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TAMAZGHA
la colonisation arabo-islamiste
source
: Forum du site "Achidar Amcum"
Selon le plus grand sociologue et fondateur de l'Histoire, le nord-africain
Ibn Khaldoune, les Imazighen d'Afrique du Nord avaient
apostasié douze fois entre le 6ième siècle et le
14ième siècle ! C'était une forme de résistance
contre la domination arabo-islamiste et la colonisation de l'Afrique du
Nord. On sait aussi que l'un des tout premier mouvement souverainiste
Nord Africain était celui des Kharéjites (càd Hors
la Loi) qui avait fondé au 8ième siècle un royaume
ayant pour capitale Tahert , et qui avaient traduit le coran en berbère.
Les Kharédjites avaient coupé les ponts avec le Khalifat
Oméïade et fondèrent le premier état algérien
véritablement national. Les Ibadites dont les descendants aujourd'hui
sont les Mozabites (Algérie), les Djerbiens (Tunisie) et les Nefoussiens
(Libye) formaient la branche la plus puissante du Kharédjisme.
La ville de Tihert, fondé par le chef Ibadite Ibn Rostum, en 791
était située à neuf kilomètres de l'actuelle
Tiaret.
Au Maroc, les Miknasa (branche des Kharédjites) avaient fondé,
en 757, le royaume de Sidjilmassa , à l'orée du désert,
maître des oasis et des routes caravanières vers le Soudan
(actuel Mali). Les Berghawata, qui avaient participé aux expéditions
guerrieres de leur chef Maïsara contre les gouverneurs oméïades
de Tanger, eurent pour chef militaire et guise un certain Salih.
Après le kharédjites, les Kétama de Bougie prennent
le relais dans cette résistance de Tamazgha au roulot compresseur
des arabo-islamistes (perçus comme de véritables colonisateurs).
Pour ce faire, les Imazighen Kétama vont sympatiser avec les Perses
chiites, et vont conquérir toute l'Afrique du Nord et l'Égypte,
et créer pour un descendant d'Ali l'empire fatimide. En effet,
pour les chiites, aucun des successeurs de Mohammed ne fut un Khalife
légitime, seuls Ali et ses descendants, fils de Fatima, sont les
chefs héréditaires de la communauté islamique.
C'est la tyrannie des Khalifes Oméïades et Abbassides, se
comportant en colonisateurs à l'égard des non-arabes, qui
va rapprocher les Perses et les Imazighen. Les chiites Perses dépêchent
à Tamazgha un excellent stratège du nom Abou Abd Allah en
893. Cet homme réussit à convaincre les Kétama de
la supériorité de la doctrine chiite, et à faire
du village Ikjan (dans les Babors) une forteresse inexpugnable du chiisme.
Les Kétama, subjugués, sont groupés en une solide
armée qui lui est dévouée corps et âme. C'est
ainsi qu'ils fondèrent la dynastie fatimide (3ième Khalifat
panislamique après celui des Omeyyades et des Abbassides) qui s'étendait
jusqu'en Égypte. L'université d'El Azhar au Caire est une
de leurs créations.
Par la suite, deux autres empires Amazighs vont se succèder dans
Tamazgha du 10ième au 14ième siècle : Les Almoravides
et les Almohades. Les Almohades vont réaliser l'apogée à
la fois de l'histoire et de la pensée de ce temps et faire de Cordoue
la capitale du monde.
Ibn Khaldoun était témoin de cette période
du 14ième siècle et du début de la Reconquista Espagnole.
Ses oeuvres nous apprennent énormément de choses sur les
raisons de la chute de Cordoue, du déclin de la civilisation musulmane,
et du début de la colonisation de l'Afrique par les espagnols et
les Européens. Si vous revisitez ses écrits, notamment la
Muqadima et et l' Histoire des Berbères, vous comprendrez vite
que la genèse du déclin était un complot moyen-oriental
visant à coloniser Tamazgha, ni plus , ni moins. Pour ce faire,
ils ont d'abord lâché vers 1050 sur l'Afrique du Nord, les
Beni Hillal et les Beni Souleim (tribus nomades armées entre autres
de chèvres dévastatrices). Par la suite, ils ont crée
le fanatisme islamique avec Ghazali pour s'attaquer à l'élite
intellectuelle de Cordoue. À l'instar des Romains qui étaient
obsédés par la destruction de Carthage, les arabes moyens
orientaux ne supportaient plus que Cordoue soit devenue la capitale de
Tamazgha mais aussi le centre du monde musulman. Il fallait donc casser
Cordoue pour mieux coloniser Tamazgha.
C'est ainsi qu'une chasse aux intellectuels Nord-Africains par les intégristes
avaient commencé. Le philosophe Ibn Roshd (Averroès)
fut exilé dans un village juif Lucena; Ibn Khaldoune lui même
exilé au moyen orient, son ami Ibn Arafa fût
égorgé durant sa prière à la mosquée
de Kairouan en Tunisie, etc... etc...
Ce faisant, les arabes étaient parvenus à leur fin (ou plutôt
à moitié de leur fin) : détruire Cordoue ! mais pas
à coloniser Tamazgha puisque ce sont les Européens qui vont
s'en charger à partir de la Reconquista espagnole.
C'est ce qui faisait dire à Ibn Khaldoune àu 14ième
siècle que "les arabes avaient mis l'Afrique du Nord
dans une situation de prédisposition à la colonisation".
Son analyse était juste. On voit bien que les fondamentalistes
islamistes, disciples de Ghazali, ne sont pas nouveaux et que leurs responsabilités
est totale dans la colonisation non seulement de Tamazgha, mais de toute
l'Afrique et du Moyen Orient. Et que leur seule contribution était
de mettre fin à l'évolution et à la souveraineté
de Tamazgha. Avis aux amateurs et autres néophytes nord-africains
!
B a g a y a (Baghaï)
Etude et toponymie
Par
: MOUKRAENTA BAKHTA ( AIX EN PROVENCE - France)
Aucun des textes arabes que nous possédons, du 9e au 14e siècle,
ne parle de la signification de ce toponyme. Il y figure sous deux graphies,
d’ailleurs l’une proche de l’autre, « Bagaya »
chez la majorité des auteurs à l’exception faite d’Al-Idrisi
«Bagay». Et on a remarqué qu'il se trouve chez les auteurs
anciens tel que Procope sous la forme de « Bagaï » et «
Bagaê » , donc déjà il existe à l’époque
antique, et les arabes ne l’ont nullement modifié, et le gardent
jusqu’à nos jours sous la même forme Baghaï, à
la seule différence qu'on lui rajoute le mot ksar (château),
car effectivement c’est le reste d’un ksar. Puisque le toponyme
existe presque sous la même forme par conséquent on l’identifie
sans difficulté, depuis l’antiquité, donc il faut rechercher
sa signification, au cours de cette période, S. Gsell exprime son
désaccord, à son avis le toponyme est d’origine phénicienne,
et il propose que c’est le nom d’une ethnie, « Bagaiensis
» ou « Bagaitanus » (mais ces deux ethnies appartiennent
à quelle région).
Si on revient à la langue berbère on trouve chez les touareg
« abegh » qui signifie « plisser, être plissé
», et qui se rapproche, dans sa forme, de notre toponyme « Bagai
», et nous avons trouvé également chez G. Mercier une
explication qui se rapproche de celle-ci, car le thème nominal «
habegha », « tabegha » (pluriel tibagaïn) qui signifie
soit « ronce » soit « mûres sauvages », selon
lui dérive de « abegh » ; ce qui justifie le nom antique
de Bagaî. Cependant nous avons une autre proposition assez vraisemblable
qui rattache le nom de la ville à son oued Abigas (Bou Roughal) a-Biga(s),
car ils ont la même racine .
Donc le nom de la ville soit appartient à une ethnie, soit tout simplement
c’est un nom de ville d’origine berbère (nom appartenant
au règne végétal).
Réseau
routier
Nous n’avons aucune difficulté pour localiser
la ville de Bagaya car les descriptions des auteurs anciens aussi vagues
qu’elles peuvent l’être, en outre celles des auteurs arabes,
leurs descriptions des monuments, ainsi que la localisation de ces monuments
ne laissent aucun doute. Cependant on ne trouve pas notre ville mentionnée
dans les sources géographiques des anciens ( L’itinéraire
d’Antonin, Table de Peutinger,... ), et la pauvreté de la ville
en matière d’épigraphie ne facilite pas la connaissance
du rôle du réseau routier, surtout pendant l’Antiquité
; la seule inscription qui peut être une borne milliaire . Sur la
carte de P. Salama on remarque qu’elle n’est pas située
sur une route principale, ce qui peut s’expliquer par la rareté
des bornes milliaires. Mais elle était sûrement liée
à l’importante route venant de Tacape (Gabès) ou celle
de Carthago qui se rejoignent à Thèveste et vont vers Lambèse
en passant par Mascula. Et Bagaya avait évidemment une route vers
Mascula (n°138), et le long de l’oued Bou Roughal, c’est-à-dire
une voie qui reliait peut-être Bagaya à la route de Cirta à
Thèveste (n°9, 47), et il est probable qu’une autre double
voie se dirigeait vers l’ouest, l’une dans la direction de Thamugadi
et l’autre de Diana. On pourrait admettre qu’elle n’était
qu’un tronçon de la route de Thamugadi à Thèveste,
qu’indique la Table de Peutinger dont aucune station n’est identifiée
sauf Ad Aquas Caesaris (Youks), cependant Bagaya n’est pas nommée
sur cette route.
Le rôle de Bagaya comme lien routier dans l’antiquité
paraît d’une moindre importance, ce n’est pas un point
de liaison clé ou stratégique ; mais est-ce que dans l’époque
Médiévale c’était le même cas ?
Nous remarquons à travers les citations des auteurs médiévaux
spécialement, celles d’Al-Yacqubi, Al-Bakri et Al-Idrisi.
1) Il est à retenir que Bagaya est l’une des villes situées
dans l’itinéraire de la conquête musulmane, dans son
axe est-ouest, et les sources de la conquête ne mentionnent pas d’autre
itinéraire au Maghreb central à part celui de Qairouan passent
par Bagaya, Balzama, Tubna, Adana, Tahart, Tilimsan et puis le Sous. (voir
L. Provençal, dans Arabica, I, Fasc1, 1954, p.17-34).
2) Dans
l’itinéraire décrit par Al-Yacqubi (9e siècle)
une des deux voies venant de Qairouan passait par Bagaya (de Qairouan vers
Magana, puis vers Bagaya, qui rejoignait Arba via Tubna, Balzama, Nigaous,
Maqqara).
3) Ibn Hawqal : dans les routes qu’il cite, Bagaya a toujours une
place privilégiée, car c’est un point de liaison de
la route qui vient de Qairouan via Marmagana, Magana, Miskiayna vers Bagaya,
et de là les routes se divisent l’une vers Balzma et l’autre
vers Dufana.
4) Al-Bakri : la ville figure toujours sur un itinéraire venant de
Qairouan, mais emprentant une route différente de celle qui est citée
chez les deux auteurs Al-Yacqubi, et Ibn Hawqal, vers Maganat al-Matahine,
Mallaq, Tabassa, Miskiyana, puis Bagaya, puis par Qasas, Madracen, Balzama,
Madinat al-Lauz, Niqawus, Tubna, Maqqarra et finalement Qalcat Abu Tawil.
Ensuite sur ce même itinéraire on a un embranchement qui part
de Bagaya vers Baskra. Et il parle également d’un autre axe
qui part de Fas vers Qairouan et qui passe par Bagaya.
5) Al-Idrisi
: la ville se trouve toujours sur un itinéraire allant vers l’Ifriqiya
à l’est et vers Tubna à l’ouest. C’est-à-dire
de Šaršal à Al-Gazair, à Tamdfust, à Marsa
al-Dagag, à Tadllas, à Ikjane, Satif, Balzama, Bagaya, Qalma,
Tifaš, Qalcat Bišr, puis Tabassa vers l’Ifriqiya à
l’est et vers Tubna à l’ouest. Il cite en outre une série
de routes qui lie Qusantina à Bagaya à Bigaia.
