiant de martyrs uniquement lors des occasions de forte démagogie. Plus encore, les massacres du 8 Mai 1945 sont aussi un crime contre l’humanité. La fondation nationale du 8 Mai 1945 et l’association de la wilaya de Guelma du 8 Mai 1945 créée en 1995, dont Saci est le président, ont beau batailler pour mettre en relief un certain nombre de valeurs de cette période de l’histoire et pour combler beaucoup de « trous de mémoire ». En vain. Saci Benhamla nous apprend que ces martyrs, qu’on se plaît à appeler ainsi, n’en ont malheureusement pas le statut, et que, pis encore, ils sont toujours portés vivants sur les registres de l’état civil. Où sont passés les milliers de martyrs de Sétif, Guelma, Kherrata et bien d’autres localités ? Saci Benhamla qualifie le 8 Mai 1945 de page sanglante et non moins glorieuse de l’histoire de notre peuple. « Ces morts nous interpellent et nous demandent : qui sommes-nous ? Pourquoi la loi du chahid et du moudjahid ne nous reconnaît pas comme tels ? etc. », dira-t-il. Aussi, faisant de cela son cheval de bataille, Saci Benhamla ne cesse de transmettre aux hauts responsables du pays dossiers et correspondances, dans lesquels suggérées entre autres l’insertion de la formule suivante en marge des registres de l’état civil : morts pour la patrie, et la reconnaissance officielle de ces martyrs par la loi en les désignant à tout le moins « martyrs de l’histoire ». Bouteflika, ainsi que les précédents présidents, a été destinataire de ces correspondances, mais il n’y aura pas de suite. Seuls quelques chefs de parti ont daigné lui répondre, notamment Louiza Hanoune, qui approuve son combat. Parce que les massacres du 8 Mai 1945 sont un crime contre l’humanité, Saci Benhamla, par le biais de l’association, a toujours proposé (et le fait encore avec ce qu’il sait et ce qu’il peut) la création d’une commission composée de spécialistes pouvant porter l’affaire devant les tribunaux algériens et internationaux par le biais de commissions rogatoires devant désigner les criminels. Encore que ces derniers soient notoirement connus, tels que le général Duval, commandant de la division (militaire) de Constantine, Charles Tillon, ministre de l’Aviation dans le gouvernement de de Gaulle, Maubert, maire de Guelma, Lestrade-Carbonnel, préfet de Constantine, André Achiary, sous-préfet de l’arrondissement de Guelma, Bernardini, procureur de la République près le tribunal de Guelma, Henri Garrivet, instituteur, chef de la section socialiste (SFIO) et président du comité du salut public (milice) et bien d’autres encore. Quand il s’agit de défendre la mémoire des martyrs, il se fait violence, malgré son âge avancé, pour dire son mot. Saci
écrit à Chirac Biographie Parcours : né le 12 septembre 1926 à Guelma, Saci Benhamla a dû arrêter très jeune ses études parce que tout simplement son école devait servir de lieu de casernement pour les alliés. Il perdra aussi son travail pour ses activités politiques et pour avoir participé à la marche du 8 Mai 1945. Il fut secrétaire de la section PPA-MTLD, puis chef de la section OS de Guelma. Après l’affaire Rehaïm et le démantèlement de l’OS, il fut emprisonné de 1950 à 1953. Il sera déporté et aura connu les prisons et camps de concentration, à Aflou, à Bossuet, à Arcole, Sidi Chahmi (Oran), etc., de 1955 à 1962. L’indépendance retrouvée, il sera membre du comité central du FLN. Moudjahid, invalide, il est actuellement président de l’Association du 8 Mai 1945 de la wilaya de Guelma. A. Boumazain EL WATAN du 4/11/2004 |
Ces
Français qui se sont battus pour la révolution
Par René Fagnoni
Chaulet, Audin, Laban et les autres In liberte du 04/11/2004 http://www.liberte-algerie.com/rub.php?rubrique=Dossier%201ier%20Novembre ![]() Après une longue histoire tumultueuse et souvent dramatique, aujourd’hui entre l’Algérie et la France, c’est une affaire d’affection et de passion du fait des liens que le passé a tissés entre nos deux pays par des souvenirs d’épreuves et de douleurs. Il nous faut renouer le fil du dialogue sur ce qui, pendant très longtemps, n’a pas été exprimé, afin de reprendre ensemble l’histoire en marche. Des premiers pas viennent d’être effectués dans ce sens. Ainsi, lors du quarantième anniversaire de l’indépendance, le 5 juillet 2002, le président de la République algérienne, Abdelaziz Bouteflika, a inauguré à Alger une stèle rendant hommage à ces Français qui ont combattu aux côtés des Algériens lors de la guerre de Libération. Ce monument réhabilite la mémoire de ces oubliés de l’Histoire, véritables héros et acteurs primordiaux de la Révolution algérienne. C’est un geste politique et symbolique important qui rappelle le souvenir de ces “Justes français”, peu nombreux, mais qui ont fait preuve d’un immense courage. Ils représentent aujourd’hui l’honneur de la France. De cette France, patrie des droits de l’Homme, terre de liberté, mère des révolutions et des valeurs du siècle des Lumières. Grâce à eux, l’image de la France dans le monde ne perdit pas tout à fait de son éclat au cours de cette guerre abominable. Ils sont des exemples pour notre époque qui manque cruellement de héros. Cette stèle leur rend justice et fait écho à la plaque dévoilée par Bertrand Delanöe, maire de Paris, en octobre 2001 sur le pont Saint-Michel, rappelant le souvenir des Algériens massacrés lors de la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris, ainsi que l’inauguration en mai 2004 de la place Maurice-Audin, le militant anticolonialiste assassiné, qui a constitué l'un des temps forts de la vie politique française durant la dernière période. L’Algérie revient en force sur le devant de la scène française. Une quarantaine d’années après l’indépendance, non seulement elle barre la une de bien des journaux, mais elle a fait aussi l’évènement en 2003 avec “Djazaïr, l’année de l’Algérie en France”. C’est que depuis quelque temps, les bouches commencent à s’ouvrir et la parole se met à circuler sur cet épisode de notre histoire longtemps occulté. Une nécessaire clarification doit avoir lieu pour exorciser les années de guerre et de souffrances infligées au peuple algérien en lutte pour sa libération. L’histoire
finira par y voir clair Afin que nul
n’oublie Le 2e bataillon
7e RTA Édifier
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