Notre conclusion en ce qui concerne le rôle de cette ville dans le
réseau routier est qu’il peut être de moindre importance
pour l’antiquité (pouvons nous vraiment prendre l’élément
de la rareté des bornes milliaires comme indice d’un second
plan de la ville dans les relations territoriales), mais au Moyen Âge
on sent bien que cette ville a desservi beaucoup de routes (depuis la route
de la conquête jusqu’à Al-Idrisi, jusqu’à
sa chute en fait sa chute).
S H E S H N A Q et le calendrier AMAZIGH
Nous
ne devons pas perdre de vue que dans tout calendrier, il faut distinguer
d’une part, entre personnage et faits historiques (donc l’Histoire,
au cas où la vérité absolue serait accessible !) et
la légende qui n’a de limite parfois que la bêtise qui
la véhicule, ainsi n’a-t-on pas lu récemment dans la
presse algérienne que le pharaon Ramsès (lequel ?) serait
arrivé jusqu’à Tlemcen ! (certainement pour dire bonjour
au « Grand » Boutef !) ; d’autre part, il faut relever
dans un calendrier les fonctions sociales, économiques (surtout agraires
dans une société à l’origine essentiellement
paysanne ou agropastorale), et enfin la date/jalon/repère (souvent
symbolique, arbitraire et même idéologique pourquoi pas -l’exemple
de la religion nous le prouve-) que des peuples se donnent comme repère/jalon
historique. Ainsi en est-il des anciens peuples de la Méditerranée.
Chacun avait son calendrier : les Hébreux avec leurs 5 000 et quelques
années, les Grecs et les Romains (puis à leur suite les Européens)
avaient leurs calendriers qu’ils troquèrent ensuite par leur
conversion au christianisme et les datèrent de la date présumée
de la naissance de Jésus Christ ; les Egyptiens firent de même
avec leur adoption de l’islam.
Quant aux Arabes, ils fixèrent leur calendrier à partir de
l’Hégire, bien que dans le Coran il est fait référence
à des personnages bien antérieurs à l’Hégire
: Abraham, Salomon, David, Jésus, etc.…En outre, il faut retenir
que bien avant les calendriers et leurs dates repères, les peuples,
selon leur aire d’habitat et leur mode de vie, avaient d’abord
élaboré des rites ponctuels liés à leur genre
de vie et croyances (d’où l’influence cosmogonique, climatiques,
etc.). Un nomade, un marin-pécheur, un paysan, un Inuit ou un commerçant
d’une grande cité babylonienne n’avaient pas les mêmes
préoccupations ! Bien que l’on retrouve un fond commun dans
certains rites et croyances très anciennes, ceci nous renvoi aux
balbutiements de l’Humanité… Sur ce viennent se greffer
des croyances religieuses, plus ou moins élaborées, jusqu’au
monothéisme qui semble prédominer depuis. Nous voyons bien
que brièvement, à travers ces exemples, les peuples peuvent
choisir ou changer leur calendrier en fonction de choix volontaires, de
conjonctures, etc. Par contre les rites, qui eux préexistaient aux
calendriers comme nous l’avons dit, continuent de subsister, quitte
à subir parfois des entorses pour mieux correspondre au nouveau calendrier
mais surtout à son substrat idéologique (en l’occurrence
dans les exemples cités, l’idéologie est strictement
religieuse). Ainsi des pratiques et des rites considérés comme
« païens », sont-ils, par la force des choses et leur antériorité,
intégrer/assimilés par les nouvelles croyances, seules moyens
pour elles de subsister/s’imposer. Donc, pour les Imazighen, le choix
d’une date/repère pour fixer leur calendrier à partir
d’un fait historique incontestable, ne déroge pas à
la règle ! Ne se considérant ni Grecs, ni Romains pas plus
qu’Hébreux ou Arabes, ils s’estimaient en droit, et de
leur devoir, de se donner d’autres repères…C’est
ce qui se produisit en 2930 (1980).
Et voici le message que j’avais posté à l’époque
:« La première fois que fut publié et diffusé
un calendrier amazigh, ce fut en 2930, c’est-à-dire en 1980,
par l’association Tediut n’Aghrif Amazigh (Union
du Peuple Amazigh -UPA-), que j’ai l’honneur d’avoir
fondée, dirigée, et donc je suis l’initiateur de ce
fameux calendrier dont les uns et les autres, depuis des années déjà,
cherchent à lui trouver une mystérieuse origine et une lointaine
paternité.
Ce sont justement ceux qui savent que c’est un Chaoui
qui est l’origine de cette initiative, qui tentèrent, et tentent
encore, d’embrouiller les pistes.
Le calendrier, très simple et très modeste, à la mesure
de nos moyens à ce moment-là, se présentait de la façon
suivante : il était à la fois manuscrit et dactylographié,
au format 30x42 cm, en son centre, sur les ¾ du haut il représentait
un Tergui prêt à dégainer son glaive et sur le fourreau
duquel était écrit en tifinagh (nous laissons à ceux
qui prétendent connaître l’histoire en question de nous
donner les précisions). L’écriture et le dessin étaient
en bleu indigo.
Bien avant cela, les discussions furent âpres et controversées,
et surtout après (comme ce fut le cas pour la première liste
de prénoms imazighen que nous avions diffusé à la même
époque), les gens étaient divisés sur l’opportunité
d’un calendrier, s’il y eut quelques enthousiastes inconditionnels,
beaucoup étaient contre.
Car, comme toujours, ils craignaient que l’on nous taxa de régionalistes,
déviationnistes, séparatistes, etc.
Même au Maroc, notre ami Mohamed Chafik était réticent
sur l’opportunité d’une telle action et il désapprouvait
le texte introductif des prénoms imazighen… selon lui, les
termes étaient trop violents et l’attaque trop frontale, et,
selon lui toujours, à la limite il n’y avait nulle urgence…
L’objectif du calendrier, le choix de la date, nous les expliquions
dans notre bulletin asa$en (Asaghen)–
Lien paru à l’époque.
Mais pour ceux qui n’ont pas connu cette époque-là,
et ils sont nombreux, nous reprenons quelques arguments qui avaient servis
et guidés notre démarche :En -950, Sheshanq Ier s’empare
du Delta et fonda la XXIIè dynastie. Dès lors, le folklore
nous dépeint «Pour la première fois, une société
éprise de bataille, très différente de la société
égyptienne. Le royaume de Napata qui, à la fin du VIIIè
siècle, s’étendit de la première cataracte à
l’Abyssinie, n’eut pas, comme on le crut longtemps, pour fondateurs
les descendants des prophètes du Dieu Amon. Les fouilles de Reisner
ont prouvé que ce furent des Libyens qui, dans le pays de Koush,
imposèrent leur autorité, comme les Libyens du Nord dans le
Delta.» Et citant A. Moret, Ch.-A. Julien écrit plus loin :
«Ces Lébous étaient peut-être originaires de l’Atlas,
car leurs noms et ceux de leurs chefs rappellent exactement ceux des Numides
de l’histoire classique», in G. Camps op. cité.Extraits
de la Bible, Chroniques, X-XII. … « La cinquième année
du règne de Roboam, le roi d’Egypte, Sheshanq marcha sur Jérusalem
car elle était infidèle à Yahvé. Avec 1 200
chars, 60 000 chevaux et une innombrable armée de Libyens, de Sukkiens
et d’Ethiopiens, qui vint avec lui d’Egypte, il prit les villes
fortifiées de Juda et atteignit Jérusalem... Ainsi parle Yahvé
‘Vous m’avez abandonné, aussi vous ai-je abandonné
moi-même aux mains de Sheshanq... Ils deviendront ses esclaves et
ils apprécieront ce que c’est de me servir et de servir les
royaumes des pays’... Le roi d’Egypte marcha contre Jérusalem.
Il se fit livrer les trésors du Temple de Yahvé et ceux du
palais royal, absolument tout, jusqu’aux boucliers d’or qu’avait
fait Salomon.» NB : Roboam, roi de Juda (v. -931 / -915) ; Yahvé,
nom du dieu des Juifs.
Ces textes se retrouvent dans l’introduction générale
à la guerre de Yugurthen en cours de préparation.
Et nous nous disions, plutôt que de prendre telle ou telle date, où
à chaque fois nos ancêtres semblaient vaincus, dominés,
nous allons prendre cette date-là où, pour une fois, nos ancêtres
sont envahisseurs, dominateurs, vainqueurs et souverains d’un immense
empire et ceci à l’aube de l’histoire.A quelques jours
de Yennayer (le 12 janvier), je vous souhaite à toutes et à
tous une excellente et heureuse année dans la paix retrouvée,
dans la santé et la joie des siens et de chacun ».
En conclusion.On voit ainsi que, selon la Bible, c’est un Amazigh
envoyé comme châtiment par Dieu pour punir la désobéissance
de son « peuple élu » et lui permettre d’être
le premier à conquérir le Temple et les trésors de
Salomon !Comme nous venons de le voir, il faut distinguer au minimum trois
aspects essentiels dans tout calendrier : la date, les faits historiques,
les rites.
a) la date : est souvent fixée arbitrairement et
de façon volontaire et non pas fortuite, hasardeuse ou légendaire.
b) les faits historiques sont connus, indéniables.
Ainsi la date du calendrier part de ce fait historique certain et non l’inverse.
c) les rites, quant à eux, peuvent être antérieurs
et le calendrier ne fait que leur fixer des repères.
ET VOICI CE QUE J’AI GLANE ICI OU LA :
XXIIè dynastieL’Onomastique :
Le nom de Chechanq est orthographié de plusieurs façons :
Chchnq (Chechanq) : Chnk est le nom d’au moins trois personnages de
l’inscription de Thugga (Tunisie).
Bien que les graphies égyptiennes comprennent les variantes chchnq,
chchqn, chchq, chchn, chch, chchnqq, qchch mais jamais chnq ! La Bible (selon
la traduction de L. Segond) parle de Schischak.Quelques dates :
- 950 = EGYPTE : SHESHONQ Ier (SESAC) fonde la XXIIè
dynastie. Une partie du clergé d’AMON se réfugie à
NAPATA. La féodalité détruit la puissance de SHESHONQ,
l’EGYPTE est à nouveau divisée. SHESHONQ envahit la
PALESTINE et prend JERUSALEM.
- 847 = EGYPTE : règne de SHESHONQ II puis de TAKELOT
II (847-823). - 823 ou 822 ? = EGYPTE : règne de SHESHONQ III (XXIIè
dynastie) (823-22-763).767 = EGYPTE : XXIIè dynastie, règne
de SHESHONQ IV (767-730).- 763 = EGYPTE : XXIIIè dynastie, règne
de SHESHONQ V (763-757).
L’histoire est relatée dans la Bible, en voici plusieurs versions
selon les traductions des différentes éditions.Bible
2 Chroniques, chapitre 12 :Alors que sa royauté s’était
établie et affermie, Roboam abandonna la Loi de Yahvé, et
tout Israël avec lui.La cinquième année du règne
de Roboam, le roi d’Égypte, Sheshonq, marcha contre Jérusalem,
car elle avait été infidèle à Yahvé.Avec
mille deux cents chars, soixante mille chevaux et une innombrable armée
de Libyens, de Sukkiens et de Kushites, qui vint avec lui d’Égypte,il
prit les villes fortifiées de Juda et atteignit Jérusalem.Shemaya,
le prophète, vint trouver Roboam et les officiers judéens
qui, devant Sheshonq, s’étaient regroupés près
de Jérusalem, et il leur dit : «Ainsi parle Yahvé. Vous
m’avez abandonné, aussi vous ai-je abandonnés moi-même
aux mains de Sheshonq.»
Alors les officiers israélites et le roi s’humilièrent
et dirent : «Yahvé est juste.»Quand Yahvé vit
qu’ils s’humiliaient, la parole de Yahvé fut adressée
à Shemaya en ces termes : «Ils se sont humiliés, je
ne les exterminerai pas; sous peu je leur permettrai d’échapper
et ce n’est pas par les mains de Sheshonq que ma colère s’abattra
sur Jérusalem.Mais ils deviendront ses esclaves et ils apprécieront
ce que c’est que de me servir et de servir les royaumes des pays !»Le
roi d’Égypte Sheshonq marcha contre Jérusalem. Il se
fit livrer les trésors du Temple de Yahvé et ceux du palais
royal, absolument tout, jusqu’aux boucliers d’or qu’avait
faits Salomon;à leur place le roi Roboam fit des boucliers de bronze
et les confia aux chefs des gardes qui veillaient à la porte du palais
royal :chaque fois que le roi allait au Temple de Yahvé, les gardes
venaient les prendre, puis il les rapportaient à la salle des gardes.Mais
parce qu’il s’était humilié la colère de
Yahvé se détourna de lui et ne l’anéantit pas
complètement. Qui plus est, d’heureux événements
survinrent en Juda,le roi Roboam put s’affermir dans Jérusalem
et régner. Il avait en effet quarante et un ans à son avènement
et il régna dix-sept ans à Jérusalem, la ville que
Yahvé avait choisie entre toutes les tribus d’Israël pour
y placer son Nom. Sa mère s’appelait Naama, l’Ammonite.Il
fit le mal, parce qu’il n’avait pas disposé son cœur
à rechercher Yahvé.L’histoire de Roboam, du début
à la fin, cela n’est-il pas écrit dans l’histoire
du prophète Shemaya et du voyant Iddo ? Il y eut tout le temps des
combats entre Roboam et Jéroboam.Roboam se coucha avec ses pères
et fut enterré dans la Cité de David ; son fils Abiyya régna
à sa place.
La Bible (Edition L. Segond)1/Rois :11
40 Salomon chercha à faire mourir Jéroboam. Et Jéroboam
se leva et s’enfuit en Egypte auprès de Schischak, roi d’Egypte
; il demeura en Egypte jusqu’à la mort de Salomon.
41. Le reste des actions de Salomon, tout ce qu’il a fait, et sa sagesse,
cela n’est-il pas écrit dans le livre des actes de Salomon
?
42 Salomon régna quarante ans à Jérusalem sur tout
Israël.
43 Puis Salomon se coucha avec ses pères, et il fut enterré
dans la ville de David, son père. Roboam, son fils, régna
à sa place.
Bible
2/Rois : 14
25 La cinquième année du règne de Roboam, Schischak,
roi d’Egypte, monta contre Jérusalem.
26 Il prit les trésors de la maison de l’Eternel et les trésors
de la maison du roi, il prit tout. Il prit tous les boucliers d’or
que Salomon avait faits.
Bible
2/Chroniques / 12
1. Lorsque Roboam se fut affermi dans son royaume et qu’il eut acquis
de la force, il abandonna la loi de l’Eternel, et tout Israël
l’abandonna avec lui.
2 La cinquième année du règne de Roboam, Schischak,
roi d’Egypte, monta contre Jérusalem, parce qu’ils avaient
péché contre l’Eternel.
3 Il avait mille deux cents chars et soixante mille cavaliers; et il vint
d’Egypte avec lui un peuple innombrable, des Libyens, des Sukkiens
et des Ethiopiens.
4 Il prit les villes fortes qui appartenaient à Juda, et arriva jusqu’à
Jérusalem.
5 Alors Schemaeja, le prophète, se rendit auprès de Roboam
et des chefs de Juda qui s’étaient retirés dans Jérusalem
à l’approche de Schischak, et il leur dit: Ainsi parle l’Eternel:
Vous m’avez abandonné; je vous abandonne aussi, et je vous
livre entre les mains de Schischak.
6 Les chefs d’Israël et le roi s’humilièrent et
dirent: L’Eternel est juste!
7 Et quand l’Eternel vit qu’ils s’humiliaient, la parole
de l’Eternel fut ainsi adressée à Schemaeja: Ils se
sont humiliés, je ne les détruirai pas, je ne tarderai pas
à les secourir, et ma colère ne se répandra pas sur
Jérusalem par Schischak ;
8 mais ils lui seront assujettis, et ils sauront ce que c’est que
me servir ou servir les royaumes des autres pays.
9 Schischak, roi d’Egypte, monta contre Jérusalem. Il prit
les trésors de la maison de l’Eternel et les trésors
de la maison du roi, il prit tout. Il prit les boucliers d’or que
Salomon avait faits.Pris sur site asafu
Un Amazigh à JérusalemNous sommes en 945 av. J.-C., cela fait
un peu plus de 100 ans que l’Egypte est dirigée par deux dynasties
dont les rivalités ont mené le pays à l’anarchie.
Cette situation a favorisé l’émergence et la prise de
pouvoir d’une famille issue de la tribu libyenne (amazigh) des Mechouech
installée depuis longtemps dans le Delta du Nil.Son chef sera le
fondateur de la 22ème dynastie et prendra le titre de Pharaon d’Egypte
en restaurant l’unité du pays, il s’appelait Sheshonq.Contrairement
à ce que l’on croit, ce n’était pas le première
fois que des Berbères régnaient sur l’Egypte, en effet
cent ans plutôt, des chefs militaires libyens avaient déjà
pris le pouvoir au début de la Troisième Période Intermédiaire.Sheshonq
contribua à embellir des monuments existants avec, par exemple, l’édification
d’un portique composé de colonnes en papyrus fermé dans
le temple de Karnak.Un événement très important témoigne
du renouveau et de la puissance que les Amazighs ont apporté à
l’Egypte : La conquête de Jérusalem !
Bien peu de gens semblent connaître ce fait d’une grande importance,
pourtant un document nous apporte un témoignage certain, il s’agit
de la Bible et plus précisément de l’Ancien Testament.
En effet, nous nous trouvons dans une époque qui suit la mort du
roi Salomon et qui voit son royaume se séparer en deux parties :
le royaume d’Israël au Nord avec Jéroboam comme roi et
le royaume de Juda au Sud avec Roboam comme roi et Jérusalem pour
capitale.
Pris sur site MondeBerbère ( www.mondeberbere.com)
Pourquoi ce calendrier débute-t-il en 950 av. JC ?Des documents historiques
provenant de l’ancienne Egypte nous apprennent que depuis des siècles,
voire des millénaires, les Egyptiens étaient en relation,
tantôt guerrière tantôt pacifiques, avec leurs voisins
de l’Ouest, les Imazighen Mashaouash. A la fin de la XXIème
Dynastie égyptienne, Sheshonk, grand chef militaire des Mashaouash,
obtint du Pharaon Siamon, dont l’armée était en grande
partie composée d’Imazighen, l’autorisation d’organiser
un culte funéraire pour son père Namart ; privilège
exceptionnel. A la mort de Psossenes II en 950 av. JC qui avait succédé
à Siamon, Sheshonk s’attribua la dignité royale et fonda
la XXIIème Dynastie qu’il légitima en mariant son fils,
Osorkon, à la fille de Psoussenès II, la princesse Makare
et installa un autre de ses fils comme grand prêtre d’Amon à
Thèbes.
Sheshonk établit sa capital à Boubastis, installa les hommes
de son peuple dans des terres du delta du Nil et leur constitua des fiefs
et fonda la XXIIème Dynastie.
Pris sur site (chawinet.com) Parler du « roi Amazigh
Sheshanq » peut signifier pour les « non-avertis » qu’il
s’agit d’un roi qui a régné sur notre pays, ou
tout au moins sur un territoire dont fait partie notre pays. Sheshong ou
Chechanq fut, en fait, le roi des Mashouasha, peuple de nomades ayant vécu
dans une région située entre le delta du Nil et la partie
orientale de la Libye actuelle. Il était également un chef
militaire. Il fut, surtout, le fondateur de la XXIIe dynastie et il régna
sur l’Egypte de 950 à 929 av. J.-C., selon certaines sources.
On retrouve la date mentionnée, mais liée à un événement
totalement différent. Pour Mohammed Chafik, cet événement
avait eu lieu en l’an 935 av. J.-C.Au-delà du flou qui peut
exister dans certains esprits, ne pourrait avoir qu’une seule signification
: Il est question d’adopter une ère nouvelle, une ère
qui prend comme référence le début du règne
sur l’Egypte de Chechanq 1er. Chacun peut avoir son opinion sur le
choix d’une telle référence, ou même sur l’opportunité
de l’adoption d’une nouvelle ère.
Extrait d’une Communication faite au HCA
Yennayer : mythe et réalité
I - CE QUI EST HISTORIQUEMENT ATTESTE 3- Un repère temporel : 950
av. JC : Le début du calendrier berbère coïncide avec
950 av. JC. Cette date coïncide effectivement avec la fondation de
la XXII-ème dynastie pharaonique par Sheshonq 1er. Dynastie qui disparaîtra
en 740 av. JC. En fait, les rapports entretenus entre la Berbérie
et l’Egypte remontent à des temps plus reculés dans
l’histoire. En effet, la palette de Nârmer, fondateur de la
première dynastie égyptienne, qui date aux environs de 3300
av. JC, renferme des renseignements sur les combats que les Pharaons d’Egypte
avaient livrés aux Libyens «envahisseurs ou perturbateurs de
sécurité du Nil». (Décret/Fantar, 1981 : 42).
La présence des Berbères en Egypte est attestée également
durant le règne de Ramsès II (1301-1235 av. JC) qui les enrôla
comme mercenaires, ainsi que sous le règne de Méneptah (1235-1224
av. JC) où Mâraiou, un roi berbère, envahit le Delta
d’Egypte à la tête d’une armée berbère.
Ces Berbères vont apparaître de nouveau sur la scène
égyptienne comme alliés des «peuples de la mer»
qui envahirent l’Egypte sous le règne de Ramsès III
(1198-1166 av. JC) en 1190. Et c’est durant le règne de ce
dernier Pharaon que les Berbères s’installeront par «dizaines
de mille» dans le Delta, où ils se moquèrent de son
contrôle». (Julien, 1966 : 54 ; Cf. également Décret/fantar,
1981 : 42-43). Sheshonq 1er, dont il est question ici, était le septième
descendant d’un chef de berbères mercenaires qui a pu établir
«sa domination sur Hiérakléopolis, en Moyenne Egypte»
(Julien, 1966 : 54) fût la consécration de cette présence
berbère en terre d’Egypte. Par H.A. Mansouri, Universitaire.
Communication présentée le 12 janvier 2002 à Alger,
dans le cadre de la journée d’étude organisée
par le Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA) sur le
Yennayer.
A PROPOS DE YENNAYER
De Siwa aux Iles Canaries
A Oran
Une question concernant yennayer, dans l’ouest algérien (d’où
je viens Oran précisément) la fête de rass-el-âm
ou ennayèr comme on a la coutume de l’appeler (à l’ouest
du moins), correspond à une guerre mené par les berbères
qui ont fini par la gagner, on fête deux nuits la première
correspond à la défaite on prépare ‘cherchème’
un mélange de pois chiche, fèves sèches et blés
bouillis dans l’eau et l’autre jour à la victoire ou
on prépare ‘berkoukess au lait’ (gros couscous) on met
un noyau de dattes, un peu comme dans la galette des rois, celui qui tombe
sur ce noyau l’année s’annonce pour lui prospère
et pleine de richesses, et on prend plein de fruits frais out secs et de
friandises, comment c’est dans les autres régions ?
Sujet: Re: Yennayer comment vous le fêtez ?
Auteur : Ukerdis
Date : 08/01/2002
Yennayer
Le calendrier amazigh est un calendrier agraire. Il est celui utilisé
depuis des siècles par les paysans de toute l’Afrique du Nord,
qu’ils soient amazighophones ou arabophones. C’est un calendrier
solaire, perpétuel (sans millésime d’année),
fonctionnant au rythme des saisons. Le premier jour de l’an (Ixf Useggwas)
de ce calendrier coïncide avec le douzième jour du calendrier
grégorien, dit universel.
Les rites de ce nouvel an (Amenzu g Yennayer) se retrouvent d’un bout
à l’autre de l’Afrique du Nord. Après avoir sacrifié
un animal (généralement une volaille), le soir, on mange Imensi
g Yennayer «Le souper du Jour de l’An». Il doit être
copieux pour préfigurer une année d’abondance. Sur le
couscous de ce repas communiel familial on dispose les cuillers des absents
; on prélève la part des filles mariées au loin.
Yennayer est fêté dans toute Tamazgha et sa célébration
peut durer plusieurs jours. Le premier jour, dans certaines régions,
on va chercher des branches vertes: on les met sur les terrasses, on en
jonche les étables.
Souvent, pendant ce premier jour, on ne mange que des produits végétaux.
La viande est pour le lendemain. On se gave de fruits secs : figues, raisins,
noix, dattes, de gâteaux et beignets divers.
Au Maroc, dans certains endroits, on mange «les sept légumes».
A l’occasion de Yennayer, on change ce qui est vieux et usé
dans la maison. Il est de coutume notamment de remplacer les pierres du
foyer (inyen). Il est bien, quand Yennayer arrive, que toute entreprise
en train soit terminée, par exemple un ouvrage sur le métier
à tisser.A Miliana, au pied du mont Zaccar, il est recommandé
de manger beaucoup à ce repas de Yennayer afin de pouvoir satisfaire
sa faim le reste de l’année.A Tlemcen, chaque famille engraisse
avec soin les volailles destinées au repas de la nuit de Yennayer.
En Kabylie, Yennayer (le mois de janvier) est considéré comme
le point critique de l’année car il marque la séparation
entre deux cycles solaires (solstice d’hiver), aussi est-il appelé
«Tawurt n usegwass» - la porte de l’année. Les
rites séculiers qui entourent donc Yennayer visent à écarter
la famine, présager de l’année à venir, consacrer
le changement de cycle saisonnier et accueillir sur terre les Forces Invisibles
(les âmes des morts, des ancêtres qui reviennent volontiers
sur terre à cette période critique).
Yennayer 2952 : Selon le calendrier amazigh, le 12 janvier 2002 correspond
au 1er Yennayer 2952. Ce calendrier est en avance de 950 ans. Ce choix du
début du calendrier est relié à la date où un
Amazigh (Sheshonq) est monté sur le trône d’Égypte
(la 22ìème dynastie pharaonique) ; soit en 950 Avant Jésus-Christ.
Ar Tufat Sujet: NNAYER aux Iles Canaries
Auteur : ANZAR
Date :
LA CELEBRACIÓN DE LA ENTRADA EN EL NUEVO AÑO GUANCHE-MAZIGIO
Itri LA CELEBRACIÓN DE LA ENTRADA EN EL NUEVO AÑO GUANCHE-MAZIGIO
PARTICIPA CON NOSOTROS EN LA CELEBRACIÓN DE LA ENTRADA EN EL NUEVO
AÑO GUANCHE-MAZIGIO
viernes 11 de enero 2002 20,30h La Esperanza
YENNAYER 2952
celebración de la entrada del nuevo año guanche-amazighEl
calendario mazigio (=bereber) fija el comienzo del año en la fecha
que coincide con del 12 de enero del calendario gregoriano. Con tal motivo,
en Taknara ( =Canarias ) como en toda TAMAZGHA (=Norteáfrica) celebraremos
el próximo día 11 de enero el final del presente año
2951 y la llegada del 2952.
Igual que en años anteriores, esta fecha se celebra en todo el Archipiélago,
y en Chinet ( =Tenerife) los actos del presente año tendrán
especial relevancia. La Celebración tendrá lugar en la Villa
de la Esperanza el viernes 11 de enero de 2002. Los participantes en el
acto se concentrarán en la plaza de la Villa, ante el Ayuntamiento,
a las 20,30 horas. A continuación desfilarán desde la plaza
hasta la sala principal de «El Bosque». El recorrido se hará
alumbrados por antorchas y acompañados por el sonido de los tambores
y pitos que interpretarán el Tajaraste.
En el transcurso del acto, en el que habrá diversas actuaciones deportivas
y musicales, se hará público el MANIFIESTO DE LA ESPERANZA,
que suscrito por diversas organizaciones culturales, proclama el carácter
mazigio de la población y la cultura de Taknara y reclama el fin
de la opresión colonial (cultural, política y económica)
que imposibilita el normal desarrollo de la auténtica cultura canaria
e impone su modelo imperialista nacional-católico-español
desde los Reyes Católicos hasta el día de hoy.
El acto culminará con un ágape que servirá, como es
tradición en el todo el mundo mazigio, para tener un reencuentro
con las almas de nuestros antepasados y pasar juntos la puerta de entrada
en el nuevo año, al tiempo que renovamos nuestro compromiso de lucha
por nuestra identidad guanche-mazigia.
La participación en el acto será mediante invitación
( que deberá ser retirada con antelación con una aportación
de 1000 ptas. por persona) y la organización del acto, que correrá
a cargo del TAGOROR DE LA TAGMAT GUANCHET, se reserva el derecho de admisión.
DIARIO DE CANARIAS informa de todo lo relacionado con esta celebración
y prepara la trasmisión en directo, imágenes incluidas, a
través de internet de los actos del día 11.
Para cualquier contacto dirigirse a:
E. mail: benchomo@terra.es
teléfono: 922 26 07 40
E. mail: tigzirin@diariodecanarias.com
teléfono 657 54 05 55
VISITA : www.diariodecanarias.com
Sujet : Yennayer au Maroc
Auteur : Ukerdis
Date : 12 janvier, Meknes, Maroc
KAMEL Saïd
Secrétaire Général , Association Asidd, Meknes Maroc…/:…
Le Professeur OUACHI Moustapha donnera un exposé sur le nouvel an
amazigh
ASEGGWAS IGHUDAN IFULKIN AMEGGAZ ------- Tiré de l’ouvrage
de Pierre AMARD,
Textes berbères des Aït Ouaouzguite, édités et
annotés par Harry Stroomer. Édisud, 1997.ÎD N NNAYRAss
nna igan îd n nnayr, iggru gh dujambir. Da ttidunt tmgharin, zêdnt
ibawn. Ddun ijijan s igran, awin d gisn tammayt d zzitun d udâr n
utbir t tmzzûght n tili d lfssâ d txsayt d uqurr. Awin tammayt
d zzit, gnt i làtbat n tgmmi. Asin aqurr d lfssâ d xizzu d
udâr n utbir d tmzzûght n tili, fkn tn i tmgharin.Asint tmgharin
dghayann kullu, zaydnt gis yan waqqa, gnt nn dghayann gh tgdurt, ntta d
ibawn. Gnt fllas aman zîdrnn, ar ingg°a. Ar tassaàt nna
inwa, asint dagh tifiyya d zgzaw mis, gnt stt inn gh tgdurt ula nttat.Tassaàt
nna irâh imnsi, asint d talxca, ar tt cttan kullu ayt tgmmi. Wa nna
gitsn yufan aqurr gh tlxca, nnan as : « Iqqur uxsas nnk ! »
Wa nna yufan aqqa, nnan as : «Îhla yak ssàd nnk ! »
Tassaàt nna ccan, asin yat tmttûst n ughrum. Mmun tt inn gh
tlxca, gn tt inn dar tdârt n tflut, ag gis tns.Asin dagh tagdurt ann
n ûsgâd. Ccn t, ssarn dghayann gh udis nns, g°n, rghn. Zikk,
igh d nkrn, qllbn tamttûst, da gan gh dar tdârt n tflut. Nnan,
igh nn gis ufan kra n ccàr n wulli, nnan ak : « Rant ad darsn
zaydnt wulli gh usgg°as ann». Igh mi gis ufan inzêd n imugayn,
nnan : « Rant ad darsn zaydnt lbhaym. « Igh nn gis ufan inzêd
n ughyu1, ngh asrdun, nnan : « Ran ad darsn zaydn gh usgg°as ann.
« Igh nn gis ufan kra n ccàr izgg°aghn ngh izgzaw, ngh
awragh, nnan : « Ira ad darngh izayd kra n lfrac asgg°as ad. «
Igh nn gis ufan kra n tsttixt, nnan : «Ira a immt kra gisn gh usgg°as
ann. «Ilin dagh wi da iskrn lqaàida yâdnin. Da ttasin
ibawn d yirdn d tmzin d umêsri d ikikr d tniltit. Ssarn tn, ar tn
cttan gh yîd n nnayr. Rghn s lktrt n dghayann ssan. Nnan : «
Ha nn asgg°as ibddl, irgha lhâl, tkka d trghi akal. « Illa
gis 1baàd n isgg°asn, dda d nkkrn, afn d tilist, tqqn asn imi
n tgmmaw.LA NUIT DU PREMIER JANVIERLe jour qui est suivi de la nuit du premier
janvier est le dernier du mois de décembre. Les femmes vont moudre
des fèves. Les enfants vont aux champs et en rapportent du tamaris,
de l’olivier, du pied de pigeon (la fausse bourrache), de 1’oreille
de brebis (une papilionacée), de la luzerne, de la courge et des
figues. Le tamaris et l’olivier sont mis sur le seuil de la maison.
Le reste (figues, luzerne, carotte, pied de pigeon, oreille de brebis) est
donné aux femmes.
Les femmes prennent tout ce que l’on vient de mentionner, y ajoutent
un grain (une datte) et jettent le tout dans la marmite avec encore des
fèves. Elles ajoutent de l’eau douce jusqu’à cuisson.
Une fois tout ceci cuit, elles enlèvent la viande et les légumes
et les mettent aussi dans la marmite.Quand arrive l’heure du souper,
elles sortent cette bouillie et tous les gens de la maison la mangent. Celui
qui trouve une figue dans la bouillie est salué d’un «
tu as la tête dure ! » Celui qui trouve la datte est salué
d’un « ton bonheur est certain ! »Après avoir mangé,
ils prennent un morceau de pain, le trempent dans la bouillie et le déposent
au pied de la porte afin qu’il y reste toute la nuit.On reprend à
nouveau cette marmite et la nourriture (avec laquelle on mange son pain).
Ils mangent de ce plat, le mélangent dans leur ventre, dorment et
transpirent (ils ont chaud). En se levant de bonne heure, ils vont examiner
le morceau de pain qu’ils avaient laissé sur le pas de la porte.
Ils disent s’ils trouvent dessus (collés) quelques brins de
laine de mouton, que les moutons augmenteront en nombre chez eux cette année-là.
S’ils trouvent un poil de bovin, ils disent que ces animaux seront
en augmentation chez eux. S’ils trouvent un poil d’âne
ou de mulet, ils disent que leur nombre augmentera cette année-là.
S’ils y trouvent quelques poils rouges, verts ou jaunes, ils disent
«le mobilier (matériel de couchage : tapis, nattes et couvertures)
sera plus nombreux chez nous cette année. » S’ils y trouvent
quelques crevasses, ils disent que l’un parmi eux mourra cette année.
Il en est qui ont d’autres coutumes. Ils prennent des fèves,
du blé, de l’orge, du maïs, des pois chiches et des lentilles.
Ils en préparent un mélange qu’ils mangent la nuit du
premier janvier. Ils ont chaud à cause de ce qu’ils ont absorbé.
Ils disent : «L’année change, le temps est chaud, la
chaleur monte du sol. » Certaines années parfois, en se levant,
ils trouvent la neige bloquant l’entrée des maisons.Tiré
de l’ouvrage de Pierre AMARD,
Textes berbères des Aït Ouaouzguite, édités et
annotés par Harry Stroomer. Édisud, 1997.
ÎD N NNAYRAss nna igan îd n nnayr, iggru gh dujambir. Da ttidunt
tmgharin, zêdnt ibawn. Ddun ijijan s igran, awin d gisn tammayt d
zzitun d udâr n utbir t tmzzûght n tili d lfssâ d txsayt
d uqurr. Awin tammayt d zzit, gnt i làtbat n tgmmi. Asin aqurr d
lfssâ d xizzu d udâr n utbir d tmzzûght n tili, fkn tn
i tmgharin.Asint tmgharin dghayann kullu, zaydnt gis yan waqqa, gnt nn dghayann
gh tgdurt, ntta d ibawn. Gnt fllas aman zîdrnn, ar ingg°a. Ar
tassaàt nna inwa, asint dagh tifiyya d zgzaw mis, gnt stt inn gh
tgdurt ula nttat.Tassaàt nna irâh imnsi, asint d talxca, ar
tt cttan kullu ayt tgmmi. Wa nna gitsn yufan aqurr gh tlxca, nnan as : «
Iqqur uxsas nnk ! » Wa nna yufan aqqa, nnan as : « Îhla
yak ssàd nnk ! »Tassaàt nna ccan, asin yat tmttûst
n ughrum. Mmun tt inn gh tlxca, gn tt inn dar tdârt n tflut, ag gis
tns.Asin dagh tagdurt ann n ûsgâd. Ccn t, ssarn dghayann gh
udis nns, g°n, rghn. Zikk, igh d nkrn, qllbn tamttûst, da gan
gh dar tdârt n tflut. Nnan, igh nn gis ufan kra n ccàr n wulli,
nnan ak : « Rant ad darsn zaydnt wulli gh usgg°as ann. «
Igh mi gis ufan inzêd n imugayn, nnan : « Rant ad darsn zaydnt
lbhaym. Igh nn gis ufan inzêd n ughyu1, ngh asrdun, nnan : «
Ran ad darsn zaydn gh usgg°as ann. « Igh nn gis ufan kra n ccàr
izgg°aghn ngh izgzaw, ngh awragh, nnan : « Ira ad darngh izayd
kra n lfrac asgg°as ad. « Igh nn gis ufan kra n tsttixt, nnan
: « Ira a immt kra gisn gh usgg°as ann. «Ilin dagh wi da
iskrn lqaàida yâdnin. Da ttasin ibawn d yirdn d tmzin d umêsri
d ikikr d tniltit. Ssarn tn, ar tn cttan gh yîd n nnayr. Rghn s lktrt
n dghayann ssan. Nnan : « Ha nn asgg°as ibddl, irgha lhâl,
tkka d trghi akal. « Illa gis 1baàd n isgg°asn, dda d nkkrn,
afn d tilist, tqqn asn imi n tgmmaw.
LA NUIT DE PREMIER JANVIERLe jour qui est suivi de la nuit du premier janvier
est le dernier du mois de décembre. Les femmes vont moudre des fèves.
Les enfants vont aux champs et en rapportent du tamaris, de l’olivier,
du pied de pigeon (la fausse bourrache), de 1’oreille de brebis (une
papilionacée), de la luzerne, de la courge et des figues. Le tamaris
et l’olivier sont mis sur le seuil de la maison. Le reste (figues,
luzerne, carotte, pied de pigeon, oreille de brebis) est donné aux
femmes.Les femmes prennent tout ce que l’on vient de mentionner, y
ajoutent un grain (une datte) et jettent le tout dans la marmite avec encore
des fèves. Elles ajoutent de l’eau douce jusqu’à
cuisson. Une fois tout ceci cuit, elles enlèvent la viande et les
légumes et les mettent aussi dans la marmite.Quand arrive l’heure
du souper, elles sortent cette bouillie et tous les gens de la maison la
mangent. Celui qui trouve une figue dans la bouillie est salué d’un
« tu as la tête dure ! » Celui qui trouve la datte est
salué d’un « ton bonheur est certain ! »
Après avoir mangé, ils prennent un morceau de pain, le trempent
dans la bouillie et le déposent au pied de la porte afin qu’il
y reste toute la nuit.On reprend à nouveau cette marmite et la nourriture
(avec laquelle on mange son pain). Ils mangent de ce plat, le mélangent
dans leur ventre, dorment et transpirent (ils ont chaud). En se levant de
bonne heure, ils vont examiner le morceau de pain qu’ils avaient laissé
sur le pas de la porte. Ils disent s’ils trouvent dessus (collés)
quelques brins de laine de mouton, que les moutons augmenteront en nombre
chez eux cette année-là. S’ils trouvent un poil de bovin,
ils disent que ces animaux seront en augmentation chez eux. S’ils
trouvent un poil d’âne ou de mulet, ils disent que leur nombre
augmentera cette année-là. S’ils y trouvent quelques
poils rouges, verts ou jaunes, ils disent «Le mobilier (matériel
de couchage : tapis, nattes et couvertures) sera plus nombreux chez nous
cette année ». S’ils y trouvent quelques crevasses, ils
disent que l’un parmi eux mourra cette année. Il en est qui
ont d’autres coutumes. Ils prennent des fèves, du blé,
de l’orge, du maïs, des pois chiches et des lentilles. Ils en
préparent un mélange qu’ils mangent la nuit du premier
janvier. Ils ont chaud à cause de ce qu’ils ont absorbé.
Ils disent : «L’année change, le temps est chaud, la
chaleur monte du sol. « Certaines années parfois, en se levant,
ils trouvent la neige bloquant l’entrée des maisons.Yennayer-------Le
premier jour de l’an, Ennayr ** Mots et choses berbères, de
Emile laoust, , Augustin Challamel-Editeur, Paris, 1926.Au souper de la
première nuit de janvier, les Ntifa mangent, avec le couscous, une
préparation appelée les «sept légumes»(1)
où rentrent sept variètés de plantes vertes telles
que l’artichaut, l’asperge sauvage, le cresson, le chèvre-feuille,
le poireau.Après le repas, il est d’usage qu’une des
femmes de la maison prenne une poignée de couscous et la présente
à tour de rôle à chacun des membres de la famille en
disant : «Tiens, mange.» On doit répondre : «Je
n’ai plus faim!» La même femme dépose ensuite la
boulette sur le montant supérieur de la porte de l’habitation.
Le lendemain, à la pointe du jour, elle l’examine et tire des
présages d’après la nature du crin, du poil, du brin
de laine ou de la plume, que le caprice du vent y a déposés.
Cette coutume a reçu le nom de talkimt n djiwnegh (2)Au cours de
la deuxième nuit, on mange des poules et des oeufs. Il faut que petits
et grands, chacun ait une volaille entière pour sa part. La femme
enceinte en mange une en plus pour l’enfant qu’elle porte en
son sein.Chacun emporte les coquilles des oeufs qu’il a mangés
et les serre dans un nouet fait dans le pan de son vêtement où
elles restent toute la nuit. On les jette le lendemain ; les anciens prétendent
qu’agir ainsi, c’est s’assurer de ne point manquer d’argent
dans le cours de l’année.Il est encore d’usage de procéder
ce jour-là au renouvellement des pierres du foyer. La maîtresse
de maison dit en jetant ses vieilles pierres sur le tas du fumier : «Je
vous change, o pierres, et en apporte de nouvelles dans la paix et la prospérité!»
En rebâtissant son foyer elle prononce ces paroles: «Au nom
de Dieu! veuille, ô Dieu! qu’il soit béni, heureux et
prospère!»Par ailleurs, l’usage d’élever
des bûchers à l’occasion d’Ennayr a été
capté par l’Achoura, qui de même qu’Ennayr, marque
le commencement d’une année. Toutefois, la termilnologie, qui
leur était appliquée, s’est généralement
conservée. On trouve: tabennayut Illaln, Ihahan, Woult, Imettouggan;
tabeliwt, Imesfiwan; tabernayut. Igliwa, Ida Ouzal ; taberninut. Ras el
Oued, tabenrayut, Ida Ou-Kaïs. Parfois même le nom a été
donné à la fête de l’Achoura; celle-ci, en effet,
est appelée : byannu, Todghout, ou tafaska n lalla babiyanu, Ouargla.
Dans ce dernier cas, l’expression paraît s’appliquer à
une vague divinité sans légende. Les Ida Ousemlal, qui nomment
leur feu de joie tamacur’t, disent en le franchissant, comme le prescrit
la coutume: nd’ergh-ak a Bernaynu! Je te franchis Ô Bernainu!L’expression
est particulièrement usitée dans les chants, des paroles rituelles,
sans que les Chleuhs, qui les emploient, puissent fournir, à leur
sujet, quelques indications utiles. Le soir de l’Achoura les enfants
chez les Aït Idaffen, passent de maison en maison en chantant :
Bennayu ! Bennayu !
yan id ur ifkin takedmit niyu d ighsn iyu
ar itz’z’eg taydit, ar isndu gh uh’las !
Bennayu ! Bennayu !Bennayu ! Bennayu !
Qui, ne me donnera ma boulette et mon os,
Traira la chienne, et battra son beurre dans un bât !
Bennayu ! Bennayu !
Ceux de Dadès disent : «Bayannu kerkanu! fk-agh-t-id a lalla!
tcan-agh yurdan; mkagh-t-id ur tfkit, ad am id’er ud’ar n ughul
g terkut!» «Bayannu, kerkanu ! donne-le nous ô lalla ;
les puces nous dévorent ; si tu ne nous donnes rien, que le pied
de l’âne renverse ta marmite !» Dans la province de Demmat,
chez les Infedouaq, en particulier, les enfants chantent, dans les mêmes
circonstances:«tikeddad n acur’ !
«ighs ighs n baynu !»«morceaux de viande desséchée
de l’Achoura, os os de Baino !»Mais là, comme ailleurs,
bainu est un terme incompréhensible pour eux.La même appelation
: baynu et tabennayut, désigne encore, chez les Aït Isaffen,
les baguettes de laurier-rose que les enfants vont couper la veille de l’Achoura,
et dont ils se débarassent ensuite en disant : «mun-d elbas-nnek
a baninu! va-t-en avec ton mal, ô mon Bainu!»L’expression
est également connue des Touaregs. D’après le Lieutenant
Jean, les Touaregs de l’Aïr donnent le nom de byanu à
une fête, qui a lieu le 20ème jour de Moharrem, et dure deux
nuits et un jour. C’est une «fête d’amour»
d’où sont exclus les enfants, les personnes non mariées
et les vieillards. Il s’y déroule des scènes érotiques
qui rappellent celles de la «nuit de l’erreur» des Zekkara
; la «nuit de la confusion» des Bedadoua; la «nuit de
l’an» ou la «nuit du bien-être» des Beni Mhassen
(Branès) ou encore celle du «bonheur» que nous avons
signalée chez les Aït Isaffen. Ajhoutons que chez les Touaregs
de l’Aïr, les garçons nés pendant le mois de Moharrem,
portent tous le nom de Bianno.Par ailleurs, Bennayu, Byanu, tabennayut et
leurs variantes nombreuses, sont fréquemment relevés en toponymie,
et désignent, des villages, des montagnes ou des grottes, qui rappellent,
sans doute, les lieux où les gens, autrefois, avaient coutume de
se réunir pour fêter le Renouveau en allumant d’immenses
feux de joie, et en se livrant, entre eux, dans une promuiscuité
complète, à des scènes de débauche rituelle
et sacrée. Citons entre autres : Tabennayut, nom d’une montagne
qui domine la petite ville berbère de Khenifra, en pays zayan. Des
expressions de ce genre ne sont pas spéciales au maroc. On sait que
les Berbères de l’Aurès appellent : bu-ini, leurs fêtes
d’Ennayr. À Tlemcen, on appelait, il y a quelques années
encore, ddu nom de bubennani ou bumennani, le personnage masqué qui
parcourait, à l’occasion du nouvel an, les rues de la ville,
suivi des élèves des écoles coraniques. Enfin, une
expression qui paraît se rapporter aux précédentes :
mununu, a été relevée, à Rabat, dans les paroles
chantées par les enfants, qui prennent place dans les roues de l’Achoura
(Castels, l’Achoura à Rabat, in Archives Berbères, 1916).C’est
au latin bonus anus que Masqueray a identifié le bu-ini des Chaouia
de l’Aurès. Mais, cette etymologie, admise par Doutté
et Westermarck, s’applique-t-elle vraiment aux différents termes
que nous avons rapportés ! C’est possibles ; en tout cas, on
peut affirmer qu’ils se présentent, dans le vocabulaire berbère,
avec la figure d’étrangers. Sur l’Ennayr, cf. Destaing,
«Ennayer chez les Beni-Senous» in «Revue Africaine, 1905»
; - Doutté, «Marrakech», p. 373-377 ; «Magie et
Religion» 554-550; - Westermarck, «Ceremonies and Beliefs connected
with agriculture, certain dates of the solar year, and the weather, in Morocco».Les
événements qui marquent le premier jour de l’an passent
pour avoir leur répercussion sur l’année entière.
S’il pleut, l’année sera bonne ; parfois même,
pour s’assurer d’une année pluvieuse, on procéde
à des rites d’aspersion d’eau. Ainsi chez les Amanouz,
les gens se rendent au bord des rivières où ils se livrent
au jeu des baignades forcées, comme il est fait, partout ailleurs,
à l’occasion de l’Achoura.L’usage est partout répandu
de tirer des pronostics sur l’année agricole en cours. Chez
les Ibahan, avant de se coucher, les femmes déposent sur la terrasse,
trois boulettes de tagulla correspondant aux trois premiers mois de l’année
: janvier, février, mars, sur lesquelles elles jettent une pincée
de sel, et ce, dans la pensée «d’essayer» la pluie.
L’examen des boulettes leur fournit, le lendemain, des renseignements
sur la nature des événements météorologiques
qui vont survenir : la boulette, sur laquelle le sel est tombé, et
selon les marques laissées par sa fonte, indique, en effet, celui
de ces mois qui sera particulièrement pluvieux.A l’Ennayr,
on formule encore des vux. Les hommes et les femmes vont écouter
aux portes, et tirent, bon ou mauvais augure, des conversations entendues.
À Timgissin, la jeune fille, qui désire se marier, se livre
au même manège en ayant soin, pendant tout le temps qu’elle
opère, de lécher la cuiller qui a servi à remuer la
bouillie.Parmi d’autres pratiques non moins curieuses, signalons que
chez les Aït Mzal, avant de servir la bouillie, on a coutume de jeter
dans la marmite un fels, ou petite pièce de monnaie, un noyau de
datte, aýurmi n tiyni, et un morceau d’écorce d’arganier,
yerg n wargan qui trouvera le fels dans sa boulette sera riche ; celui qui
tombera sur l’écorce d’arganier deviendra pauvre ; et,
qui trouvera le noau de datte sera propriétaire de nombreux troupeaux.
Cette cérémonie fait songer au Gâteau des Rois qu’il
es, chez nous, d’usage de partager en société à
l’Epiphanie-------------------
*) La «nuit de Janvier «id’ n ennayr, porte des noms qui diffèrent selon les régions. Les Aït Youssi l’appellent: asuggwas ujdid «l’An neuf», et, les Aït Seghrouchen, Izayan, Ichqern : id’ n h’aguza «la nuit de la vieille» ; en effet d’après les croyances populaires, un démon, sous les traits d’une vieille, passe, cette nuit-là, par toutes les maisons et par toutes les tentes. Les Aït Waraïn l’appellent : byannu, terme qui se retrouve dans l’expression : bennayu n id’ n useggwas n innayr «bennayu de la première nuit de janvier» par laquelle les ksouriens de Timgissin désignent le feu de joie, qu’ils ont alors l’habitude d’allumer. À Aoulouz, le feu, allumé à la même époque, se nomme : tabennayut.
Notes:(1) Le rituel des fêtes d’Ennaïr, en pays chleuh, apparaît extrêmement réduit. Il est possible qu’un certain nombre de ses épisodes aient été captés par les fêtes musulmanes, en particulier par l’Achoura. D’une manière générale, la fête se résume en un repas copieux suivi de pratiques propres à fournir des pronostics sur l’année nouvelle. On mange de la tagulla, bouillie épaisse qui possède, croit-on, des propriétés fortifiantes: Aït Mzal, Ida Oukensous, Aït Isaffen, Tlit Izenaguen, Idouska, Igliwa, Ihahan, -du couscous à gros grains appelé : berkukes, Illaln - des produits végétaux les fameus « sept légumes », sbâa lxuddari, Tlit ; sat lxudrat, Aït Isaffen -de l’urkimen, préparation composée de toutes sortes de grains cuits avec les pieds de l’animal égorgé à l’Aïd Kebir - des volailles ; mais cette pratique n’est pas généralisée ; chez les Aït Tamemt, l’usage est de manger deux poulets «autant qu’on a d’oreilles».(2) Litt. «la boulette de je n’ai plus faim» de Þyun «être rassasié». On dit, en effet : qui n’est pas rassasié ce jour- là, ne le sera pas de toute l’année : wanna ur-icbâan, ar gis itili ughni ar iduwwur useggwas,Tlit ; winna ur icbâan ghyi n-innayr, ur sar ir icbâ ar-d-isutel useggsas, lllaln
L’ENNAYER CHEZ
LES BENI SNOUS(de Edmond Destaing, in la revue Africaine N° 256 - 1er
trimestre 1905).Nous célébrons au Kef la fête d’Ennâyer
pendant quatre ou cinq jours ; au Khemis, elle dure sept jours, pendant
lesquels, les gens ne mangent que des aliments froids.
Avant l’Ennâyer, les hommes se rendent au marché et y
achètent les choses nécessaires. Ils partent au moulin y chercher
de la semoule. Pendant 5 jours, les femmes vont couper du bois qu’elles
rapportent du Taînet sur leurs épaules. Le premier jour, dès
le matin, les femmes et les enfants vont à la forêt sur les
pentes. Ils en rapportent des plantes vertes : du palmier-nain, de l’olivier,
du romarin, des asphodèles, des scilles, du lentisque, du caroubier,
de la férule, du fenouil, Les femmes jettent, sur les terrasses des
maisons, ces plantes qu’on y laisse se dessécher. Les tiges
vertes ont, en effet, une influence favorable sur les destinées de
l’année nouvelle, qui ainsi sera verte comme elles. Et pour
que l’année soit pour nous sans amertume, nous nous gardons
de jeter, sur nos maisons, des plantes, telles que le chêne- vert,
le thapsia, le thuya, qui toutes sont amères. Les enfants rapportent
aussi, de la montagne, de petits paquets d’alfa sec ;ils se procurent
aussi trois grosses pierres, au pieds des pentes, ils recueillent de la
terre rouge. Ils apportent le tout à la maison. Alors au moyen d’une
pioche, les femmes démolissent l’ancien foyer, enlèvent
les trois vieilles pierres, qui servent de support à la marmite,
et les remplacentPar celles que les enfants ont apportées. elles
détremper la terre rouge dans l’eau, la pétrissent,
en enduisent les pierres du nouveau foyer et laissent sécher jusqu’au
moment de préparer le repas du soir on allume alors le feu avec l’alfa
récoltée sur la montagne. Quand aux hommes ;ils se réunissaient
autrefois, de grand matin, à mzaourou, pour faire une battue. On
en rapportait des lapins, des perdrix que l’on mangeait le lendemain.
De nos jours, on égorge un mouton, une chèvre, pour que les
gens soient pourvus de viande(le second jour de la fête). On mange
aussi des poules dans chaque famille. Alors, on s’occupe du dîner.
Il se compose uniquement de berkoukes. Au fait. Après le repas, on
en place quelques grains sur les pierres du foyer, ainsi que sur les poutres
qui soutiennent le toit. On ne lave pas de plat dans le quel a été
roulé le berkoukes, ni celui dans le quel on l’a mangé,
ni l’ustensile qui a servi à le faire cuir ; on ne nettoie
pas les cuillers ;on ne secoue pas la corbeille à pain, ni l’anfif
(en alfa dans lequel se cuit le couscous). A cette occasion, on fait des(sfenj)crêpes,
et des trid (beignets). On prend des figues, des grenades, des oranges,
des noix. On en fait des colliers, auxquels on ajoute un thaja’outh.
C’est un pain plus au moins gros, au milieu duquel on place un oeuf,
que l’on recouvre de petites baguettes de pâte; on porte au
four beaucoup de ces pains ; quand ils ont cuits, no les retire et on en
fait cadeau aux amis qui en rendent d’autres. Pour faire un gâteau
avec des oeufs, les femmes en cassent vingt ou trente, y mettent du levain,
des raisins secs, du sucre. Lorsque cette pâte a levé, on la
place dans une marmite et on la fait cuir dans de l’huile. On enlève
le gâteau et, après l’avoir laissé refroidir,
on le mange, en compagnie d’invités, avec du pain de froment.
On ne mange pas, ce jour- la, de pain d’orge, mais seulement du pain
de farine de blé. Les femmes ont soin de jeter les coquilles au loin,
afin qu’il n’arrive à personne de marcher dessus. A celui
qui n’a rien, nous offrons des figues des grenades mises en collier,
un petit pain ;de cette sorte ses enfants ne pleurent pas d’envie
en voyant les friandises des autres. Tous les enfants vont jouer sur la
pente des montagnes, ils emportent des crêpes, du pain, des figues
et, quand ils ont bien joué, ils mangent et reviennent à la
maison. Parfois ils vont, quand le soleil est chaud, jusqu’à
la grotte des Ath Moumen. Au moyen d’une tige de férule, les
petites filles font une poupée qu’elles revêtent comme
une mariée et jouent, en chantant, jusqu’au coucher du soleil.
Quand approche la nuit, on fait un lion. deux hommes placés l’un
devant l’autre, la face tournée au sol, se saisissent. Les
jeunes gens vont chercher un tellis dont il les revêtent et qu’ils
fixent au moyen de tresses d’alfa ; on n’oublie pas de pourvoir
le lion des attributs de son sexe. Alors l’individu placé devant
se met à rugir dans un mortier qu’il a à la main. La
marmaille emmène le lion dans les maisons et les tentes, où
il effraie les petits enfants. Les jeunes gens disent aux habitants : «Donnez-
nous pour le dîner du lion». On leur donne des figues, des beignets,
du pain, des crêpes. Tout ce monde vient ensuite au bordj du caïd.
Chemin faisant, le lion danse au son d’un tambourin. Puis on se réunit
dans un endroit voisin de la Taïna ; les jeunes gens se partagent le
produit de la quête, mangent et se séparent après avoir
récité la fatiha. Et comme cette année- ci est sèche,
nous avons ajouté cette prière : «O Seigneur, donne-
nous de la pluie». Après le dîner, le maître de
la maison va vers ses brebis et les appelle ; si elles bêlent, la
nouvelle année sera bonne ; si le troupeau se tait, l’homme
se rend auprès de ses vaches et leur parle ; un beuglement comme
réponse est le présage d’une année passablement
prospère. Si les vaches restent silencieuses, le maître se
dirige vers ses chèvres. L’année sera médiocre
si elles bêlent, mauvaise si elles se taisent. Le lendemain, nous
préparons au village un chameau. On fait un faisceau de perches que
l’on lie avec des tresses d’alfa. On apporte alors une tête
de cheval, ou d’âne, ou de mulet ; on y adapte une branche que
l’on fixe ensuite à l’une des extrémités
du faisceau en question. Trois hommes, masqués par une couverture,
supportent le tout. Cela représente un chameau. dans des raquettes
de figuiers de barbarie, on taille à l’animal des oreilles,
et aussi des yeux au milieu desquels on place des petites coquilles d’escargots.
On fait, de ces coquilles, un grand collier que l’on passe au cou
du chameau. Enfin, on lui ajoute une queue faite d’une branche de
palmier. On le promène ensuite comme on l’a fait pour le lion,
et la marmaille crie : «Donnez- nous à manger pour le chameau
«. On ne revêt pas, pour l’Ennayer, de beaux habits, comme
on le fait un jour de fête. Si l’un de nous veut arriver à
découvrir, dans les broussailles les oeufs de perdrix, il se teint,
le premier jour d’Ennayer, le bord des paupières avec du collyre
; puis, la nuit, se plaçant un tamis sur le visage, il compte les
étoiles au ciel. Cela, afin de renforcer sa vue. Une femme est- elle
en train de faire une natte aux approches d’Ennayer ? Elle s’empresse
de l’achever pour l’enlever du métier avant la fête
; elle détache ensuite le roseau auquel est fixée la trame.
Parfois ses voisines viennent l’aider. Si cette femme, n’enlevant
pas la natte, lui laissant passer l’Ennayer sur le métier,
un malheur surviendrait, qui éprouverait ses enfants, son mari, ses
biens. On agit de même pour un burnous ou une jellaba. Si une femme
n’a pu achever une natte commencée, elle l’enlève
avant l’Ennayer et le fait porter au loin dans la montagne. Puis,
la fête passée, on la place de nouveau sur le métier
et on l’achève. Voilà comment se passe le premier de
l’an chez les Beni Snous. Que cette année soit heureuse pour
vous!
Les renseignements qui
suivent ont été recueillis, en partie dans la tribu des Beni
Snous (cercle de Maghnia et en partie à Tlemcen et aux environs.
Parmi mes informateurs, je remercie tout particulièrement M. Nedjar
Mohammed, ancien élève de la médersa de Tlemcen ;
- MM. Ben Khadda, de Géryville ; Senoussi, de Nedromah ; Daoudji,
de Mazouna ; O. Safir, de Mascara ; Ch. Safir, de Saîda ; Kara et
Hamidou, de Tlamcen ; tous élèves de la Médersa de
Tlemcen ;
- MM. Aît Amer et Ould Saîd, de Michelet, élève
à la Médersa d’Alger.
- Je remercie bien vivement M. Edmond Doutté, professeur à
l’Ecole des Lettres d’Alger, qui, à diverses reprises,
m’a aidé de ses conseils et fourni de précieuses indications
Sur l’Ennâyer, cs. la bibliographie donnée par M. E.
Doutté dans : Un texte arabe en dialecte oranais (Ext. des Mém.
de la Soc. de ling. de Paris), tome XII, p. 15, note 1. Au sujet, de l’origine
de cette fête en Egypte, cs. par Le Caire, 1320, 3 vol., tome 1, p.
175 et suiv. et, Le Caire, 1305, p. 50.
- El’Abdery classe l’Ennâyer avec d’autres fêtes
(telles que) qui on été empruntées par les Musulmans
aux Gens du Livre (Mekbel, p. 175, I. 13). En ce qui concerne l’Ennâyer,
les musulmans d’Egypte auraient imité les Coptes (Medkhel,
p. 176, I. 18), célébrant la fête du Niroûze (Medkhel,
p. 176, I.
13).
- donne une bonne description du Niroûze dans, Le Caire, 1270, 2 vol.,
tome I, p. 493 et 267 et suiv., et des
renseignements sur les Coptes dans le même ouvrage, II, p. 481.
- Sur l’orthographe du mot, cs. Edmond Doutté ; Un texte arabe,
et ouvrages cités, p. 15. Il est écrit : dans Kitab Essousi
p. 50 et suiv. ; en romain, p. 61.
- Sur et cs. Simonet: Glosario de voces ibericas, pp. 608, 610. Le Kef et
le Khemis sont deux villages des Beni Snous.
Yennayer dans les AurèsEn fait il faut distinguer deux fêtes
qui se complètent l’une et l’autre au point de se confondre
parfois dans certaines régions. Nous reproduisons deux textes, l’un
de Lartigue (1904) et l’autre de M. Gaudry (1929).
I / Lt Cl de Lartigue : « Monographie de l’Aurès »,
Constantine, Imp. Marle-Audrino, 1904, pp. 392-.a) Noël
Ce jour-là, les femmes d’une des tribus Roumanya changent une
des trois pierres qui forment le fourneau sur lequel elles font leur cuisine
et renouvellent la terre qui l'entoure. Le lendemain et le jour suivant,
elles remplacent les deux autres pierres. Cette cérémonie
ne donne lieu ni à des chants, ni à des danses, ni à
des visites, ni à des salutations.b) Jour de l’An
Huit jours après, commence la fête de Bou Ini ou Boun-Ini qui
a quelques analogies avec notre bonne année ( ?) Elle a d’abord
lieu au jour dit « Ras Innar », commencement de janvier (1).
On célèbre l’année nouvelle, pendant la nuit
qui la précède, par un repas dans lequel on sert de la viande
et des œufs ; on lave tous les vêtements ; on change tous les
objets usés. On chante et on danse. Le jour est consacré aux
salutations et aux visites ; on continue les réjouissances et les
festins. (C’est à tort, à notre avis, que ces deux fêtes
sont considérées comme reste du catholicisme. Bou Ini est
la fête du piquet et non la corruption du mot : « bonus annus
»).
II / Mathéa Gaudry : « La Femme chaouia de l’Aurès.
Etude de sociologie berbère », Paris, Geuthner, 1929, chapitre
: « Les fêtes religieuses », recueilli, entre autre à
Menaâ, pp. 254-259.a) Bou Ini
Bou Ini est en quelque sorte la préface de Iennar. Que signifie le
terme de Bou Ini ? Aux deux interprétations qui en ont déjà
été données (2), on nous permettra d’en ajouter
une troisième, qui nous semble avoir au moins le mérite d’être
en parfait accord avec les usages pratiqués dans toutes les demeures.
Bou Ini signifie : la fête de la pierre. Bou : terme arabe, a le sens
de père ; ini (pl. inien), mot berbère, désigne chacune
des pierres du foyer et, celles-là seulement.La traduction littérale
de l’expression Bou Ini est donc : le père à la pierre
du foyer. Mai Bou est pris, ici, non dans son sens propre, mais dans un
sens imprécis, comme d’ailleurs dans plusieurs expressions
employées en langue arabe, il désigne la chose dont il est
question. Ainsi, de même que Bou mergoud se traduit par l’enfant
endormi, Bou Ini, le père de la pierre, doit se traduire par : la
fête (ou la cérémonie) de la pierre du foyer ; Bou Ini
est donc la fête du foyer.Bou Ini, qui rappelle notre Noël chrétien,
est, suivant toute probabilités, antérieur à la domination
romaine. Il prélude aux rites de renouveau qui marquent le début
de l’année.Il est connu dans tout l’Aurès, mais
il n’est pas célébré en tous lieux au même
moment : on le fête sept jours avant Iennar à Menaâ,
dans diverses dechra de l’Oued Abdi –notamment à Teniet
el-Abed- et chez les Ouled Daoud ; chez les Beni Bou Slimane, à Tagoust,
à Amentane, il se confond avec Iennar, fête à laquelle
les pratiques qu’il exige se trouvent reportées. L’Aurasienne,
dont la vie se déroule en grande partie autour du foyer et qui est
mise en contact avec lui par nombre de ses occupations, est toute désignée
pour le renouveler et le revivifier. C’est donc elle qui doit accomplir
le rituel de Bou Ini et, pour cela reconstruire et changer l’une des
pierres du kanoun.Dans la plupart des localités, notamment à
Teniet el-Abed, Taghit Sidi Belkheir, Amentane, les femmes recueillent,
où bon leur semble, les matériaux qui leur sont nécessaires.
A Menaâ, au contraire, elles ont coutume de toujours descendre, par
groupes, à la rivière, afin d’y choisir une belle pierre
blanche et de se rendre ensuite au Takaabit Abbouch, petit mamelon situé
près de la cité, pour y ramasser de l’argile (3). Rentrée
chez elle, chacune démolit son foyer, enlève superficiellement
la vieille terre, fait un mortier avec la glaise rapportée, façonne
l’emplacement du kanoun et réinstalle celui-ci, à l’aide
de deux des anciennes pierres
et de la nouvelle. Pour célébrer ce renouvellement partiel
par un acte de bon augure, elle prépare des todfist, les faits cuire
sur le kanoun et partage le premier beignet en plusieurs morceaux qu’elle
jette aux quatre points cardinaux, dans l’intérieur de la maison,
en répétant quatre fois l’invocation consacrée
: « Au nom de Dieu Clément et Miséricordieux »,
afin d’appeler la protection divine sur le foyer et d’empêcher
que, s’introduisant dans la demeure, les jnoun viennent participer
à la collation qui va suivre. Il y a véritablement sacrifice
propitiatoire. Si un animal quelconque – de préférence
un chat ou un chien- se trouve dans la demeure, l’Aurasienne lui donne
une part de Todfist, puis partage les autres beignets entre les membres
de la famille . Chez les Beni Bou Sliman, les femmes ne reconstruisent pas
toujours le foyer, elles se contentent souvent de répandre un peu
de terre sur l’emplacement où se trouve les pierres.
b) Iennar
Le premier jour de Iennar (moins de janvier du calendrier julien) est célébré
dans tout l’Aurès, ainsi d’ailleurs qu’aux alentours
de cette contrée –notamment à Tebessa et Khenchela-
et en d’autres régions de l’Algérie. La fête
commence quelquefois la veille, jour de Mezlegh, par le sacrifice d’une
bête que l’homme égorge, mais qui doit être conservée
intacte jusqu’au lendemain, car il ne faut pas manger de viande ce
jour-là ; les Beni Bou Sliman s’abstiennent également
de dattes : ils disent que les os des bêtes et le noyau de ce fruit
ne doivent être, en cette occasion, ni découverts ni brisés.Mezlegh
est un jour de crainte et de recueillement, considéré comme
funeste à toute entreprise : à un voyage ou un mariage notamment.
Ajoutons que tout tissage, à quelque date qu’il ait été
commencé, devant être terminé pour Mezlegh, la femme
ne manque jamais, quand il est insuffisamment avancé, de recourir,
dans le courant de décembre, à une ahouiza de parentes ou
d’amies et, le travail fini, de démonter son métier
(4), car s’il ne l’était pas avant Iennar, une personne
ou une bête mourrait, l’année durant, dans la demeure.Le
jour de Mezlegh, l’Aurasienne prépare de l’irachmen de
maïs ou de blé et le met sur le feu, où il doit rester
toute la nuit ; l’un des membres de la famille ou chacun d’eux
à tour de rôle veille pour en assurer la cuisson.Le matin de
Iennar, dès que le soleil paraît, le Chaouia et sa femme sortent
de leur maison, emportant l’Irachmen qu’ils vont jeter sur les
arbres de leur jardin, afin que la récolte soit bonne (5). Suivant
les Beni Bou Sliman, l’irachmen a la vertu de féconder la végétation
et de la rendre aussi puissante que Pharaon. Le jour de Iennar est d’ailleurs
appelé : le jour de Pharaon (ass en Faraoun). Selon une légende
qui nous fut rapportée, les Chaouia célèbrent, par
cette fête, la mort de Pharaon, tombé dans la mer, dans un
tourbillon qui tourne encore ; suivant une autre tradition, après
avoir jadis soutenu contre leurs ennemis un combat d’une journée
entière, que rappelle la crainte anxieuse de Mezlegh, ils remportèrent
une grande victoire que commémore la fête de Yennar.Le premier
jour de l’année est regardé comme particulièrement
favorable aux pratiques de la magie ; certaines lui sont même particulières.
Ces sortilèges sont d’autant plus redoutés que l’année
entière est considérée comme étant influencée
par les actes exécutés ou subis à son début.
Aussi les femmes déploient-elles, à cette occasion, toutes
leurs ruses pour réussir leurs maléfices et pour échapper
à ceux qui les guettent. Elles ont notamment l’habitude, on
l’a vu, lorsqu’elles veulent nuire à quelqu’un,
de cacher dans la terre, au seuil de l’habitation ou dans les rues,
des amulettes dont la puissance magique agit sur ceux qui les foulent aux
pieds, mais est anéantie au lever de l’astre ; cela explique
la prudence avec laquelle les Chaouia s’abstiennent de sortir de chez
eux jusqu’à ce moment.La femme étant en quelque sorte
la prêtresse du foyer, c’est à elle qu’échoit
la mission d’accomplir les rituels imposés par Iennar, c’est-à-dire
le soin de dépouiller la demeure de toutes les mauvaises traces de
l’année qui finit et d’achever le renouvellement de l’âtre
commencé à Bou Ini. Elle doit donc assurer le nettoyage méticuleux
du logis, enlever soigneusement la poussière à l’aide
d’une grande palme verte, coupée spécialement à
cet effet, laver vêtements et ceux de ses petits enfants, supprimer
ceux qui sont usés et remplacer les objets abîmés ;
à Tagoust, elle doit même changer les cordes d’alfa tendues
dans la maison.Dans les tribus qui célèbrent Bou ini, elle
change, pour Iennar, les deux pierres qui ne l’ont pas encore été
; en certains endroits, à Chir (Oued Abdi) notamment, on dit qu’il
est de bon augure, ce jour-là, de faire entrer dans la maison des
objets en nombre pair. Ailleurs, la femme renouvelle la terre foyer et substitue
trois nouvelles pierres aux anciennes.Iennar, jour propice aux pratiques
de sorcellerie, est également favorable aux présages. L’Aurasienne
quand elle se rend à la campagne ou au bord de la rivière,
pour prendre les pierres du kanoun Iennar, jour propice aux pratiques de
sorcellerie, est également favorable aux présages. L’Aurasienne
quand elle se rend à la campagne ou au bord de la rivière,
pour prendre les pierres du kanoun, examine l’emplacement sur lequel
elles se trouvent et en tire divers augures. Y voit-elle un ver blanc ?
–un enfant lui naîtra bientôt. Une herbe verte ? –la
moisson sera abondante. Des fourmis ? –son bétail augmentera.
Si elle n’y trouve rien, l’augure lui est défavorable.
Rentrée chez elle, elle a l’habitude, quel que soit le présage
reçu, de tracer une croix verte sur chacune des pierres du foyer
au moment de leur installation, afin, dit-elle, que l’année
« soit verte », florissante. Elle appelle, ainsi, la prospérité
sur sa demeure. La tradition veut également qu’elle orne les
murs du logis de branches de pin ou de chêne.Dans les tribus qui ne
célèbrent pas Mezlegh, le Chaouia doit, le matin d’Iennar,
égorger une bête, car, pour cette fête, tout le monde
doit manger de la viande.
Dès que le kanoun est renouvelé, la femme prépare des
todfist, comme pour Bou Ini et, de même manière, jette le premier
beignet aux quatre points cardinaux, en prononçant la même
formule, puis elle verse dans le feu une cuillère de miel et une
de beurre fondu, sacrifice propitiatoire analogue à celui de Bou
Ini. Toute la famille se réunit alors autour des todfist, que l’on
mange en les trempant dans le miel et dans du beurre fondu. Cette collation
rituelle est suivie d’un repas particulièrement substantiel,
composé de sept mets et comprenant obligatoirement de la viande.La
fête commencée la veille de Iennar dure trois jours ; les hommes
jouent à la cible, en faisant des paris, tandis que les femmes préparent
des mets divers et rendent visite à leurs parents. On ne danse ni
ne chante à cette occasion.Pendant les huit jours qui suivent l’Aurasienne
n’exécute que les besognes obligatoires journalières.
Celles de longue durée, comme le filage, le tissage, de la laine
ou de l’alfa, la fabrication des poteries, sont suspendues. III /
selon Danièle Jema-Gouzon : «Villages de L’Aurès».Aussi,
cette période qui va du début de janbar aux premiers jours
d’iennar (début décembre et début janvier du
calendrier Julien), est entourée de rites nombreux et lourdement
chargés de sens et de symboles.Même de nos jours où
le système symbolique s’effrite dans la dévalorisation
et l’oubli des pratiques séculaires, les paysans continuent
à célébrer respectueusement les fêtes d’iennar.
Comme dans tout pays Aurèsien, la période du changement de
cycle s’entoure de rites précis.Donc, dans cette période
d’iennar où par le terme de «bu ini», littéralement
(fête) « de la pierre du foyer », et à la veille
des festivités, soit le dernier jour de l’année solaire,
est dit «meslegh» ou «mezlegh», (jour de crainte
et de recueillement funeste à toute entreprise écrit Mathéa
Gaudry) et toute activité doit être arrêtée, ce
jour-là, dans les champs et à la maison : les labours doivent
être terminés, de même que tout travail agricole précédemment
entrepris. En particulier, les paysans ne doivent, sous aucun prétexte,
utiliser d’outil aratoire de fer, faute de quoi, dit-on, les terrasses
des jardins s’éroderaient pierre par pierre et s’effondreraient.
Les terres ne doivent même pas être irriguées, car, ce
jour-là et les suivants, l’eau est dite salée et impropre,
en particulier celle du tissage. «On ne doit pas accueillir la nouvelle
année avec le métier à tisser » dit-on les habitants
de la région.Les femmes qui ont encore un ouvrage su le métier
doivent l’achever à tout prix, quitte à y travailler
toute la nuit précédente. Puis, le métier est démonté
et remisé dans la pièce de réserve. Toutes les activités,
intérieures et extérieures, féminines et masculines,
s’arrêtent totalement en ce «jour funeste de meslegh»
- dernier jour de l’année et pour une période variant,
selon les région et les familles, entre trois et sept jours. Tout
se passe comme si, ce jour-là, les hommes vivaient dans l’angoisse
du temps interrompu et symbolisaient cette éventualité mythique
par l’arrêt de toute activité, par l’immobilisation
de la vie sociale et familiale.Le soir de mezlegh, veille d’iennar,
les femmes de chaque maison préparent le repas traditionnel de cette
fête : l’Irashmen, ou sherchem, bouillie de céréales
(blé, maïs) et fèves, exigeant un très long temps
de cuisson.Dés le coucher du soleil, la grande marmite familiale
est mise sur le feu du foyer et les femmes de la maison assureront, toute
la nuit durant, la cuisson du plat traditionnel en se relayant jusqu’à
l’aube auprès de l’âtre.Au crépuscule du
même jour, dans chaque famille, la maîtresse de maison sort,
des pièces de réserve, les meilleurs exemplaires de 7 fruits
: grenades, figues, noix, dattes, amandes, pastèques et abricots,
tous produits cultivés dans l’Aurès et qui seront consommés
le lendemain, jour d’iennar.Le lendemain, tôt dans la matinée,
les femmes se rendent, par petits groupes, sur les berges de l’oued
et en ramènent quatre galets dont trois remplaceront durant les premiers
jour d’ iennar les trois pierres du foyer, le quatrième servant
de pilon. En gage de prospérité et de purification, elles
choisissent dans le lit de l’oued des galets qui ont été
abondamment lavés par les eaux de crue. Sur le chemin du retour,
elles coupent des palmes (Ijridin) et cueillent une herbe appelée
Jinjin.De la source, elles ramènent une guerba remplie d’eau.
C’est alors que la maîtresse de maison remplace les inighen
(pierres) du foyer par les galets ramenés de l’oued. Avec l’herbe
verte (Jinjin) qu’elle a précédemment cueillie, elle
les a décorés d’un motif en croix, évidemment
de couleur verte, afin que l’année soit également verte.
Puis elle dispose sur chacun d’eux un morceau de graisse retiré
la veille des pièces de réserve afin que l’année
qui vient soit une année d’abondance. Ensuite la maîtresse
de maison encense le foyer et l’asperge de poignées d’
irashmen. Elle en jette dans la pièce centrale, dans les quatre directions
cardinales.Alors, seulement, les habitants de la maison pourront manger
la bouillie de céréales et de fèves, irashmen, après
donc qu’en aient été nourris les arbres dans les champs,
les génies gardien du foyer, les réserves de la maison et
le cheptel dans la bergerie, c’est-à-dire, tout ce dont dépendent
l’abondance et la prospérité domestiques.La maîtresse
de maison a, aussi , préparé des beignets, todfist, qui sont
consommés au milieu du jour, en même temps que l’ irashmen,
la viande du sacrifice et 7 fruits retirés, la veille, des pièces
de réserve.
Le soir, la famille réunie autour du foyer renouvelé consommera
la tachekhchoukhth préparée le matin par les femmes de la
maison. Notes :
( ) Il est à noter que les noms de mois du calendrier latin sont
très bien conservés chez les populations de l’Aurès
et parfois moins dénaturés de prononciation que chez nous
(c’est Lartigue qui l’écrit).(2) D’après
E. Masqueray, Formations des cités, Bou Ini est une corruption de
« Bonus annus » ; d’après G. Mercier, Le Chaouia
de l’Aurès, cette fête porte, chez les Ouled Daoud et
les Ouled Abdi, le nom de « idh bou iyni », ce qui signifie
la nuit du piquet, et dans l’Ahmar Khaddou, celui de « idh oubeddel
en iyniin » : la nuit du changement des piquets. (3) NDLR, chez nous,
dans le Belezma, il n’y pas si longtemps (jusque dans les années
50/60), les enfants étaient envoyés, de préférence
vers les rivières et torrents, par leurs mamans pour y ramasser trois
belles pierres, lisses, rondes et bien propres, avec quelques mottes d’herbe
prises sur les berges ou les environs. Mais surtout, consigne leur était
donnée de bien regarder et noter tout ce qu’ils voient et trouvent
en-dessous de chaque pierre soulevée : insectes, vers de terre, moisissures,
etc. Ces signes seront interprétés par la mère du foyer
et seront les présages de l’année à venir.
Quant aux mottes de terre, elles serviront à remplacer l’ancienne
terre du foyer et l’herbe est frottée à chaque pierre
du foyer qui en comporte trois. (4) Chez Les Beni Snous, le métier
doit également être libre pour « Ennayer », cf.
Destaing, L’Ennayer chez les Beni Snous, Rev. Afr., 1905, 69.(5) A
Tagoust, ce rite échoit spécialement aux hommes de la famille.
LA
LANGUE NUMIDE
Par : MOUKRAENTA BAKHTA (
AIX EN PROVENCE - France)
Les habitants de l'Afrique du Nord ont été désigné
sous différents noms, et si nous voulons établir une suite chronologique
à ces derniers, nous verrons que " Libyen " était la
première dénomination, par la suite on leur attribuait le nom
de " Numide " puis " berbère ". Le nom Numide après
avoir désigné tous les habitants de l'Afrique du nord, il ne représentera
plus tard qu'un peuple bien précis.La langue est un outil de communication,
de succession pour les peuples. Les Numides possèdent-ils cet outil ?
Et si il existait,quel serait son Origine ? Et puisque les Numides vivaient
en contact avec d'autres peuples, ces derniers avaient-ils influencé
la langue des Numides ? Le libyque est le nom donné aux parleurs proto-berbères
de l'ancienne Afrique du Nord notamment ceux des Numides.La connaissance de
la langue libyque nous est parvenue grâce aux monuments trouvés
dans différents points de l'Afrique du Nord : en Tunisie, au nord de
l'Algérie, au nord et au centre du Maroc. On peut situer chronologiquement
ces monuments, qui sont pour la plupart des stèles funéraires
entre le IIIe ou même le IVe siècle avant J.-C. jusqu'à
la fin de la domination romaine. Certaines de ces inscriptions datent donc du
temps des rois numides, la majeure partie des monuments proviennent des nécropoles
situées sur le territoire de l'ancienne Numidie.
L'origine de cette langue est encore inconnue. Les études poursuivies
dans ce domaine nous proposent plusieurs possibilités. Certains auteurs
modernes la rattachent aux langues sémitiques, et nous pensons que c'est
en relation avec les Phéniciens, comme d'autres nous démontrent
précisément la ressemblance entre l'alphabet de cette langue et
d'autres alphabets de l'Espagne, et des Iles Canaries. Par contre G. Camps propose
de chercher l'origine de cette langue en Afrique, ce n'est pas sans raison également
que M. Solignac compare les motifs de la station du Kef El-Kherraz aux inscriptions
de Somalie c'est peut-être bien dans cette direction qu'il faut chercher
les origines de l'Alphabet libyque ; il est à retenir que les différentes
inscriptions posent un véritable problème de lecture tant pour
les épigraphistes que les linguistes. Après avoir exposé
ces opinions contemporaines, nous remontons plus loin pour voir la conception
des écrivains anciens et du Moyen âge concernant le libyque. Certains
auteurs anciens nous parlent de la diversité des dialectes, et distinguent
nettement la langue libyque et punique. Pline nous précise que les autochtones
étaient les seuls à pouvoir prononcer les noms de leur pays. Nous
remarquons à travers les écris des textes antiques la difficulté
de compréhension et de prononciation chez ces auteurs anciens surtout
ceux qui côtoyaient les Numides tels que Salluste .
Ibn Khaldoun, auteur du Moyen âge nous rapporte que le roi Ifricos "
lorsque'il a vu ce peuple de race étrangère et qu'il eut entendu
parler un langage dont les variétés et les dialectes frappèrent
son attention il céda à l'étonnement ... ". Un autre
auteur plus tardif, Jean Léon l'Africain nous indique l'existence d'une
écriture africaine, et qui explique sa disparition par l'intervention
romaine. L'existence du libyque comme langue écrite et parlée
permet de dire que les Numides avaient ressenti comme tous les autres peuples
le besoin d'exprimer leurs idées par écrit par le biais d'un alphabet
propre à eux.. Il est à noter que les Numides employaient la langue
punique qui a survécu dans les provinces de l'Est de la Numidie même
après la chute de Carthage. Les preuves de l'emploi de cette langue sont
formelles, que ce soit l'archéologie ou la numismatique. Nous constatons
l'encouragement et l'introduction de cette langue par les rois eux-mêmes
depuis le IIe siècle avant J.-C., tel était le cas pour la langue
grecque qui joua dans le royaume numide un rôle moins important par rapport
au punique. Nous voyons que l'adoption de ces deux langues est un fait logique
vu les relations étroites des Numides avec les Carthaginois et les Grecs.
Bibliographie :
- G. Camps, Massinssa ou le début de l'histoire, dans Libyca, Archéologie-Epigraphie,
VIII, 1960.
- Id, Recherches sur les plus anciennes inscriptions Libyes de l'Afrique du
Nord et du Sahara, dans B.C.T.H, 1974-75.
- H. Basset, Essai sur la littérature berbère, Alger, 1910.
- L. Galand, Les alphabets Libyques, dans Ant.AFR., 25, 1989.
- S. Gsell, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, Paris 1913-20.
- Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de
l'Afrique septentrionale, Paris, 1978.
- Pline, Histoire Naturelle, (Livre V), Belles Lettres, Paris 1980.
- Salluste, Guerre de Jughurta, Paris, 1968.
- Wazzân (Hassan al-) ou Jean Léon l'Africain, Descrittione dell'Africa,
traduction française A. Epaulard, Description de l'Afrique, Paris,1956.